A quelques jours de la publication du rapport de la Commission nationale du débat public, sur les orientations générales en matière de développement et de régulation des nanotechnologies, le Conservatoire national des arts et métiers consacrait jeudi 8 avril une séance des Jeudis de l'environnement à un retour d'expérience sur les formes de participation du public.
On peut gloser pendant des heures sur la diversité des dispositifs existant ou sur leur efficacité, en termes de retombées sur les décisions publiques ou en termes de satisfaction des participants. Une seule chose est sûre : il n'existe pas de solution-miracle pour associer le public aux prises de décision. Des méthodes ont bien fonctionné dans des contextes donnés, qui prouvent au moins qu’il n’est pas impossible de débattre sereinement en France. Mais il n’existe pas de solution participative délivrable « clés en mains » : une démarche réussie ne saurait faire l'économie d'une analyse minutieuse du contexte dans lequel elle s'insère, des particularités de la problématique qu'elle traite, ni du public auquel elle s'adresse. C'est donc avant tout une leçon d'humilité et de modestie qu'il convient de tirer, pour faire fi des dispositifs trop ambitieux qui, en voulant embrasser trop large, n'embrassent finalement rien du tout.
Mais d'autres conclusions pourraient être faites, suite aux difficultés rencontrées par le débat public CNDP sur les nanotechnologies : si, malgré les moyens considérables investis, ce débat a été mis en échec, n'est-ce pas au fond que le jeu de la participation citoyenne n'en vaut pas la chandelle ? Le gigantesque programme électro-nucléaire français a été mis en place dans les années 60 sans aucune procédure délibérative... et sans rencontrer à l'époque d'entraves et d'opposition. Alors pourquoi ne pas revenir à ces façons de faire, laisser les élites prendre leurs décisions dans leurs coins et ranger définitivement les processus de concertation au rang du folklore ? Alimentée notamment par le grand désarroi des chercheurs et des pouvoirs publics, qui se sont vus littéralement alpaguer pendant les débats, la tentation existe bel et bien aujourd'hui de faire machine arrière...
Mais avant de jeter le bébé avec l'eau du bain, peut-être faut-il rappeler qu'avant d'être perçue comme un problème, la participation des citoyens est avant tout une solution à une autre difficulté : celle de l'incapacité des instances représentatives traditionnelles (Parlement, Conseil économique et social...) à s'emparer et à mettre en discussion les options générales qui engagent notre avenir. A rejeter la solution participative, ce problème reste entier et il est de taille : comment permettre aux décideurs de décider en connaissance de cause et de façon à ce que les citoyens se reconnaissent dans leurs décisions ? Ce n’est certainement pas en restant étanches aux préoccupations et attentes citoyennes que l’on pourra prétendre construire un avenir souhaitable et acceptable...