L'artiste plasticien et chroniqueur Pierre Raterron, responsable culture au Parti socialiste européen, nous a adressé ce texte sur la réforme des retraites et l'attitude du gouvernement.
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Dans cet atmosphère délétère où se complet le gouvernement, où les propos «off record» sont les plus médiatisés, où tout arrive à se savoir (heureusement) en dépit des effets d'annonce, des démentis et des promesses-kleenex du candidat Sarkozy, devenu le «shrunk president» (président rétréci , ainsi que le surnomment les Britanniques), il est salutaire de revenir à ce qui est concret, c'est à dire à quelques réalités qui démontrent que cette fameuse réforme des retraites est profondément injuste:
Certes, une réforme des retraites est nécessaire, tout le monde s'accorde sur ce point, mais pas menée à la hussarde, en préférant les consultations aux concertations, sans réels débats, sans possibilités de choix, en une marche forcée pour accomplir le «grand œuvre» du quinquennat de Nicolas Sarkozy...
Quand un pays exprime son refus par des revendications, par des manifestations répétées d'une telle ampleur, il n'est pas acceptable que ce refus soit jugé avec mépris comme étant «la rue»...A ce point, cela relève de l'autisme !...L'obstination, maintes fois déclarée, du chef de l'Etat et de son gouvernement, devient une posture «jusqu'au-boutiste», indigne de responsables politiques d'une nation!...
Prétendre qu'il faut présenter un handicap de 10 à 20 % pour bénéficier de la clause de pénibilité, relève d'une vision bureaucratique de la santé que la médecine du travail dément quotidiennement...
Réserver aux femmes des modalités de retraite qui aggravent leurs conditions au travail, déjà désavantagées par rapport aux hommes, à qualifications égales, c'est aussi une vision bureaucratique générée par une misogynie persistante... Et ce ne sont que deux points de cette «méforme» des retraites qui en comporte bien d'autres toutes aussi injustes vis-à-vis des classes moyennes et des moins favorisés.
Dans la confusion des genres où se débat le gouvernement, ses membres sont plus préoccupés de connaître leur sort après le «rechapage» prévu pour octobre, puis novembre et repoussé (sait-on jamais?...) à Noël par le Président de la République, capable de le présenter comme un cadeau fait aux Français!...
Mépris pour la protestation populaire, autisme, mais aussi cynisme caractérisé... La preuve en est cet amendement voté au Sénat stipulant qu'en 2013, un autre système de retraites devra être étudié, dont «la retraite à points, qui a fait ses preuves...» dixit le rapporteur UMP!... Or la retraite à points est l'une des pistes que propose le parti socialiste.
2013, c'est un an après l'élection présidentielle. Est-il sûr de gagner en 2012? Pas certain, quand il se regarde dans la glace en se rasant... Mais c'est un joueur cynique, on peut même l'imaginer: «Si je gagne en 2012, on remettra en chantier les retraites et si je perds, les socialistes se débrouilleront !... En attendant, cette réforme va permettre de combler les déficits les plus criards...» En définitive, cette méforme des retraites est indigne car jouée sciemment sur «impair et passe...»