Billet de blog 2 mars 2009

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«Mare Nostrum»: l'Outre-mer, enjeu du Grenelle de la mer

Le 27 février, le ministère de l'écologie a lancé l'idée d'un «Grenelle de la mer» devant aborder les questions de pollution, de pêche, de transport maritime, etc. Sans évoquer la spécificité française, qui avec l'Outre-mer, possède la seconde façade maritime au monde. Par Roger Bambuck et Pierre Larrouy

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Le 27 février, le ministère de l'écologie a lancé l'idée d'un «Grenelle de la mer» devant aborder les questions de pollution, de pêche, de transport maritime, etc. Sans évoquer la spécificité française, qui avec l'Outre-mer, possède la seconde façade maritime au monde. Par Roger Bambuck et Pierre Larrouy

Pour Roger Bambuck, ancien ministre, ex-délégué à l'outremer à l'Institut de recherche pour le développement, et Pierre Larrouy*, économiste et ancien conseiller à la présidence de la Polynésie française, cet oubli, au moment même de la révolte antillaise, est symptomatique d'une attitude défensive, alors qu'il faudrait précisément placer les outre-mers au cœur du processus.

Illustration 1

La position du gouvernement est-elle suffisamment nette en ce qui concerne le dispositif du Grenelle de la mer annoncé ? Vendredi 27 février sur France 2, Chantal Jouanno, Secrétaire d'Etat à l'écologie, n'a pas mentionné les outremers alors que, comme les Romains s'enorgueillissant de leur « Mare Nostrum », elle ne manquait pas de rappeler que la France était la seconde étendue maritime au monde. Le communiqué de presse du ministère était plus complet et ajoutait: « avec ses DOM et ses TOM ».

Faisons crédit au gouvernement d'annonces et de rencontres parallèles qui insistent sur le rôle que doivent jouer les outremers dans cette seconde phase du Grenelle de l'environnement.

L'importance de l'enjeu est telle que nous devons nous interroger sur le cas d'école qui se présente pour prouver que le message des luttes sociales actuelles en outremer a été entendu.

L' initiative française d'un Grenelle de la mer sans les outremers réduirait une grande idée à un mini Grenelle du littoral hexagonal.

Le Grenelle de la mer doit introduire les questions d'insularité, le devenir des populations et leur développement dans des espaces clos. D'autant plus que rien ne peut échapper à la mondialisation et à la responsabilité collective.

Le Grenelle de la mer comporte une diversité de pans qui peut faire craindre une trop grande lourdeur ou la pollution de certains dossiers par d'autres. L'axe qui concerne le littoral, la pêche et les problèmes de pollution maritime comporte des points de vue qui sont potentiellement conflictuels. Il serait regrettable que des polémiques n'en viennent à occulter la nécessité de l'innovation, de la recherche, et l'espoir d'opportunités inédites.

Dans un tel contexte, il convient de préciser les choses. L'ampleur du cahier des charges du Grenelle de la mer permet aisément aux politiques de justifier de la prise en compte anticipatrice de toute question spécifique. Mais personne n'est dupe, les éclairages médiatiques et l'action puissante des lobbies focaliseront l'attention, le jugement des résultats et, in fine, les mesures concrètes, sur quelques grands thèmes conflictuels. Pour éviter cet écueil il faut un parti pris stratégique. Les outremers apportent au dossier la dimension humaine dans ses singularités en évitant le risque mécaniste.

Notre parti pris se trouve au confluent des trois questions de société suivantes:

  • Quelles perspectives nouvelles pour les outremers dans des liens choisis et réactualisés avec la France et l'Europe ?

  • Quelle dimension envisagée pour croiser les défis de l'outremer, de l'écologie et des politiques de relance qui respecteront l'intérêt général et l'efficacité économique ?

  • Quelle place pour ces défis dans une nouvelle donne de sortie de crise européenne ?

Le Grenelle de la mer est perçu par les premiers commentateurs comme une action défensive fondée sur la crainte. Au contraire il faut être offensif en s'appuyant sur la confiance dans les outremers et leurs populations.

Il ne s'agit pas d'un processus d'association des outremers mais de faire de celles-ci le pivot du projet.

Nous avons la certitude que la recherche permettra d'enrichir la connaissance et de déboucher sur un savoir partagé générant des réponses capables d'enrayer durablement les processus de destruction,capables de développer des potentialités économiques nouvelles pour riposter à la crise.

Ceci conduit à rompre avec des habitudes ancrées de relations hiérarchiques et duelles qui ont conduits au gaspillage financier, au gâchis sociétal, au malentendu.

Des pôles de complémentarité, par la mise en commun de potentialités et par la dynamique spécifique associée au 'faire ensemble' seraient à même de constituer les bases d'une réelle communauté d'avenir.

Roger Bambuck et Pierre Larrouy viennent de créer l'association « 4 Océans, l'avenir » pour défendre les idées avancées dans cette tribune.

* Auteur de Tract pour une économie cohésive (Florent Massot Ed.).

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