Vivre avec la peur et la mort
- 18 juin 2015
- Par Joseph Confavreux
- Édition : Les débats du Mucem
Le 11 juin dernier, Roberto Scarpinato, magitrat anti-mafia, était l'invité du Mucem à Marseille pour le cinquième temps d’une série de conférences (dont Mediapart est partenaire) autour du thème de "La Peur, raisons et déraisons".
Compagnon des juges anti-mafia Giovanni Falcone et Paolo Borsellino assassinés en 1992, le procureur Roberto Scarpinato est aujourd’hui au sommet du parquet de Palerme, en Sicile. Vivant sous escorte policière permanente depuis plus de vingt ans, il est le magistrat dont les enquêtes ont dévoilé les liens entre la mafia d’en bas, cette mafia traditionnelle dont la violence est mise en exergue, et la « haute mafia », celle de la bonne société, au croisement des affaires économiques et des clientèles politiques, dans une subordination de la première à la seconde.
Dans cette conférence, il revient sur son expérience de magistrat à Palerme. Quand il y arrive, en 1989, un collègue plus âgé l'embarque dans une visite de Palerme, qu'il pense être celle des hauts lieux touristiques de la ville, mais qui en réalité constitué par des étapes sur les nombreux lieux où des homicides se sont déroulés, visant celles et ceux qui avaient tenté de lutter contre la Mafia. Comment faire quand la mort triomphe et que la peur imbibe non seulement les magistrats, les policiers, les habitants, mais aussi les mafieux eux-mêmes ? Le juge observe la progressive mutation des stratégies de gestion de la peur après les massacres de 1992 et conclut sur les "leçons de Palerme".

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