Billet de blog 29 mai 2012

Marc Antoine Lévesque

Abonné·e de Mediapart

Nuit du 17 mai au 18 mai 2012

Par Louka Lapointe Hénaut  Cela faisait trois mois que j’étais en grève aujourd’hui, une lutte assidue, pour non pas faire un monde meilleur, mais plutôt l’empêcher de se dégrader. Une loi, la loi spéciale 78 vient de paraître et elle devrait être adoptée demain. Je n’en parlerais pas en plus de détails, ce que je lis m’écoeure. Et me voilà, écrivain en devenir qui éprouve un besoin virulent de s’exprimer, mais je ne trouve pas de mots justes pour décrire le sentiment qui s’empare de moi et l’horreur qui arrive.

Marc Antoine Lévesque

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Par Louka Lapointe Hénaut  Cela faisait trois mois que j’étais en grève aujourd’hui, une lutte assidue, pour non pas faire un monde meilleur, mais plutôt l’empêcher de se dégrader. Une loi, la loi spéciale 78 vient de paraître et elle devrait être adoptée demain. Je n’en parlerais pas en plus de détails, ce que je lis m’écoeure. Et me voilà, écrivain en devenir qui éprouve un besoin virulent de s’exprimer, mais je ne trouve pas de mots justes pour décrire le sentiment qui s’empare de moi et l’horreur qui arrive. Il demeure que je dois écrire, alors j’écris les mots qui me viennent à l’esprit. Qui suis-je dans ce Québec effervescent? Je n’ai jamais été parfaitement Québécois, je suis un peu Français, mais pas suffisamment pour n’être que cela, et Ontarien (if I am to be confused, I might as well get lost). Quel genre d’identité dois-je avoir? J’aime ma langue, je ne suis pas souverainiste aujourd’hui, et demain qui sait? Néanmoins, j’ai toujours aimé cette terre qui m’a vu apparaître et je me suis attaché à cette société qui, bien que ne répondant pas à tous mes idéaux, m’a toujours rendu fier d’appartenir à un bastion de valeurs communautaires. Cela s’écroule. Je suis terrorisé. Qu’arrive-t-il? L’histoire m’a parlé d’une révolution tranquille, un peuple qui avait la volonté de sortir de son conservatisme pour construire une société plus égalitaire, et cela sans faire couler plus de sang qu’il n’en fallait. Une révolution presque propre, j’étais fier de cela. On passe notre temps à réécrire une histoire teintée d'oppression, de sang, et de justice. C'est une histoire horrible qui finit bien, mais pourquoi, si c'est toujours la même, doit-on la répéter sans cesse? Le monde souffre d'une maladie, un Alzheimer social qui nous fait écrire une histoire sans pourtant s'en rappeler. Quand est-ce qu'enfin la paix sera un moyen pour obtenir la paix et la bonne volonté le moyen habituel pour atteindre la justice? Humanité, dis-moi ce qui t'empêche de ne point être corrompue. Le fascisme des économistes fait renaître son hégémonie et encore une fois nous devons nous lever pour rappeler aux despotes qu’un être humain à des droits et qu’une société se doit de devenir meilleure. J’ai peur, j’ai de la peine, les coups de matraque que recevront mes camarades, je les sens déjà sur mon cœur. Je n’ai de haine en ce monde pour rien sauf la haine elle-même et je la constate inéluctable et violente. La terre de ce pays que j’aime tant va brûler et trembler à force des coups de marteau que le peuple insoumis et juste devra donner dans le clou de la démocratie sur un gouvernement fait d’un bois trop dur et trop noué. Cette belle démocratie faite d’une charpente que l’on croyait solide va se fendre. Serait-ce une révolution? Nous en avons bien besoin, mais à quel prix? Une génération doit aujourd’hui se lever, mais comment traversera-t-elle cette épreuve? Serons-nous les sacrifiés d’une société trop bornée pour éviter de traîner ses enfants dans la boue? Je suis une jeunesse prise au piège qui, entre l’action et l’inaction, n’a qu’une assurance : des tragédies. They have burned the world and if we can’t save what is left of it, we shall let it fall apart and rise from its ashes like a flamboyant phœnix. L’inaction n’est pas une option, car si nos prédécesseurs n’ont pas su penser à nous, nous nous faisons un devoir fondamental de songer à ceux qui nous suivront. Pour ma petite sœur, pour vos enfants et ceux qui ne sont pas nés, nous marcherons, nous protesterons et, ô malheur, nous frapperons. This idea of violence makes me nauseous, but any form of control upon the people is slipping away. As we face repression, none who holds on to hope will bow. Oui, désormais les têtes de ma génération sont sur le gibet de la liberté. Si vous avez force de colère et de haine, portez ce flambeau obscur pour moi, car je n'ai que des larmes et des paroles à offrir à de telles déceptions. Si le sang doit couler, rappelons à nos rois que jamais la bastille ne fut oubliée et que mes ancêtres français n’omirent pas d’appeler à ce qu’un sang impur abreuve nos sillons. L’étendard sanglant, le carré rouge, est levé.

Louka Lapointe Hénaut, étudiant au Cégep de Saint-Laurent

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