Homophobie, racisme, xénophobie… Pour Jean-Philippe Magnen et Matthieu Orphelin, élus Europe Ecologie les Verts, la majorité doit cesser de multiplier les dérapages nauséabonds à l'adresse de l'électorat d'extrême droite, et redonner sens et profondeur au débat politique.
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Cette rentrée exhale décidemment quelques relents nauséabonds. La polémique sur la «théorie du genre sexuel» exposée dans les nouveaux manuels scolaires de première en sciences de la vie et de la terre en est le dernier exemple en date. Les députés UMP et centristes qui s’élèvent contre ces manuels confondent manifestement science et ordre moral… Et quelle morale! Comment ne pas voir, derrière ces réactions offusquées, bien plus que la réserve de Pères la pudeur? En niant la dimension culturelle de l’identité sexuelle, en l'installant comme sujet de débat, la fameuse Droite populaire et ses affidés flattent évidemment les tentations homophobes de certains de ses sympathisants. Un dérapage? Allons donc, ils sont quatre-vingts députés à s'être mobilisés, à peine mis à distance par le gouvernement. Le dérapage est si bien contrôlé qu'il confine à l'acte stratégique mûrement réfléchi.
Un autre de ces dérapages est la sortie malencontreuse d'Alain Marleix, qui n'est rien moins que député et ancien sous-ministre du gouvernement Fillon, à l'égard de Jean-Vincent Placé. L'ironie stigmatisante contenue derrière l'expression «notre Coréen national» ne ressort pas seulement de la bourde langagière. Outre l'insupportable quolibet ad hominem, outre la remise en cause blessante et profondément déstabilisante adressée à tous les enfants adoptés et leurs parents, il faut y voir l'expression d'un jugement de fond sur la qualité de qui est français ou pas, "bon" Français s'entend, chez ce monsieur.
Qu'on y ajoute le triste discours de Grenoble de M. Sarkozy, les propos répétés du ministre de l'Intérieur Claude Guéant, le funeste débat sur l'identité nationale, les sorties honteuses et homophobes du député Vanneste, le tram de la RATP mis à disposition de la police pour expulser des Roms en Seine-Saint-Denis, les insinuations pernicieuses de M. Fillon sur la nationalité d'Eva Joly à la mi-juillet et les tentatives larvées de remise en cause de la double nationalité, et on voit bien comment les principes fondamentaux de la République peuvent être sans vergogne foulés aux pieds par les dirigeants de la droite néandertalienne. C’est un mouvement de fond, et pas seulement mené par un quarteron de parlementaires flirtant avec l'extrême. De toute évidence, la place nouvelle donnée par le président de la République, par le Premier ministre et par sa majorité tout entière ressort d'une stratégie pensée et assumée par les dirigeants de la Sarkozie en préambule de la campagne présidentielle. Pour aller draguer, sans pince sur le nez, dans les eaux puantes du populisme droitier qui fleurit sur le fumier de l'homophobie, de la xénophobie et du racisme.
Ces dérapages ne doivent pas durer. Non seulement ils pourrissent cette rentrée et déjà l'automne, ils engagent les joutes et débats publics qu'appelle la séquence présidentielle de 2012 sur une pente savonneuse qui amène irrémédiablement notre pays vers la sanie et le déshonneur. Il faut arrêter au plus vite le principe même de ces dérapages sciemment instrumentalisés, pour remettre le débat politique dans le cadre républicain qui s'impose. C'est la responsabilité et l'honneur de MM. Sarkozy et Fillon d'agir en ce sens. Chaque dérapage doit être immédiatement dénoncé et sanctionné. Les partis doivent en prendre l’engagement, permettant au débat politique de revenir à des vrais débats de fond. Cela participera aussi à ce que les électeurs et électrices reprennent confiance dans les politiques.
Pour notre part, nous appellerons sans faillir à des valeurs de tolérance, d'ouverture et de diversité qui fondent notre projet politique. Nous les défendrons pied à pied tout au long de la campagne présidentielle à venir et au-delà, et nous aurons à cœur de démontrer que ces valeurs fondent solidement notre société et son pacte de bien vivre ensemble.
Jean-Philippe Magnen, vice-président (EELV) de la Région Pays de la Loire, est membre du bureau exécutif national d’EELV. Matthieu Orphelin est vice-président (EELV) de la Région Pays de la Loire.