Il y a souvent très loin de la coupe aux lèvres. Dans cette concentration de nos sociétés qu'est un festival comme celui d'Avignon, les meilleurs acteurs déclament au chant des cigales et leurs spectateurs en sortent remués, aux rires et aux larmes... Mais les armes sont tombées. Qui s'occupe encore de ceux qu'on veut résolument ou non oublier, ignorer, perdre dans la forêt parce qu'ils nous gâcheraient la fête ?.. La fête à qui ? La fête de quoi ?..
Quelques mots d'une vie
En ces temps où les banques et les assurances, les milieux d'affaires qui régissent le monde font payer aux plus défavorisés leurs crises, leurs pertes et leurs menus profits, n'est-il pas temps de montrer ce qui ne se voit pas ?... ce qui ne se dit pas ?.. ceux qu'on n'entend pas?...
Ce qu'une image raconte
Durant ce mois de juillet où paradent festivaliers, artistes et intellectuels, nous nous efforcerons de fournir un portrait en direct par jour. Le portrait d'un homme, d'une femme qui dira ses envies, ses colères et avec qui on cherchera les intérêts que nous avons en commun. N'importe quel homme ? N'importe quelle femme ?.. Non. Un homme, une femme qui ne se voit pas, artiste de l'ombre, de nos cuisines, des artisaneries non touristiques, qui impriment les documents qui circulent et voyagent sur les panneaux, les tables, le sol et les poubelles, les matineux, les matineuses, qui distribuent des tracts, des rêves, des illusions...
Quelles envies accompagnent mes matins ?
Quelles colères me restent au soir tombant ?
Sur quels intérêts pourrait-on ordonner les jours prochains ?
Voilà : un dialogue suivi. Repris. L'un avec l'appareil, un simple portable, un compact suffisent. Et l'autre avec ses envies, ses colères, ses intérêts. Et il n'y a pas d'intérêt moral ou immoral. Un rêve demande à s'accomplir, pourvu qu'il soit réalisable.
Qu'avons-nous à se dire ensemble ?.. Que pourrait-on faire ensemble quand le monde s'expose en représentation ?
Jean-Jacques M’µ
(ceux qui voudraient photographier un peu de ce monde en refusant toute plainte misérabiliste ou toute surexposition voyeuriste sont les bienvenus. Un projet est en cours, qui devrait devenir un livre d'art à la fin de l'année... )