«Il n’y a rien à attendre de ce gouvernement qui ne compte ni ministère ni même secrétariat d’Etat dédié aux droits des femmes», rappellent Marie-Arlette Carlotti, responsable du pôle «égalité femmes-hommes» de l’équipe de campagne de François Hollande, et Fatima Lalem, adjointe au maire de Paris, après les propos de Claude Guéant devant l'UNI.
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Toujours prêt à chasser sur les terres de l’extrême droite, le ministre de l’intérieur a estimé ce samedi que «toutes les civilisations ne se valent pas»en donnant comme exemple, pour justifier son utilisation de la rhétorique lepéniste, la place des femmes au sein des différentes sociétés.
Ce n’est pas la première fois quela droite au gouvernement instrumentalise les femmes ou qu’elle confond sciemment les peuples et leurs régimes politiques pour satisfaire à de minables calculs électoraux. Le débat sur l’identité nationale, prétexte à tous les amalgames et dérapages, en a été l’une des illustrations les plus malheureuses.
Si Claude Guéant se préoccupait sincèrement des droits des femmes, il aurait pourtant nombre de raisons de s’indigner sans, par ailleurs, jeter, comme il se plaît à le faire, nos compatriotes les uns contre les autres.
Pourquoi le gouvernement auquel il appartient ne s’est-il pas exprimé quand Marine Le Pen a attaqué frontalement le Planning familial et prôné le déremboursement de l’IVG ?
Pourquoi ce même gouvernement est-il resté sans réaction devant les provocations des militants intégristes manifestant devant l’hôpital Tenon pour intimider les femmes souhaitant avorter ?
Pourquoi n’a-t-il pas poussé le Président de la République à agir pour que, quarante ans après la loi Veil, le droit des femmes à disposer de leur corps ne soit plus un parcours du combattant tandis que les fermetures des centres IVG se multiplient sur notre territoire ?
Pourquoi aucun ministre n’a jamais exprimé sa préoccupation face à la précarisation rampante des femmes ou aux inégalités salariales entre les femmes et les hommes qui se perpétuent et se creusent ?
Pourquoi aucune personnalité de droite n’aincité le ministre de l’éducation nationale à appliquer la loi de 2001 sur l’éducation à l’égalité et à la sexualité pour lutter contre les stéréotypes sexistes dans les établissements scolaires ?
Pourquoi toute la droite s’est-elle tue quand les nouveaux amis libyens du Président de la République ont réintroduit la Charia comme loi essentielle de leur pays ?
Pourquoi aucun ministre n’a eu a contrario un mot pour soutenir les très nombreuses femmes qui, au Maghreb et au Machrek, sont descendues dans les rues et se sont mobilisées, au cours des mouvements révolutionnaires des derniers mois, pour promouvoir tout à la fois la démocratie, la laïcité et l’égalité des droits ?
La réponse à ces questions, celles et ceux qui sont attachés au principe constitutionnel de l’égalité entre les femmes et les hommes la connaissent déjà.
Ils savent bien qu’il n’y a rien à attendre de ce gouvernement qui ne compte ni ministère ni même secrétariat d’Etat dédié aux droits des femmes.
Pas plus que les précédentes, cette énième tentative d’utiliser les droits des femmes dans le seul but de stigmatiser, de diviser et d’affaiblir notre modèle républicain ne fonctionnera pas.
Alors que les droits des femmes n’ont jamais autant régressé depuis trente ans que sous ce gouvernement, ce ne sera pas sur ses déclarations mais sur ses actes que le pouvoir en place sera jugé.