Billet de blog 24 mai 2013

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L'égalité pour toutes les mères

A l'occasion de la fête des Mères, l’association L’Autre Maman rappelle les difficultés de la situation des mères lesbiennes non biologiques séparées de leur compagne, séparées de leurs enfants. Elle rappelle au gouvernement qu'«un projet de loi “ famille ” doit absolument rester d’actualité en 2013 ”.

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A l'occasion de la fête des Mères, l’association L’Autre Maman rappelle les difficultés de la situation des mères lesbiennes non biologiques séparées de leur compagne, séparées de leurs enfants. Elle rappelle au gouvernement qu'«un projet de loi “ famille ” doit absolument rester d’actualité en 2013 ”.


Le 26 mai, comme toutes les autres mères, nous aimerions avoir le choix : ignorer une fête traditionaliste et commerciale, ou espérer recevoir un poème tendrement maladroit.

Le 26 mai, c’est la fête des Mères, mais nous serons pourtant, et contre notre volonté, loin de nos enfants.

Ces enfants, nous les avons désirés, nous avons pensé et construit leur foyer. Nous avons coupé le cordon. Nous avons, comme tout parent, monté des meubles en kit et repeint des murs. Nous étions présentes, de leur conception à leur naissance, nous les avons accompagnés. Nous avons pensé et mis en œuvre une éducation. Puis, sans qu’aucun cadre légal ne puisse l’empêcher, nos enfants nous ont été enlevés, comme nous avons été enlevées à nos enfants.

Nous : les mamans lesbiennes non biologiques, appelées aussi mamans sociales ou autres mamans.

Séparées de nos compagnes avec lesquelles nous avons partagé une vie de couple et un projet parental commun, nous demeurons les grandes oubliées de la réforme du « mariage pour toutes et tous ».

Cette loi permet d’établir une filiation sociale à travers l’adoption, mais cette adoption n’est possible que dans le cadre du mariage. Or, de par nos situations de couples séparés, nous n’épouserons pas nos ex-compagnes.

Contrairement aux couples hétérosexuels séparés, la loi ne protège donc pas nos enfants et nos familles, ne reconnaissant pas, hors mariage, notre statut de deuxième parent, de parent social.

Le législateur souhaite-t-il que nous choisissions la solution d’un mariage blanc pour adopter nos enfants ? Outre l’absurdité de cette voie, cela impliquerait de rester en bon terme avec son ex-compagne, ce qui, comme pour les couples hétérosexuels, est loin d’être toujours le cas. Après la séparation, certaines d’entre nous ont pu continuer à être parent grâce à un contrat moral passé avec leur ex-compagne, mais cet accord, n’étant pas conforté par un cadre légal, reste néanmoins très fragile. D’autres n’ont pas eu cette chance et se sont vues violemment écartées de la vie de leurs enfants par la simple décision de leur ex-compagne, mère biologique, et donc seul parent reconnu légalement aujourd’hui. Il y a, par ailleurs, un risque non négligeable que nos enfants soient adoptés par les futures épouses de nos ex-compagnes.

Le mariage doit rester un choix, une possibilité parmi d’autres pour faire famille.

Comme pour les couples hétérosexuels, tous les couples homosexuels ne souhaiteront pas se marier, et comme pour les couples hétérosexuels, cela ne doit pas les empêcher de créer une cellule familiale dans laquelle la filiation, établie par la loi, garantit à cette famille les mêmes droits qu’à une autre.

Ce principe de l’égalité entre toutes les familles n’est pas atteint aujourd’hui.

Pour cette raison, la loi « mariage pour toutes et tous » est de toute évidence une loi à minima.

La promesse du gouvernement d’un projet de loi « famille » doit absolument rester d’actualité en 2013 et répondre concrètement à ce vide juridique pour que nos familles soient reconnues et protégées. Il y a urgence tant se jouent aujourd’hui des situations dramatiques, encore tolérées par la loi.

Que le gouvernement aille jusqu’au bout de son engagement afin que nous puissions célébrer en 2014, l’égalité entre toutes les mamans !

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