Une réunion extraordinaire du CE de l’Obs s’est tenue jeudi 29 juin : l’ordre du jour en était « Prochaines étapes de la réorganisation de la rédaction ». Cet intitulé, faisant suite à l’annonce, la veille, de l’arrivée de Matthieu Aron comme directeur adjoint de la rédaction, ne laissait en rien présager les annonces qui y ont été faites.
En lieu et place de « réorganisation », il s’agissait pour la direction d’annoncer « un plan d’économies de 5 millions d’euros qui comprendra nécessairement une réduction de la masse salariale [actuellement de l’ordre de 20 millions d’euros] » en « privilégiant les départs volontaires ».
Le climat à l’Obs est depuis des semaines électrique : motion de défiance vis-à-vis de la stratégie de Matthieu Croissandeau, directeur de la rédaction, votée à 80% le 12 mai ; incompréhension de l’ensemble du personnel face au licenciement brutal d’Aude Lancelin, directrice adjointe de la rédaction, le 25 mai ; grève d’une journée au site internet à la suite du refus d’embaucher en CDI une salariée présente depuis un an et demi dans l’entreprise et de l’annonce de la suppression de son poste ; débrayage par deux fois des salariés de l’Obs ; disparition de O ; arrêt de la vente de TéléObs avec l’Obs en kiosque (il est désormais réservé aux seuls abonnés) ; le site Rue 89 privé de la moitié de ses salariés...
Cette annonce de plan de départs volontaires, qui intervient dans cette période troublée et à la veille des vacances, alors que cinq jours plus tôt, vendredi 24 juin, un comité d’entreprise a eu lieu où ce plan n’a pas été évoqué, est un signal catastrophique envoyé aux salariés. La direction dit élaborer pour septembre une nouvelle relance du journal et mettre en place une réorientation éditoriale du web. Mais les salariés sont depuis des mois dans l’attente de l’annonce d’une stratégie éditoriale claire et forte.
Ce plan devrait se concrétiser rapidement selon la direction, c’est-à-dire, à l’automne.
Les salariés réunis en assemblée générale ce midi (30 juin), ont pointé les erreurs stratégiques accumulées depuis deux ans, date du rachat de l’Obs par le trio Bergé-Niel-Pigasse (qui contrôle la société Le Monde libre, elle-même propriétaire du journal Le Monde) qui n’a jamais investi dans le magazine.
La direction lance des projets qui sont abandonnés au bout de quelques mois ou qui ne voient même pas le jour. Elle navigue à vue, ce que dénonçait une motion votée par le CE au mois de mai : « Face aux choix stratégiques de long terme, la direction paraît tétanisée, tandis que, dans sa gestion à court terme, elle prend au contraire des décisions précipitées, brutales et qui déstabilisent profondément les équipes. » Des équipes qui, elles, s’investissent, malgré cette absence d’orientation claire : en particulier au site Internet, toujours sans directeur de la rédaction, où, après avoir mis en place une formule magazine, on revient à l’actualité en temps réel ; au service technique du web, où six développeurs sont partis sur une équipe de dix (dont le responsable)...
Les salariés veulent savoir où ils vont et ne pas payer les pots cassés d’un manque de stratégie, dénoncé depuis longtemps par les instances représentatives.
Le personnel, les élus et les syndicats sont « Obs Debout ».