Billet de blog 17 janvier 2012

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Pour la vérité sur la mort de Wissam El Yamni

Arrêté le soir de la Saint-Sylvestre, Wissam El Yamni est décédé le 9 janvier dernier, à Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme). Au nom du collectif Justice et égalité pour tous, Chérif Bouzid demande à Nicolas Sarkozy «que la vérité soit faite» et s'étonne des déclarations de Claude Guéant, ministre de l'Intérieur, qui exonère les policiers de toutes responsabilités avant même la fin de l'enquête.

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Arrêté le soir de la Saint-Sylvestre, Wissam El Yamni est décédé le 9 janvier dernier, à Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme). Au nom du collectif Justice et égalité pour tous, Chérif Bouzid demande à Nicolas Sarkozy «que la vérité soit faite» et s'étonne des déclarations de Claude Guéant, ministre de l'Intérieur, qui exonère les policiers de toutes responsabilités avant même la fin de l'enquête.

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Illustration 1

Monsieur le Président de la République,

Au nom de la famille de Wissam El Yamni,

C’est dans un souci d’apaisement que nous vous adressons ce message.

Depuis cette nuit tragique, nous sommes hantés par la mort de Wissam. Quel crime a-t-il commis pour subir le sort qui a été le sien?

Wissam a grandi à la Gauthière, un quartier de Clermont-Ferrand. C’était un enfant très joyeux avec des parents soucieux de son éducation et de son instruction. Il était un touche-à-tout, pratiquant de nombreux sports et il était en bonne santé. Il voulait réussir professionnellement. Chauffeur-routier, il était en formation pour devenir cariste.

Contrairement à l’image que certaines personnes ont voulu véhiculer, Wissam était un citoyen ordinaire, apprécié de ses formateurs, de ses voisins, de ses amis et de ses parents. Marié, il aspirait à une vie heureuse et paisible. 

A croire notre ministre de l’intérieur, Wissam El Yamni est responsable et, dans ses déclarations, monsieur Guéant dégage la responsabilité des policiers mis en cause. Nous trouvons cela étonnant dans la mesure où l’enquête est toujours en cours. Nous trouvons cela d’autant plus étonnant que la séparation des pouvoirs exécutif et judiciaire constitue un des socles de notre République, et qu’avec ces déclarations ce principe fondamental est remis en cause.

La famille et les amis de Wissam, le collectif qui s’est constitué et tous ceux –nombreux, nous en sommes convaincus– qui sont touchés par ce tragique événement ne réclament que deux choses: la vérité et la justice.

Nous voulons, en préambule, rappeler dans ce message des principes fondamentaux tirés de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789: 

«Les Représentants du Peuple Français, constitués en Assemblée nationale, considérant que l’ignorance, l’oubli ou le mépris des droits de l’homme sont les seules causes des malheurs publics et de la corruption des Gouvernements, ont résolu d’exposer, dans une Déclaration solennelle, les droits naturels, inaliénables et sacrés de l’homme, afin que cette Déclaration, constamment présente à tous les membres du corps social, leur rappelle sans cesse leurs droits et leurs devoirs; afin que les actes du pouvoir législatif, et ceux du pouvoir exécutif pouvant être à chaque instant comparés avec le but de toute institution politique, en soient plus respectés; afin que les réclamations des citoyens, fondées désormais sur des principes simples et incontestables, tournent toujours au maintien de la Constitution, et au bonheur de tous. En conséquence, l’Assemblée nationale reconnaît et déclare, en présence et sous les auspices de l’Être Suprême, les droits suivants de l’homme et du citoyen.

Article premier

Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits. Les distinctions sociales ne peuvent être fondées que sur l’utilité commune.

Article XII

La garantie des droits de l’Homme et du Citoyen nécessite une force publique: cette force est donc instituée pour l’avantage de tous, et non pour l’utilité particulière de ceux auxquels elle est confiée.

Article XV

La Société a le droit de demander compte à tout Agent public de son administration.

Article XVI

Toute Société dans laquelle la garantie des Droits n’est pas assurée, ni la séparation des Pouvoirs déterminée, n’a point de Constitution.»

A la lumière de ces différents articles, il est important de rappeler à toutes et à tous que:

- selon l’article 1: Wissam El Yamni et tout citoyen français naissent libres et égaux en droits sans aucune distinction sociale

- selon l’Article 12: la garantie des droits de l’homme et du citoyen nécessite une force publique. Nous ne remettons pas en cause les forces de police dans leur ensemble mais les dérives de certains. 

En vertu de l’Article 15, nous demandons des comptes aux agents de l’Etat mis en cause pour que la justice soit rendue pour Wissam et surtout pour ses proches. Nous avons pleinement confiance en nos institutions dont vous êtes le garant.

Le collectif Justice et Egalité pour Tous s’inscrit donc dans une démarched’apaisement et de retour au calme, pour qu’il n’y ait plus de dégradations, dont les premières victimes sont les habitants des quartiers populaires, et que les revendications légitimes des jeunes face aux injustices s’inscrivent dans une démarche citoyenne; de recherche de la vérité, pour redonner confiance aux jeunes en nos institutions,; d’accompagnement de la famille pour suivre le dossier judiciaire.

Notre devoir était d’en parler, nous ne voulions pas rester silencieux, afin que cette situation ne se reproduise plus jamais.

Et c’est à vous, monsieur le Président, que nous nous adressons pour que la vérité soit faite, puisque vous êtes le représentant de notre pays et donc le garant des droits et devoirs de chacun.

Veuillez agréer, Monsieur le Président de la République, l’expression de la haute considération dans laquelle l’ensemble du collectif Justice et Egalité pour Tous tient votre fonction.

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