La crise actuelle bouscule l’orthodoxie, les déficits budgétaires hier encore étroitement contraints sont aujourd’hui abordés autrement, il en est de même plus largement des dettes. Soudain les doctrines qui étaient présentées comme des constats objectifs, donc indiscutables, réapparaissent pour ce qu’elles sont, des conventions politiques. La monnaie comme d’ailleurs la terre ou le travail, si l’on reprend Polanyi, ne saurait être une marchandise. Pour lui, qui s’est confronté à von Mises, le prédécesseur d’Hayek, c’est le sophisme économiste consistant à confondre économie et marché qui pose problème.
La solution ne réside pas dans une critique globale de l’économie mais dans une redéfinition de ses contours : il s’agit de se démarquer de la croyance au tout marché et de visibiliser la diversité des logiques socio-économiques réelles intégrant les principes de redistribution, de réciprocité et de partage domestique. Cette perspective analytique rendant compte de la pluralité économique permet de déconstruire ce qui a été désigné comme la rationalité économique et de dialoguer avec les pratiques sociales qui concrétisent l’hybridation entre principes économiques. Dans ce moment d’hésitation entre deux horizons, retour à une recherche forcenée de la croissance ou orientation vers le bien vivre, les associations si elles fournissent un travail sur leurs modèles socio-économiques originaux peuvent alimenter la discussion publique en suggestions pour une transition écologique et solidaire.
