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Billet de blog 14 août 2008

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A Lussas, les corps à l’écran seront très politiques

Trois jours de docus sur le corps, à quoi bon ? Car après tout, c'est toute l'histoire du cinéma qui tourne autour de cela, des corps, des corps, encore des corps à l'écran. Le séminaire d'ouverture des Etats généraux de Lussas, du 18 au 20 août, pourrait bien courir le risque du trop plein, voire de l'incohérence. Une précision, qui devrait rassurer tout le monde : c'est Nicole Brenez qui s'en charge.

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Trois jours de docus sur le corps, à quoi bon ? Car après tout, c'est toute l'histoire du cinéma qui tourne autour de cela, des corps, des corps, encore des corps à l'écran. Le séminaire d'ouverture des Etats généraux de Lussas, du 18 au 20 août, pourrait bien courir le risque du trop plein, voire de l'incohérence. Une précision, qui devrait rassurer tout le monde : c'est Nicole Brenez qui s'en charge.

Cette enseignante en cinéma à l'université Paris-1, spécialiste des cinémas d'avant-garde et expérimentaux, auteur d'études érudites sur John Cassavetes ou Abel Ferrara, a, comme il fallait s'y attendre, singulièrement resserré la thématique, pour mieux la radicaliser. A Lussas, le corps sera politique ou ne sera pas. «J'ai pris cela tout de suite comme une commande politique», explique-t-elle :

Corps malades, clonés, déplacés, exploités : cet itinéraire en 33 documentaires, intitulé très exactement «A propos de quelques regrettables tâtonnements - Corps à corps, le corps filmé», montrera avant tout des corps malmenés, ceux des minorités en tout genre et autres vaincus du capitalisme. Pour se demander, non pas comment le cinéma depuis ses origines représente nos corps, mais comment il participe (ou pas) à une entreprise plus vaste de contrôle de nos sociétés. D'où la question cruciale de la possibilité d'une représentation des corps minoritaires au cinéma aujourd'hui : «Qu'est-ce qu'il nous reste, comme espace?».

Afin de mettre l'eau à la bouche - puisque c'est l'un des objectifs avoués de ces articles d'avant-festival -, Nicole Brenez revient sur trois films/ensembles de films, et autant d'entrées possibles dans son séminaire. Où l'on découvre, en creux, les exigences d'une programmatrice militante, relais inlassable des formes minoritaires, attentive à faire circuler des œuvres très peu vues, presque toutes invisibles dans les circuits commerciaux traditionnels.

1 - Le groupe Cinéthique en ouverture

Illustration 1

Tout commencera, lundi matin, par un film sur la maladie. L'œuvre, tournée en 16 mm, par un collectif mal connu proche du groupe Medvedkine, a pour titre Bon pied, bon œil et toute sa tête (1978).

Nicole Brenez revient sur l'un des piliers de sa programmation : «C'est presque du Michel Foucault illustré» :

2 - Une poignée de films descriptifs sur l'immigration

Illustration 2

Des courts de Sylvain George (on y reviendra), la sensation Mirages, d'Olivier Dury (déjà primé au FID de Marseille) et d'autres titres encore : Lussas se penchera, toute l'après-midi du lundi, sur la grande affaire des corps en déplacement. Plaidoyer «pour une ethnologie des déportés économiques», selon Brenez :

3 - Aux origines du cinéma, le contrôle du corps, déjà
Le séminaire fera également un détour, on ne s'y attendait pas forcément, par Etienne-Jules Marey, inventeur de la «chronophotographie», et l'un de ceux qui prépara le terrain à la «mise au point» du cinéma par les frères Lumière. Justification de ce retour aux sources du septième art : «Le cinéma est né d'une investigation sur le corps» :