« Oui, nous voulons le mariage et la parentalité pour toutes et tous ! » Par « un groupe de jeunes non organisés pour la circonstance » : Geneviève Augé, Mathieu Béchu, Cyrielle Chatelain, David Drui, Clément Girard, Rémi Guerber, Benjamin Joyeux, Vincent Madeline, Stanislas Mendy, Anthony Poulin, Kevin Puisieux, Marie Toussaint, Rosa Valencia, Grégoire Vialleton.
Nous ne sommes pas un collectif déterminé, nous n'avons constitué aucun groupe de pression afin de défendre nos idées dans le débat citoyen qui anime aujourd'hui notre pays. Pourtant, nous sommes en colère face à ce qui s'apparente à un détournement des idées de notre génération sur cette question de société. C'est à une véritable usurpation d'identité que nous assistons !
Tribune après tribune, prise de parole après prise de parole, des groupes jusqu'alors inconnus s'octroient le droit de parler au nom de notre génération, en défendant des idées conservatrices et d'un autre temps que nous ne partageons pas. Dernier en date, le collectif Génération justice pour tous a été reçu à l'Assemblée nationale par le rapporteur du projet de loi sur le mariage pour tou-te-s. Serait-ce justement parce qu'ils défendent de vieilles idées souvent caricaturales que ces jeunes ont plus droit à la parole que d'autres ? Contrairement à ces farfelus, nous ne nous prétendons pas représentatifs de toute la jeunesse mais nous savons néanmoins que nos idées portent et rassemblent bien au-delà des frontières auxquelles ces ringards nous astreignent.
Notre génération vit des réalités plurielles. Le monde dans lequel nous avons grandi, marqué par l'omniprésence de la crise financière, économique, sociale et écologique, les révolutions du web et Erasmus entre autres, a forgé chez bon nombre d'entre nous une culture d'ouverture, de tolérance et de curiosité. Nous pouvons concevoir que la France et ses valeurs ne sont pas forcément le cœur et le centre culturel de la planète. Nous vivons avec la connaissance d'autres pays, d'autres systèmes sociaux, d'autres modes de vie, qui ne sont pas plus ou moins avancés. Nous ne les jugeons pas, nous apprenons simplement à considérer la différence.
Depuis notre plus tendre enfance, nous avons des ami-e-s homosexuel-le-s reconnu-e-s. Beaucoup d'entre nous ont perdu un père, une mère. D'autres ont connu des séparations parentales, des recompositions familiales. Nous souffrons trop souvent de stérilité ou de cancer, du fait des multiples pollutions auxquelles nous avons été confronté-e-s. Nous ne voulons plus obligatoirement porter un enfant. Certains sont déjà mariés, d'autres ne le seront jamais. Nous avons su devenir des adultes épanoui-e-s. Comment peuvent-ils donc invoquer la « stabilité » contre le mariage universel dans ce monde empli d'incertitudes, dont de nombreuses nous touchent personnellement ?
Dès lors, nous sommes profondément convaincu-e-s que chacun-e doit pouvoir vivre comme il l'entend, tant que cela ne nuit pas à autrui. Nous revendiquons le droit pour nous-mêmes ou pour nos camarades de vivre comme ils l'entendent, de vivre leur amour dans le droit commun ; d'élever des enfants qu'ils aimeront ; de vivre dans une société qui ne les discrimine pas, ne leur jette pas constamment à la figure leur différence qui obsède tant les opposants au mariage pour tou-te-s.
Nous sommes en colère, et nous le disons haut et fort : nous souhaitons ouvrir le mariage et la parentalité pour tous et toutes. C'est une question de liberté, d'égalité, de fraternité. Pourquoi cela vous dérange-t-il tant ?