Billet de blog 8 décembre 2010

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La République menacée par l'occitan?

Suite à la décision du tribunal administratif de Montpellier de faire retirer le panneau en occitan à l'entrée de Villanovà de Magalona, Jean-José Juan, vice-président de l'Institut d'études occitanes de l'Hérault, interpelle les élus de la République dans une lettre ouverte afin que «cesse toute hypocrisie» et que les «élus osent enfin aller au bout de leurs promesses».

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Suite à la décision du tribunal administratif de Montpellier de faire retirer le panneau en occitan à l'entrée de Villanovà de Magalona, Jean-José Juan, vice-président de l'Institut d'études occitanes de l'Hérault, interpelle les élus de la République dans une lettre ouverte afin que «cesse toute hypocrisie» et que les «élus osent enfin aller au bout de leurs promesses».
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La plainte déposée par le Mouvement républicain de salut public pourrait laisser penser que l'occitan menace la République. L'objet du délit? La mise en place, par la commune de Villeneuve-les-Maguelone, d'un panneau portant le nom de la ville en langue d'oc, Villanovà de Magalona, juste en dessous du panneau officiel en français. L'affaire pourrait prêter à sourire si le tribunal administratif de Montpellier n'avait pas statué en exigeant la mise en conformité au code de la route, en particulier en procédant à l'enlèvement desdits panneaux !

Les médias régionaux et nationaux (presse, radio et infos télévisées) ont largement fait écho à cet événement, aussi il m'est apparu nécessaire aujourd'hui de faire le point et de vous faire part des suites qu'il convient de donner à cette affaire.

Il n'est pas dans mon intention de mettre en cause le tribunal administratif, il n'a fait qu'appliquer la législation, et donner une interprétation radicale de certains textes, mais il conviendra de faire évoluer la législation pour éviter à l'avenir de telles absurdités.
«Le français est la langue de la République», c'est la Constitution qui le dit et nous ne saurions le remettre en cause, de même, il est acté que «les langues régionales appartiennent au patrimoine de la France». Cependant quelques restrictions relatives à la législation et à la réglementation ont justifié les conclusions du tribunal administratif.

La France est bien timide, elle fait encore partie des rares pays qui n'ont pas encore ratifié la charte européenne des langues régionales ou minoritaires.
Membre de l'Institut d'études occitanes depuis plus de trente cinq ans, et initiateur de cette opération dès 1992 avec l'aide de mon ami Claude Molinier, le premier panneau bilingue posé fut celui de notre ville, Béziers. Depuis, cette démarche effectuée avec l'accord du conseil général de l'Hérault a rencontré un certain succès et a été poursuivie par les instances fédérales de notre association sur l'ensemble des départements occitans.

C'est une façon de renouer avec une culture qui a façonné le pays et fait partie de son patrimoine, c'est aussi le point d'ancrage avec une identité en une période où les gens ont besoin de repères.

Il s'agit par cette signalisation bilingue d'affirmer notre identité, notre originalité, notre art de vivre. Chaque région de France peut prétendre la même chose sans que l'unité de notre pays en souffre. La diversité de nos cultures est une richesse et une chance.
Que serait notre pays si du nord au sud nous avions le même accent, les mêmes plats, les mêmes histoires? Ce serait bien triste, c'est comme si nous n'avions qu'un seul fromage...

Alors soyons heureux de cette diversité, elle donne plus de saveur à nos rencontres et favorise les échanges dans un respect mutuel.

Cependant, la décision du tribunal administratif de Montpellier pourrait actuellement faire jurisprudence et menacer les démarches entreprises non seulement par les Occitans mais aussi par toutes les autres cultures régionales du pays. Alors, il y a urgence à réagir, le danger vient des jacobins de tout poil.

Les Occitans, mais aussi les Bretons, les Catalans, les Alsaciens, les Picards, etc. Tous ceux qui constituent une France avec des accents, des coutumes, des langues et cultures différentes qui lui donnent un attrait et une saveur particulière attendent d'être enfin écoutés et respectés!
Il existe, paraît-il, un groupe interparlementaire qui se serait ému de ce dernier avatar. Que font-ils pour qu'enfin nos langues régionales disposent d'une loi claire et précise afin que nous ayons un cadre législatif indiscutable, qui ne laisse aucune interprétation litigieuse? Qu'il se manifeste enfin et laisse la politique aux vestiaires pour d'autres débats, le temps presse ! Nous interpellerons donc directement les parlementaires sur ce sujet.

Que nos élus osent enfin aller au bout de leurs promesses et que cesse toute hypocrisie !

Nous attendons une réponse et des actes ...avant 2012.

Jean-José Juan, vice-président de l'Institut d'études occitanes de l'Hérault
Béziers, le 26 novembre 2010

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