Ce texte date de 2007. Il conserve plus que jamais son actualité. Jean-Paul Delahaye est alors Inspecteur général de l’éducation nationale, professeur associé à l’Université paris 5. De 2012 à 2014, il est Directeur général de l'enseignement scolaire. Il est notamment l'auteur de « Exception consolante. Un grain de pauvre dans la machine » et de « L’école n’est pas faite pour les pauvres. Pour une école républicaine et fraternelle ». L'article "Condorcet, le républicain pédagogue: un penseur pour notre école d'aujourd'hui" est paru dans la revue de l’Association Française Des Acteurs De L'Education, "ADMINISTRATION et EDUCATION", n° 116, L’élitisme républicain en question, 2007.
"Parler de Condorcet aujourd’hui, c’est aider à faire prendre conscience de la force et de l’actualité des principes qui ont présidé à la création de notre école républicaine. C’est aussi aller contre certaines idées reçues ou caricatures dont on affuble parfois, au nom de prises de position soi-disant « républicaines », les premiers républicains qui ont pensé notre école publique. On peut le relire avec profit ce penseur encore indispensable en 2007 en utilisant principalement deux sources.
Il y a d’une part les idées que Condorcet a émises à l’assemblée législative en 1792, en tant que membre du Comité d’Instruction Publique et rapporteur du projet de décret, qui fixe les modalités de mise en œuvre des idées de Condorcet. D’autre part, ces idées ne sont pas le fruit des circonstances mais elles sont le résultat de plus de vingt ans de réflexion sur l’Education, livrés à la discussion dans ses cinq mémoires sur l’instruction publique, publiés en 1791, et qui donnent le cadre théorique de son travail.
Suivons donc quelques instants la pensée de Condorcet, parce qu’elle est la pensée dont se sont inspirés, au moins partiellement, ceux qui ont construit notre école républicaine et qu’elle peut encore nous servir de repère aujourd’hui.
Cette pensée se développe, en schématisant, en six arguments fondamentaux:
- L’instruction publique est d’abord une instruction civique ;
- L’instruction publique ne peut ignorer la question essentielle des méthodes pédagogiques ;
- L’Etat républicain doit prendre la responsabilité de l’instruction civique ;
- L’Etat républicain doit protéger l’instruction publique par la loi ;
- L’Etat républicain doit associer les parents à l’instruction publique et fixe la répartition des rôles entre l’école et la famille pour l’éducation.
- L’instruction publique n’est pas en situation de monopole..."
Jean-Paul Delahaye conclu son article ainsi: "
Voici donc le message de Condorcet. Si les mesures concrètes proposées par lui à la fin du dix-huitième siècle ont évidemment vieilli, il n’en est pas de même des principes fondamentaux qui ont conduit à imaginer une instruction publique ambitieuse pour tous.
Et si, au bout du compte, cette belle et généreuse formule d’ « instruction publique », que d’aucuns trouvent dépassée, voire ringarde, était une formule révolutionnaire ?"
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