« Quand les États coupent dans le budget européen, ce sont les associations, les services publics locaux, les ONG et les PME qui trinquent », regrettent les eurodéputés écologistes José Bové, Karima Delli, Pascal Durand, Yannick Jadot, Eva Joly, Philippe Lamberts (Belgique), Michèle Rivasi, Claude Turmes (Luxembourg) et Ernest Urtasun (Espagne) qui mettent en garde contre le risque de « faillite » de l'UE.
Chaque année, c'est la même chose. La Commission présente son projet de budget pour l'Union européenne, et les États membres sortent la hache pour réduire au maximum ce qu'ils considèrent comme une “ charge ” supplémentaire à leurs propres budgets nationaux. Une “ charge ” d'autant plus importante qu'ils se sont imposés des règles budgétaires drastiques. Le budget européen n'est pourtant pas celui d'un 28e État supranational, ni celui qui viendrait engraisser des eurocrates corrompus et oisifs comme aiment à le prétendre les eurosceptiques. C'est avant tout un budget de solidarité envers les personnes les plus fragiles, de redistribution entre les régions les plus pauvres et les plus riches, et d'investissement dans nos territoires et nos industries.
Chaque fois, c'est la même rengaine. D'un côté, les chefs d'États et de gouvernements multiplient les sommets en grande pompe et demandent à l'UE de lutter contre le chômage, de promouvoir une plus grande solidarité entre les citoyens européens, d'agir sur la scène internationale pour garantir la paix et la stabilité que nous avons réussi à assurer sur notre continent depuis plus d'un demi-siècle. Mais de l'autre, ils refusent en permanence de lui en donner les moyens. Résultat: l'Union européenne, qui légalement n'a pas le droit de s'endetter, n'arrive plus à rembourser les porteurs de projets dans nos territoires, et un nombre alarmant de factures impayées s'accumulent d'années en années.
Rien qu'en 2013, 23,4 milliards d'euros n'ont pas été remboursés aux acteurs régionaux et locaux, car les États membres ont refusé de payer ce pourquoi ils s'étaient engagés. Au total, les factures impayées qui s'accumulent représentent une dette cachée de 221,7 milliards d'euros, soit 1,5 fois le budget européen! Et si cette crise des paiements n'est pas rapidement enrayée, ce chiffre ne fera que croître d'années en années.
Quand les États membres poussent ainsi l'Union européenne à la faillite, c'est la crédibilité de l'Europe qui est entachée, et des milliers d'emplois sacrifiés! Ce sont des associations et des services publics locaux qui ferment, des ONG qui ne peuvent plus apporter leur aide humanitaire aux pays touchés par des guerres civiles ou plus récemment par le virus d'Ebola, des PME viables économiquement qui sont menacées de mettre la clé sous la porte car elles ne sont pas payées à temps, des étudiants qui ne peuvent plus aller étudier à l'étranger sans bourse Erasmus.
En tant que députés européens écologistes, nous nous battons pour un budget européen digne de ce nom. Pas pour alimenter un “ monstre bureaucratique ”, mais bien pour préserver des emplois dans nos territoires, pour permettre à nos étudiants d'avoir la chance d'étudier à l'étranger, de financer des programmes de recherche qui feront de l'économie européenne de demain une économie plus économe en ressources.
La situation est devenue critique. Une nouvelle coupe dans le budget européen en ces temps de crise et de niveau record du chômage serait inacceptable. Les États membres doivent faire face à leurs responsabilités et honorer leurs promesses, sans quoi c'est l'idée européenne qui se meurt à petit feu.