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Les Invisibles d’Avignon

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Billet de blog 8 juillet 2011

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Illustration 1
Trompe l’oeil dans un quartier populaire d’Avignon © Jean-Jacques M’U

Y a-t-il des signes qui trompent, et d’autres pas ?... Des signes annonciateurs, de catastrophes, par exemple.

Avignon, 7 juillet 2011, 19h. Le défilé a passé et les foules se sont amassées.

Éclatants, les rires ont fusé tout au long du chemin, jusqu’à l’Horloge et par la République, avec des promesses de divertissement. Familles, on vous aime...

Il s’annonce beaucoup de joies, des corps bien (t)racés, d’affriolantes lignes incurvées, puis, surtout, des mines lugubres très lugubres et de très fières fières ingénues : il se présente au regard des titres qui accrochent, il se déclame au passage des textes qui formulent. Enfin, de quoi largement changer nos visions du monde entre puissants prédateurs voraces et fragiles proies faciles (et si graciles, si graciles, oh !... qu’on s’y laisserait prendre).

Devant le théâtre municipal (tout un symbole !) où il y a même du monde au balcon, les marchands se sont étalés : il ne sera pas dit que seuls les produits auront dérivé – après tout, pourquoi les limonadiers ne feraient-ils pas tourner leurs manèges ? Il ferait bon voir que les têtes ne (se) soient pas diverties pendant les périodes de crise ; personne n’a demandé de quoi les têtes seraient pleines. Vague écho des propos de la maire se réjouissant du “salutaire sursaut” de sa ville après l'annulation de 2003.

Illustration 2
Tournez manèges © Jean-Jacques M’U

Des clochards et leurs chiens s’ébrouent, une vieille habitude sous le soleil : il y a des moments où l’on s’enjambe machinalement ; on peut tout à fait se traverser sans se voir. Il y a une dizaine de centres sociaux et d'hébergements précaires dans la ville : deux mondes se côtoient. Sans se voir !... À l’occasion, les clodos interpellent un passant, les flics interpellent les clodos, chacun vérifie que l'ordre des choses est immuable, ça soulage ou ça sécurise, et tant pis pour les contacts à nouer autrement, personne ne va changer le monde tout seul. « Dégage !... » Une catastrophe atomique ne changerait rien entre nous. Que s’est-il donc passé depuis l’an dernier ?

Rien. Strictement rien.

L’an dernier était officiellement consacré à la pauvreté et à l’exclusion ; cette année au partage des cultures, sans doute. Ça aura dû se jouer quelque part loin d’ici, dans quelque hôtel de luxe, entre un maître des puissances d’argent et une misérable, mais c’est si éloigné de nous !... On est préservé, personne ne joue Le Roi s’amuse ici.

Devant le Palais des papes, la statue de l’éléphant a été enlevée. On ne veut plus voir les grosses masses tenir sur le fin équilibre d’une simple trompe, Monsieur Barceló.

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