Billet de blog 6 juillet 2012

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Le renouveau politique passe par l'exemplarité du PS

L'association Renouveau PS, c'est maintenant, née dans les Bouches-du-Rhône, déclinera une série de propositions afin de lutter contre le « fléau du clientélisme » au sein des fédérations socialistes et du parti lors d'une réunion publique samedi 7 juillet à Aix-en-Provence (1). Selon eux, ces pratiques doivent être considérées « comme un cas manifeste de financement illégal par une instrumentalisation de fonds publics ».

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L'association Renouveau PS, c'est maintenant, née dans les Bouches-du-Rhône, déclinera une série de propositions afin de lutter contre le « fléau du clientélisme » au sein des fédérations socialistes et du parti lors d'une réunion publique samedi 7 juillet à Aix-en-Provence (1). Selon eux, ces pratiques doivent être considérées « comme un cas manifeste de financement illégal par une instrumentalisation de fonds publics ».


« Le courage, c’est de chercher la vérité et de la dire; c’est de ne pas subir la loi du mensonge triomphant qui passe, et de ne pas faire écho, de notre âme, de notre bouche et de nos mains aux applaudissements imbéciles et aux huées fanatiques. »
Jean Jaurès à Albi, 30 juillet 1903

Jamais, notre parti ne s’est trouvé dans une telle situation. Nous venons de gagner les élections présidentielle et législatives. Nous disposons d’une majorité au Sénat et nous gérons la majorité des collectivités locales, conseils régionaux, départements et grandes municipalités. Avec de tels atouts, notre parti est en capacité de répondre aux défis avec le souci constant de la justice. Nous sommes conscients de l’impérieuse nécessité de réussir.
Parmi les attentes de nos concitoyens, nous avons encore beaucoup à faire pour les réconcilier avec la vie publique. Nous avons affiché des objectifs ambitieux, en matière de parité, de renouvellement, de non cumul de mandats, de rénovation du fonctionnement de notre parti.
Des résultats ont été atteints mais la demande de nos concitoyens va croissante. Avec la crise, la lutte contre les injustices et les passe-droits revient avec insistance dans leurs préoccupations. Si la politique n’est pas un coupe-file, il convient de remettre au cœur du débat une république garante, à tous ses niveaux, du respect de l’intérêt général.
Le président de la République issu de nos rangs l’a bien compris. Il a affiché sa volonté de changement de l’organisation de notre vie démocratique tout comme sa fermeté à l’encontre de ceux qui abusent de leurs prérogatives. De ce chantier, il a fait un objectif, sous l’appellation d’exemplarité, qui vise aussi bien l’individu que le collectif.

Clientélisme politique


Ces derniers mois, un point commun est apparu dans les attaques liées au fonctionnement d’un certain nombre de nos fédérations. L’argent public doit aller à l’intérêt public. Aussi, appelons un chat un chat. Nous devons désormais considérer le clientélisme politique comme un cas manifeste de financement illégal par une instrumentalisation de fonds publics, quel que soit le niveau et les modalités de leur mobilisation. Les fonds publics ne peuvent plus servir d’instruments au service d’ambitions politiques personnelles.
Face à l’un des principaux maux de la politique française, il nous faut savoir poser des règles institutionnelles qui empêcheront à l’avenir la multiplication de ces formes féodales du pouvoir qui vont à l’encontre de notre pacte républicain. Ce chantier, nous devons le conduire avec d’autant plus d’acuité que la chronique des «scandales» politiques, régulièrement alimentée, noircit notre horizon de militants politiques. Nous le savons, les sondages, l’abstention, le vote extrême sont là. La vie politique n’a pas bonne presse.

Notre parti


Donner collectivement un contenu politique à l’exemplarité est une garantie qui renforce notre parti dans sa capacité à porter des projets ambitieux et à faire valoir sa crédibilité à gouverner. Plus nous serons exemplaires, plus nous serons en capacité de convaincre nos concitoyens. Cette pédagogie active repose sur nos pratiques et nos responsabilités individuelles dont les conséquences sont toujours collectives. Quand un problème se pose, c’est non seulement notre parti qui est visé, mais aussi l’ensemble de la République. Un renouveau de la vie politique française est donc de notre responsabilité.
Trop souvent, le militant confronté à des pratiques clientélistes se trouve face à un dilemme insoutenable qui le fait osciller entre loyauté, défection et prise de parole. Ne mésestimons pas les ravages de ces dilemmes vécus qui affaiblissent notre parti quand rien n’est fait actuellement, ni pour en parler, ni pour trouver les voies de sorties.
Pour l’élection majeure de notre vie démocratique, les primaires ont amené une pratique révolutionnaire, transparente qui empêche désormais de pouvoir faire valoir ses ambitions dans un cadre clientéliste. Ce qui s’est déployé au plus haut niveau, doit pouvoir se déployer aux autres. Aussi dans les fédérations concernées, il est important que nous puissions résolument aller vers de nouvelles pratiques qui tirent les enseignements des efforts entrepris pour remédier au système clientéliste.

Nos propositions pour remédier au fléau du clientélisme

Les quelques points ci-après ne sont aucunement révolutionnaires. Tout juste peut-on considérer qu’ils transgressent des pratiques installées et nécessitent d’atténuer les frontières entre élus et adhérents, entre ceux qui sont informés et ceux qui ne savent pas. Nos propositions s’articulent sur une importance accrue donnée au débat et une pratique d’ouverture plus grande du Parti sur la société. Pour remédier aux formes variées de clientélisme politique, il s’agit désormais de traduire au niveau de notre parti l’exemplarité que François Hollande a mise au cœur de sa campagne :
• permettre en toutes circonstances aux adhérents du parti socialiste de s’exprimer sans contreparties personnelles, au nom de nos idéaux, avec la perspective de l’application stricte des décisions de la Convention sur la rénovation ;
• appliquer la limitation du nombre d’adhérents dans une section pour ne jamais aller au-delà de 150 ;
• obtenir l’engagement des candidats, comme des élus, de mettre en débat dans leur collectivité un règlement qui encadre et rende transparente leur action dans les procédures d’attribution de logements, mais aussi de recrutement et d’avancement des territoriaux et assimilés ;
• inventer des formes nouvelles de vie partisane ouverte aux nombreux courants de la société où les sympathisants puissent trouver leur place et franchir naturellement le cap de l’adhésion ;
• dans cet esprit favoriser au niveau fédéral des formes d’échanges, de concertation, de primaires qui permettent au parti d’être en phase avec une société de la connaissance moderne, rajeunie, féminisée, enrichie de multiples apports ;
• à cet égard, engager au plus vite des débats publics sur les sujets politiques au coeur des préoccupations du pays et de ses territoires.

L’emploi, le logement et la jeunesse sont des thèmes incontournables tout comme les grands enjeux territoriaux. C’est le rôle premier d’une fédération qu’ils soient désormais partagés par le plus grand nombre. C’est la meilleure des garanties pour que les décisions soient prises au nom de l’intérêt général.
Au niveau de chaque fédération, le ou la première(e) fédéral(e) doit désormais être choisi comme un(e) primus inter pares (le supérieur et le collègue) pour sa capacité à incarner cet esprit d’indépendance ouvert sur le monde du travail, riche d’une expérience à l’intérieur et à l’extérieur du parti.
A l’intérieur, il est ainsi indispensable que puisse être mise en œuvre de façon effective et permanente la haute autorité chargée de faire respecter les règles d’éthiques et de droit qui s’imposent au parti socialiste et à ses adhérents. Il est essentiel afin d’éviter les situations de blocages qu’ont pu connaître certaines fédérations, que les adhérents, peu connaisseurs des arcanes du Parti, aient le sentiment de réellement pouvoir être entendus et considérés.
A l’extérieur, cet effort sera d’autant mieux reconnu, que nous proposons, par la loi, d’instaurer dans la nouvelle étape de la décentralisation voulue par le président de la République, la nécessité de systématiquement évaluer la compatibilité de chaque dépense opérée dans le cadre des compétences générales, au regard de l’intérêt général.
Par ces mesures, nous proposons de traduire dans les actes le diagnostic de la Convention sur la rénovation : la rénovation du pays et la rénovation du Parti socialiste sont intimement liées.

L’exemplarité, pour quoi faire ?

En période de crise, le danger du simplisme guette, tout comme celui du populisme. L’histoire comme les pratiques récentes montrent que nous ne sommes jamais durablement protégés de ces errements. Dire que l’on doit tout à son parti n’est qu’un viatique sans effet sur les pratiques. Instaurer une culture où le clientélisme n’aura plus sa place, permettra de faire de l’exemplarité un moyen de conquête politique.
En période de crise, Pierre Mendès-France nous enseigne l’absolue nécessité de dire la vérité aux Français et de ne pas cacher les efforts que nous devrons collectivement assumer. Le sentiment que nous prenons la mesure des efforts à opérer, des changements de comportements et de pratiques, en faveur d’une ouverture sur la société, fera du Parti socialiste un parti attractif au plan des valeurs. A chacun, tenté par la défection, sachons expliquer que la caporalisation n’a jamais été une valeur socialiste.
Plus nous serons collectivement exemplaires, plus nous serons en capacité de rendre son attractivité à la vie politique et, ce faisant, de faire reculer l’abstention et de contrecarrer la montée de l’extrême-droite.
La réussite future du Parti socialiste, le rayonnement de nos idées de progrès nécessitent une volonté politique forte, le respect de règles connues de tous, un profond renouvellement des pratiques et des hommes. Nous y sommes préparés. Ne doutons pas une seule seconde que les adhérents du parti, à l’instar de nos concitoyens, le réclament avec force.

 (1) Cette contribution thématique au prochain congrès du Parti socialiste sera présentée au cours d'un débat public qui réunira élus, militants, acteurs associatifs, syndicaux en lutte depuis plusieurs années contre le clientélisme. Hôtel Royal Mirabeau, 10 rue Jean René Guillibert Gauthier de la Lauzière, Aix-en-Provence, samedi 7 juillet à partir de 10h45.

Signataires
Pierre Orsatelli (adhérent PS Marseille -13), Paul Archiapati (adhérent PS Marseille -13), Edouard Baldo (adherent PS Aix-en-Provence -13), Yacine El Mosslih (sympathisant PS Marseille -13), Laurent Lhardit (adhérent PS Marseille -13), Marc Pagano (sympathisant PS Marseille -13), Fabien Perez (secrétaire de la section PS de Pertuis-84)

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