
La croissance est au cœur du programme de François Hollande. Mais quelle croissance ? François Hollande en a défini les contours en réponse aux analyses de l’économiste Jean Gadrey à l’occasion d’une conférence Utopia.
François Hollande n’était pas encore candidat déclaré à l’élection présidentielle lorsqu’il a participé à la conférence Utopia sur le thème croissance/décroissance mais on sait maintenant qu’à cette date il avait décidé de l’être. Ses propos prennent donc, aujourd’hui, tout leur relief .
« Je ne suis pas pour la croissance comme objectif en tant que tel. On doit se placer dans une perspective durable, soutenable » a notamment déclaré François Hollande. Il précise que « pour assurer le progrès, il faut que l’on ne prélève plus sur la nature et que l’on produise autrement qu’en étant prédateur ». Le débat ayant été placé par Jean Gadrey dans une perspective à long terme (10, 15 ans) François Hollande redonne toute sa place à la prospective : « en fonction des objectifs que nous pouvons partager dans une grande démocratie, il appartient à l’Etat de dire aux citoyens, aux entreprises ce que pourrait être le futur de l’économie (…) Je pense que l’on a besoin de savoir secteur par secteur dans un horizon long ce qui doit être soutenu, stimulé, favorisé, accompagné (…) L’industrie n’est pas condamnée, l’agriculture ne va pas forcément continuer à occuper 2% de la population active et les services ne sont pas toujours aussi purs sur le plan écologique et de la création d’emploi qu’on ne le dit ».
L’ex-futur candidat, aujourd’hui Président, souligne la fonction régulatrice de l’Etat qui, par ses propres investissements et par la législation peut organiser la « nouvelle économie». Il évoque également, la redistribution qui « ne doit pas être que monétaire, via la fiscalité, mais doit aussi concerner l’accès aux biens, aux services et à tout ce qui sera amélioration de l’environnement. Pour ne pas ajouter des inégalités».
François Hollande rejoint Jean Gadrey dans sa remise en cause des indicateurs de croissance actuels « qui ne tiennent nullement compte des externalités négatives ». La mesure de la productivité du travail s’en trouve totalement faussée et par là-même la perspective à long terme du « plein emploi de meilleur usage et d’utilité sociale », concept défini par Jean Gadrey que François Hollande reprend à son compte. Un débat à la tonalité écologique et de long terme qui a sans doute manqué à la campagne du nouveau président.