Billet de blog 12 mars 2010

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Bagnolet et la méthode Karcher

Caroline Mecary, avocate, et Séverine Tessier, fondatrice d'anticor, candidate Europe écologie à Bagnolet (Seine-Saint-Denis), reviennent sur l'explusion des habitants du «92 rue Victor-Hugo», et font des propositions pour le logement en Ile-de-France.

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Caroline Mecary, avocate, et Séverine Tessier, fondatrice d'anticor, candidate Europe écologie à Bagnolet (Seine-Saint-Denis), reviennent sur l'explusion des habitants du «92 rue Victor-Hugo», et font des propositions pour le logement en Ile-de-France.

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Fallait-il ou ne fallait-il pas expulser les habitants du 92 rue Victor-Hugo à Bagnolet (Seine-Saint-Denis)? Pour nous et pour Victor Hugo, la réponse est clairement non et nous condamnons fermement ce qui s'est passé, pour au moins trois raisons.


Tout d'abord, la méthode policière employée est en elle-même choquante car elle a été faite à la demande d'un élu, dont l'attache politique revendique la solidarité et l'égalité.
Ensuite elle est totalement inamissible à cette époque de l'année, qui est celle –doit on le rappeler– de la trêve hivernale.
Enfin et surtout, elle est inadmissible car l'élu, commanditaire de l'opération quasi militaire, n'a nullement prévu un relogement immédiat et décent des personnes expulsées. Hélas, elle illustre une logique très inquiétante à propos de la politique immobilière de nos villes soumises à spéculation foncière et risquant d'en perdre une vraie maîtrise.


Les citoyens doivent être informés qu'une expulsion sous couvert de protection d'occupants qui seraient en danger du fait de l'insalubrité de l'immeuble sert exclusivement les intérêts prédateurs des promoteurs immobiliers (une filiale d'un groupe de la grande distribution attend que le terrain se libère pour construire).


Les citoyens doivent être informés que, pour justifier cet acte politique autoritaire, le maire a osé dire que les occupants seraient des délinquants, des voyous, des voleurs, trafiquants de drogues et autres prostituées, rejoignant une rhétorique de droite à laquelle le PCF ne nous avait pas habitués. Si cette assertion avait été vraie, comment se fait-il que le maire ne soit pas intervenu pour que la police fasse sont travail et arrête ceux qui transgressent la loi ? Que font les autorités publiques concernant le trafic de drogue, qui mine quotidiennement la vie des habitants de cités comme celles du haut Bagnolet, ceux qui n'osent plus sortir après 21h00 sur le plateau des Malassis, HLM, dans un quartier abandonné qui n'aspire qu'à revivre et à se développer ? Mais non, c'est tellement plus simple de se débarrasser de la « chienlit ».


Les citoyens doivent être informés qu'après une semaine de manifestations, la préfecture a d'abord proposé des hôtels dans le Val-d'Oise, au lieu d'hébergements hôteliers disponibles du même type existant à Bagnolet. Qui croit-on leurrer avec une telle méthode ? Evidemment que cela pose d'énormes difficultés pour les occupants qui travaillent et qui sont des « sans titre donc sans droit », comme les a désignés un adjoint au maire lui aussi PCF, car il s'agit toujours de chasser au loin ces pauvres que nous ne saurions voir.

Les citoyens doivent aussi être informés que la municipalité a voté, il y a quelques semaines, un 21 décembre, une somme de décisions lui permettant la réalisation d'opérations urbaines de plusieurs dizaines de millions d'euros pour construire par exemple un bel édifice administratif ou valider un projet de téléphérique, alors que dans le même temps elle vient de licencier plusieurs dizaines de vacataires employés communaux pour éviter la mise sous tutelle de la ville. On est bien en présence de choix et à cette échelle, il s'agit de choix politiques, que nous ne partageons pas.


En vérité, pour nous, l'expulsion des occupants du 92 rue Victor-Hugo à Bagnolet illustre tout simplement la méthode «karcher» revendiquée par le candidat Sarkozy en campagne et qui est désormais faite sienne par un maire communiste ! Quel glissement ! Quelle perversion de cette gestion qui se dit de gauche ! Voilà que Bagnolet ressemble à ces villes dans lesquelles il reste des «parts de marché» immobilier à conquérir, et que cette conquête se fait au mépris de toute justice sociale.


Pour contrer cette dérive, pire cette trahison politique, il est impératif de remettre le droit au coeur des projets d'aménagement de nos villes si nous ne voulons pas en perdre la maîtrise publique et démocratique. Il est impératif de redonner au citoyen la parole qui lui a été confisquée par des élus, que la fonction a dévoyés. L'expulsion des occupants du 92 rue Victor-Hugo est un comportement aux antipodes de notre engagement à Europe Ecologie, où nous voulons mettre en œuvre, dans la région, avec les moyens de la région, une autre politique du logement durable et non jetable, c'est-à-dire vraiment accessible à tous.


Nous nous engageons à doubler le budget logement de la région car nous devons nous donner les moyens de réussir. Nous nous engageons à ce qu'il y ait ZERO logement vacant, grâce à la mise en œuvre de la loi Dalo par le pôle Justice que nous créerons à la région. Nous mettrons en oeuvre une politique spécifique à destination des sans logements. Nous nous engageons à construire 100.000 logements. Nous nous engageons à l'acquisition de 50.000 logements nouveaux. Nous nous engageons à la rénovation de 200.000 logements. Nous nous engageons pour l'avenir de chacun et un logement pour tous.

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