Billet de blog 10 octobre 2012

vincent6769
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A Strasbourg : Symbiose de la démocratie et de l’économie ?

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Ce matin d’automne, lavé et habillé tout propret : direction  Conseil de l’Europe à Strasbourg. Invité à observer le déroulement du Forum Mondial de la Démocratie, ce lundi 8 octobre.

J’ai donc assisté, ce matin à la séance d’ouverture puis à une très intéressante conférence avec pour intitulé : « les marchés ont-ils besoin de la démocratie et réciproquement ? »

Cette question a été balayée dans tous les sens, par les différents intervenants. Au Maroc, au Honduras, en Allemagne ou en Russie, en Haïti ou au Japon, on ne voit pas tout à fait les choses sous le même angle.

La primauté du droit, pas de démocratie sans économie, un marché ne peut être durable sans démocratie, besoin de règles, d’équité, d’émergence de la classe moyenne…

On pouvait clairement comprendre au travers des discours, que pour les pays sous-développés comme Haïti par exemple. Que faire des élections coutaient très cher et que ces dernières favorisaient l'arrivée au pouvoir des cartels. L'accès à la nourriture et à l'eau potable est pour M. Gérard Latortue (ancien premier ministre d'Haïti) dans un processus démocratique, le premier des besoins.

La démocratie c'est la liberté mais sur elle doit se greffer l'équité

Pour les pays d'Amérique latine, le besoin d'équité a été ressassé, en raison de graves lacunes. Ainsi pouvait percevoir, en écoutant entre les lignes, que la corruption était un facteur clé de frein de la symbiose économie-démocratie. M. Aristides Mejia (ancien vice-président de la République du Honduras) précisait que « les marchés ont déstabilisé la démocratie » et que « les économies se sont réfugiées dans les institutions en réaction au néo libéralisme », appauvrissant par conséquent les populations.

Pour le Maghreb, le chef du gouvernement marocain M. Abdelilah Benkirane, rappelait qu'il n'y avait pas de démocratie sans économie prospère et tenait des propos durs envers l'Europe, constatant un manque d'appui de l'Occident dans le développement économique de son pays. Son témoignage, d'une grande humanité, a été salué par l'assemblée à plusieurs reprises. Un discours à bâtons rompus et mais réussi et assumé.

Les pays riches ont tendance à être des pays démocratiques.

M. Alexey Kudrin (ancien Ministre des Finances de la Fédération de Russie), avec un discours honnête, réaliste sur la situation en Russie, a marqué la faiblesse de la classe moyenne et par conséquent le manque de nécessité affirmée de réformes. Pour M. Kudrin « les pays riches ont tendance a être des pays démocratiques ». Pour lui, il est évident que le développement du niveau de démocratie passe par l'émergence de la classe moyenne, ajoutant  encore un constat très significatif, assez libéral, il faut le dire « l'autorité du pouvoir central est une gêne, pour le développement des entreprises. »

Pour le japonais, directeur général de l'institut de la Banque asiatique de développement, M. Masahiro Kawai, l'émergence de la classe moyenne est un des fondements du nivellement de la démocratie. Il ajoute qu'un régime politique stable est la clé d'un système démocratique en état de fonctionner et que l'équité est une obligation, la protection de la propriété intellectuelle et de la propriété privée sont également pour lui des éléments renforçant la symbiose démocratie-économie.

L'Europe, un laboratoire de la démocratie

Wolfgang Schaüble a, quant à lui, pris une position technique et très pro-européenne. Il prône l'interdépendance des systèmes, la planification centralisé par l'état, la mise en place de règles et de limites au niveau des marchés, « la caractéristique de l'être humain est d'atteindre la liberté ultime, mais sans règle cette liberté devient autodestructrice ». La durabilité des marchés passe, pour lui, par la primauté du droit. Enfin sur l'Europe il rappelle que « L'unification Européenne est un processus complexe ; ce rapprochement est la tentative de créer une nouvelle gouvernance. L'état-nation n'est pas la solution, l'Europe est la clé, on peut passer par des erreurs, mais il faut en tirer les enseignements nécessaires »

Ces témoignages sont remplis de bon sens, en fonction du développement de chaque pays, on arrive à appréhender les différents seuils de démocratie, ses faiblesses et ses exigences.

Vincent Gouvion

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