Billet de blog 11 mars 2010

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Avec le PSG, Paris entre soufre et gâchis

Le club fête cette année ses 40 ans, rappelle David Alphand, conseiller UMP de Paris (XVIe arrondissement). L'occasion, selon lui, de sortir un nouveau plan de jeu, avec une meilleure intégration dans la vie locale, sportive, économique et sociale... et sans les hooligans.

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Le club fête cette année ses 40 ans, rappelle David Alphand, conseiller UMP de Paris (XVIe arrondissement). L'occasion, selon lui, de sortir un nouveau plan de jeu, avec une meilleure intégration dans la vie locale, sportive, économique et sociale... et sans les hooligans.

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« Le foot, c'est pas la guerre ! » Sauf à Paris. Le récent « clasico » PSG-OM l'a encore une fois prouvé. J'y étais. La défaite la plus cruelle ce soir-là, le PSG ne l'a pas subie sur la pelouse. Mais aux abords du stade et dans ses tribunes. La porte de Saint-Cloud et celle d'Auteuil sentaient le soufre. Si ce n'était pas de la guérilla urbaine, c'était bien imité.

Comment en est-on arrivé à ce point ? Trop longtemps, la violence des virages du Parc des Princes a été tolérée. Elle passait pour un élément de folklore pittoresque, partie intégrante du match. Presque un article d'appel, pour certains dirigeants en mal de marketing viral. Mais voilà, le virus a grandi. Il s'est lové au fond des Kops, pour devenir désormais un cancer qui étend son ombre sur toutes les tribunes.

La situation est grave. Le malade, depuis des années fiévreux et continuellement en proie à l'autodestruction, voit son état empirer à vitesse grand V. Les symptômes s'accumulent : un actionnaire désemparé, un président désenchanté, un public en désamour. Sans parler des joueurs, désorientés...

Faut-il, pour autant, se résigner au gâchis et abandonner à son triste sort un club aujourd'hui en perdition ? La capitale mérite un club, un grand club. Il serait erroné de négliger l'importance d'une équipe professionnelle de très haut niveau à Paris. Le football est plus qu'un jeu, et mieux qu'un marché juteux. Facteur d'intégration, il tient toute sa place dans la mécanique complexe de la cohésion sociale. Face à l'individualisme rongeant les grandes agglomérations urbaines, il représente un élément d'identité fort où peuvent encore se retrouver toutes les couches, des plus populaires au plus aisées. En ce début de XXIème siècle, le Parc des Princes peut se réinventer comme lieu d'un « melting pot à la parisienne ».

Pour une fois, l'argument social se trouve d'ailleurs renforcé par les considérations économiques. Car une équipe de haut niveau crée de la richesse, par ses produits dérivés et les activités connexes qu'elle suscite. Autant de gagné pour Paris et son agglomération ! Surtout, le PSG constitue un capital immatériel inestimable par l'image qu'il véhicule de la ville. A l'heure où celle-ci cherche à protéger son nom sur Internet, il serait pour le moins paradoxal qu'elle ne se soucie pas d'un tel vecteur de communication. Barcelone, Madrid ou Manchester l'ont bien compris, qui jouissent d'une formidable notoriété jusqu'en Asie et bien supérieure à leur seul rayonnement économique ou culturel. Partout à l'étranger, le PSG... c'est Paris.

Il faut donc « sauver le soldat PSG » ! Au-delà des nécessaires remises en cause sportives, le « plan de jeu » nécessite du souffle politique et l'effort sera collectif, ou ne sera pas. L'urgence réside naturellement dans la sécurité à rétablir autour des matchs. L'écrasante majorité des supporters du PSG n'ont rien à voir avec les quelques dizaines ou centaines de hooligans fauteurs de troubles. Pour la tranquillité des premiers, les seconds doivent être « extirpés » des Kops et encourir de très sévères peines. Les moyens existent (videosurveillance, arsenal législatif...), ils doivent être encore renforcés.

Toutefois, pour renaître, le PSG devra également se montrer plus attentif à sa bonne insertion dans le tissu de la ville et de l'agglomération. Fêtant cette année ses 40 ans, le club arrive à l'âge de maturité avec une responsabilité quasi institutionnelle : développement des activités pédagogiques et d'insertion autour des valeurs du sport, approfondissement des liens entre le sport professionnel et les amateurs, intensification de la politique de détection des jeunes talents dans les quartiers... Cette mission constitue plus que la simple contrepartie de la subvention annuelle de 2 millions d'euros accordée par la Ville de Paris. Elle renvoie à l'ambition même du club : être aimé. Or, en amour comme en football, pour recevoir... il faut d'abord savoir donner.

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