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Billet de blog 6 avril 2008

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L’e-Book sauvera-t-il l’édition ?

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À l’occasion du salon du livre à la porte de Versailles, le monde de l’édition nous a encore fait une démonstration du livre du futur : le livre électronique. Il a aussi le droit à des éloges de la part d’Érik Orsenna dans la dernière édition de Challenge. Chacun nous a présenté son catalogue avec l’appareil qu’il convient d’avoir. L’édition traverse une crise liée à des facteurs différents à ceux de la musique et du cinéma, pourquoi les éditeurs se tournent vers un modèle économique qui n’a pas encore fait ses preuves du côté de la musique et du cinéma. Par prévention répondent en choeur les éditeurs ! Cela voudrait-il dire que les livres sont piratés comme le dernier morceau de Madonna ou le dernier succès du Box Office. Il est vrai que Gallimard a eu une vraie frayeur cet été. Le dernier volume d’Harry Potter a été traduit par un inconditionnel qui n’en pouvait plus d’attendre la traduction officielle et il voulait en faire profiter les autres fans du sorcier à lunettes en le publiant sur le net. Pire, les éditeurs américains du même sorcier ont du faire face à une autre piraterie présente sur les réseaux de « paire à paire » : la numérisation sauvage d’un autre fanatique du sorcier via son scanner. Mais soyons rassuré cela n’a pas fait prendre de l’argent ni à la multimilliardaire qui écrit les livres ni à l’éditeur qui a pu en vendre des quantités suffisantes pour continuer de faire tourner leurs entreprises. Mais, imaginons que l’on fasse pareil avec le dernier Amélie Notomb, Houellebecq ou pire à Mary-Ingins Clark. La menace prête plutôt à rire car ce n’est pas les écrivains contemporains qui sont en danger. Quoi que certains mériteraient d’être piraté pour laisser de la place dans les librairies !

La réelle menace pour les éditeurs est les géants de l’Internet comme Google ou Microsoft qui publient des bibliothèques en libre service avec une autorisation à géométrie variable des ayants droits. Les livres qui sont publiés sont pour la plupart dans le domaine public cela constitue une attaque sur une des grandes ressources de nos chers éditeurs. Les éditions et les rééditions de poche qui sont plus que lucratif et qui représente une manne. Mais essayons de prendre cette menace de piratage au sérieux que vaudrait un tel service de livre électronique.

Il existe un assez grand catalogue, téléchargeable sur votre ordinateur, si lire une revue comme « le Débat » est dans le domaine du possible, lire « la critique de la raison pure de Kant » devient une torture, et tout autant pour un roman. Pourtant cela un avantage pour les personnes qui ont une déficience visuelle : le fait d’augmenter la taille des caractères. Lire un livre devant l’écran de son ordinateur devient fatigant. Du coup les industriels, sentant un nouveau marché s’ouvrir à eux ont sorti des boîtiers avec un écran à cristaux liquides. Le dernier en date a eu l’honneur de faire la une du « monde.fr », il s’agit d’un modèle proposé par Amazon : le Kindle. Celui-ci est symptomatique de la volonté d’un certains nombres d’industriels du secteur de calquer le modèle que représente l’iPod d’Apple et le logiciel iTunes qui ont un écosystème incomparable tant en terme de succès et de rentabilité. Quelle est l’idée d’Amazon ? Amazon, le pionnier du commerce online de produit culturel, propose donc un appareil qu’il facture 399$ (soit un peu plus de 250€) et ensuite un catalogue de livres, de revue, de journaux que l’utilisateur achète à l’unité. Dans le même principe du couple iPod/iTunes, l’utilisateur est verrouillé dans un écosystème car le contenu acheté (du journal New York Times au blog) est seulement visible sur le Kindle. La presse américaine a vite loué la facilité d’acheter et de télécharger un livre (même si elle regrette que le contenu des blogs soit payant). Mais au moment on s’extasie sur le livre du futur se pose la question du marché. Le premier a se poser la question est le PDG d’Apple Steve Jobs, qui en janvier dernier suite à une question d’un journaliste pourquoi Apple n’avait pas sorti le Kindle, Jobs avait répondu qu’il n’y a pas de marché dans le sens où les américains ne lisent pas plus d’un livre par an en moyenne. Ce que le PDG d’Apple ne dit pas ce que son téléphone multimédia permet de lire des BD et qu’il n’est pas fermé à l’idée de pouvoir lire des livres sur celui-ci, et si le Kindle marche, il n’est pas exclu d’en sortir un aussi. La réponse de Steve Jobs est tout de même intéressante pourquoi un Américain qui ne lit qu’un livre par un an se mettrait plus de livre avec un Kindle. Au delà du marché fantôme que représente l’édition numérique, un autre problème est pointé avec le Kindle, l’ergonomie et l’appareil lui même.

Lors d’une conférence sur le « Web 3.0 » organisée par Loïc Le Meur, le designer Français Philippe Starck n’y ait pas par quatre chemins pour parler de cet objet. Outre le fait que le designer trouve l’objet moche et daté en terme esthétique comme le souligne le fait que le « designer qui l’a conçu n’a pas été assez courageux pour s’effacer complètement ». Starck surnomme le Kindle comme « le petit triste » (« the little sad »). L’autre critique porte sur l’ergonomie de l’appareil qui difficile a manipulé avec une forte présence de bouton un peu partout alors que l’ergonomie actuelle tend vers des interfaces tactiles. Le Kindle n’est donc pas une révolution en soit c’est son écosystème qui l’est. La vraie révolution va venir. Cela va être l’émergence du papier électronique, ce papier que l’on voit souvent dans les films de Science-Fiction, ce feuille de papier (qui n’en pas vraiment une) permet des changement en temps réels, cela existe mais irréalisable pour les industriel dans l’état actuel des choses.

Néanmoins ce livre électronique pose des questions que nous ne sommes pas posées jusqu'à présent. Chacun a un rapport particulier avec le livre en tant qu’objet, si la disparition physique d’un disque a été facile à assimiler, qu’en est-il de notre rapport au livre. Peut-on imaginer dans quelque décennie une photo d’un Président de la République derrière une ferme de serveur au lieu de la traditionnelle bibliothèque ? Quelles que soient nos origines sociales, le livre est un objet quasi sacré que l’on range ou que l’on expose pour ne pas l’abîmer, le protéger. Abandonné cet objet est quasi un acte de négation de que représente notre civilisation basée sur la connaissance que nous apportent ces précieux livres quelqu’ils soient. Jeter ce petit objet serait en quelque oublié qui nous sommes, si nous le savons encore vraiment.

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