Ce 10 septembre, elles et ils ont été nombreux.ses à braver la pluie et la boue de la fête de l’Huma pour assister au lancement de l’observatoire citoyen de la marchandisation des associations. A la tribune, cinq associations ou réseaux étaient présents : le mouvement rural pour une jeunesse chrétienne (MRJC), la maison commune de la décroissance (MCD), le mouvement pour une économie solidaire (MES), le collectif 21 venu de Belgique, le collectif des associations citoyennes (CAC), tous membres fondateurs de l’observatoire. Certains autres étaient dans le public comme le collectif pour une éthique en travail social, l’association nationale des assistants de service social (ANAS), le collectif avenir éduc. Sylvain Celle, socio-économiste, représentait le conseil scientifique de l’observatoire qui compte aujourd’hui une dizaine de chercheurs et chercheuses.

En guise de lancement, une citation tirée du livre « Réinventer l’association » de Jean-Louis Laville, membre du conseil scientifique, pour planter le décor : « La dépolitisation et la technocratisation des associations sont au cœur du projet théorisé par l’économiste du libéralisme Friedrich Hayek, le désengagement de l’Etat doit être pour lui couplé avec un affaiblissement des collectifs contestataires et leur remplacement graduel par un tiers secteur composé d’associations prenant en charge au moindre coût, écrit Hayek, “beaucoup de choses que nous croyons actuellement devoir attendre du gouvernement”» .
Après la théorie, la pratique : « Nous ne sommes plus financés pour ce que nous sommes mais pour ce que l’on fait », explique Maël Pousset du MRJC qui dénonce la course permanente et le temps fou passé à répondre à des appels d’offre formatés pour des actions à court terme. Luc de Larminat, du MES, rappelait en écho que « la subvention, qui interdit la commande publique et respecte le projet, était le mode naturel de partenariat et de co-construction ». Or, depuis une dizaine d’années, le mode de financement des associations par la subvention ne cesse de reculer. Appels d’offre, appels à projet, appels à manifestation d’intérêt renversent le rapport aux associations. L’investissement à impact social apporte un cran supplémentaire. Sylvain Celle présente l’impact social comme le « cheval de Troie de la marchandisation du monde associatif », en voulant allier retour social et retour sur investissement, en bref rendre rentables des actions associatives. Une « extension du domaine de la marchandise à ce qui ne l’avait jamais été », décrypte Fleur Bertrand-Montembault de la maison commune de la décroissance. Notre observatoire vise - ambitieux programme - à remettre l’économie à sa juste place ; revendiquer avec force la place de l’association et sa capacité à penser le monde hors des seules logiques de marché.

La vidéo du lancement dans son intégralité est à retrouver ici. Plus d’informations sur le site du CAC.