Billet de blog 4 décembre 2008

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Autopsie psychologique: ces psys qui mènent l'enquête après des suicides de salariés

Quand un suicide survient sur le lieu de travail, les directions mettent désormais souvent en place des cellules de soutien psychologique où les praticiens sont avant tout là pour écouter, soulager, déculpabiliser les collègues.

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Quand un suicide survient sur le lieu de travail, les directions mettent désormais souvent en place des cellules de soutien psychologique où les praticiens sont avant tout là pour écouter, soulager, déculpabiliser les collègues.


Avec l'autopsie psychologique, l'approche est radicalement différente. Là les entretiens sont orientés parce qu'ils visent à nourrir un travail d'observation clinique. "Cela passe principalement par une série d'entretiens d'une durée d'environ 1h30 avec les conjoints, la fratrie et parfois les parents du côté familial. Côté cercle professionnel, après avoir regardé le dossier des RH, nous nous entretenons avec une dizaine de collègues de niveaux hiérarchiques différents qui ont été en contact avec la personne à des périodes différentes.

Il est essentiel de pouvoir apporter des éclairages les plus variés sur des tranches de vie, correspondants à des périodes différentes. Une perspective temporelle est indispensable", explique Stéphanie Palazzi, psychiatre IPRP (Intervenants en Prévention des Risques Professionnels) qui a déjà réalisé sept autopsies psychologiques en tant qu’expert Technologia et qui est cofonfatrice d'ICT, une consultation de clinique du travail.


La discipline est nouvelle. Mieux vaut donc la border. "Pour maîtriser l’information et avec l’accord préalable de tous les acteurs,il est précisé dès le départ que les comptes-rendus relatifs à cette autopsie seront oraux. Nous ne remettons donc aucun document écrit aux différentes parties ", indique Jean-Claude Delgenes, le directeur de Technologia, un cabinet qui a déjà mené une trentaine de missions d'expertise post suicides sur les risques psychosociaux à la demande des CHSCT ou des représentants du personnel et de la direction.


La meilleure approche consiste à partir du principe que l'autopsie psychologique ne puisse pas servir d'élément à charge ou à décharge. Surtout qu'il y a pratiquement toujours intrication de facteurs d’ordre personnels et professionnels dans les facteurs de risques repérables dans la vie du salarié qui s'est suicidé.


Une autopsie va apporter entre 10 et 20% d’informations à l’étude globale. Selon Jean-Claude Delgenes, "l'autopsie psychologique ne doit surtout pas se substituer à l’approche globale et socio organisationnelle visant à identifier les facteurs de risques. Elle pourrait même alors être dangereuse dans ces conditions car elle conduirait à une surinterprétation à partir d’un groupe qui ne représente pas toute l’entreprise." Il s’agit donc bien d’aller du général vers le particulier pour revenir au général.

Source : Miroir Social

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