Un des aspects de la mondialisation est certainement le brassage de plus en plus important des populations en sein des différents pays, brassage que l'on retrouve à tous les niveaux,et qui pose le problème auquel cet atelier s'est consacré du "vivre ensemble".
Différents intervenants de tous pays ont participé à cet atelier, les uns venant de pays "riches", les autres de pays plus "pauvres", montrant une nouvelle fois que les problèmes ne se posent pas à la même échelle, selon la richesse du pays.
Ainsi, le norvégien Helge Lunde qui dirige le "international cities of refugee network", a expliqué les moodalités de l'accueil de réfugiés politiques, intellectuels surtou, dans son pays. Prenant l'exemple d'une réfugiée birmane, poètesse, accueillie à Tromso, qui a su s' intégrer à la population en rédigeant et offrant des poèmes à ceux qu'elle rencontrait. Elle s'est aussi intéressée aux Samies, population autochtone du nord du pays; l'exemple n'est pas unique, une yémenite et d'autres encore ont été accueillis, prouvant dans ces cas que le "vivre ensemble" est possible.
Autre exemple de pays riche: les Pays-Bas: Leen Verbeek, commissaire de la Reine dans la jeune province de Flevoland: sa province, conquise sur la mer, est par définition composée de migrants, venant de pays très différents. Il a fallu, là aussi, apprendre à vivre ensemble et cela passe par l' interculturalité, par le droit de vote aux élections locales, par l'accès à tous aux droits sociaux, sans discrimination ethnique. Il voudrait que cet exemple serve de modèle aux autres pays européens, notamment à propos de l'accueil des populations Roms.
Mais les problèmes sont plus complexes lorsque l'on change de continent: en Afrique ou en Amérique latine.
Ainsi, le député camerounais Paul Emah Etoundi, a mis l'accent sur la complexité ethnique de son pays: les partis ethnicistes et régionalistes sont de plus en plus nombreux et remettent en cause la démocratie, déjà fragile.
Le représentant de l' Afrique du Sud- dont je n'ai pas retenu le nom- a lui aussi insisté sur la fragilité du "vivre ensemble" de son pays. Certes les progrès accomplis sont énormes depuis la fin de l'apartheid, mais, si les textes officiels, comme la constitution de 1996, affirme la reconnaissance des mêmes droits pour tous, la réalité est différente pour cette nation "arc-en-ciel." Globalement les Noirs restent majoritairement pauvres quand les Blancs sont riches, voire très riches. Dans ce cas, comment "vivre ensemble" ? comment s'accepter? Pour lui, le chemin est encore long avant d'atteindre la cohésion sociale, pourtant si nécessaire.
Enfin, le colombien Alberto Moreno Pérez a à son tour rappelé que sont pays est composé de nombreuses identités. Si, là aussi, la constitution garantit les droits fondamentaux, la réalité est différente. Il souligne les problèmes entre les communautés ethniques, dont certaines vivent en marge, dans de mauvaises conditions. Il rappelle que beaucoup de personnes ont été victimes des conflits armés, fréquents dans son pays, beaucoup sont "déplacées forcées", d'autres ont disparu . Il souligne le manque d'implication et d'action de l'Etat face à ces problèmes.
S'en sont suivies des questions, pas toujours centrées sur le "vivre ensemble", auxquelles les uns et les autres ont répondu avec plus ou moins de pertinence.
De cette longue matinée, consacrée à cet atelier, on peut dire que le chemin du "vivre ensemble" se pose différemment selon le niveau de développement des pays, qu'il apparaît presque comme un "surplus" chez les uns, quand il est "vital "ches les autres. Mais qu'on ne s'y méprenne pas, de part et d'autre de la planète, ce "vivre ensemble", doit être une exigence. Ce thème avait toute sa place dans ce Forum mondial de la démocratie.