«Aux actes de violence doivent d'abord être apportées des réponses humaines» privilégiant le soutien aux enseignants,aux éducateurs, aux élèves et à leurs familles, estiment neuf élus ou têtes de liste socialistes franciliens, dont Anne Hidalgo (Paris), Gerard Sebaoun, (Val-d'Oise), Monique Delessard (Seine-et-Marne), Mathieu Hanotin (Seine-Saint-Denis), Michèle Sabban (Val-de-Marne).
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Nous, élus locaux des départements et de la région Ile-de-France, assistons chaque jour à la montée d'un véritable malaise dans nos écoles, nos collèges et nos lycées.
Si l'école maternelle et élémentaire a largement fait et fait encore les frais de mesures essentiellement motivées par une logique comptable visant à amputer le budget consacré à l'Education, la réduction des moyens humains et la suppression de la carte scolaire dans le second degré démontrent encore plus clairement la volonté du gouvernement de créer un système scolaire à deux vitesses. Il est en effet inacceptable de voir des collèges aux publics fragiles, notamment les collèges du réseau « ambition réussite », davantage pénalisés par l'assouplissement de la carte scolaire. La Cour des comptes a d'ailleurs récemment souligné le risque de créer de véritables « ghettos scolaires » en permettant aux élèves ayant les meilleurs résultats de quitter prioritairement ces établissements. Cette politique est celle de la rupture avec l'idéal républicain d'une école de la réussite de tous.
Le fait que le ministre de l'Education et la ministre candidate de l'Enseignement supérieur se soient autorisés, à nouveau, à instrumentaliser l'agression d'un élève au sein du lycée Adolphe-Chérioux de Vitry-sur-Seine pour replacer les questions de sécurité au cœur de la campagne pour les élections régionales nous a choqué même si le gouvernement est coutumier du fait.
Rappelons en effet que déjà, au moment de la campagne des élections européennes, Nicolas Sarkozy, selon une pratique maintenant bien rôdée, avait sous prétexte d'apporter des réponses à la montée de la violence en milieu scolaire, proposé l'installation de portiques anti-métaux dans les établissements du second degré. Au-delà de l'inefficacité de la mesure, du manque de connaissance de la réalité vécue par les communautés éducatives qu'elle révélait, son coût était juste faramineux ! Il aurait sans nul doute, si le gouvernement avait persisté, dû être majoritairement supporté par les collectivités locales compétentes en matière de travaux de sécurisation.
Mais l'instrumentalisation des questions de sécurité tout comme le réflexe d'annoncer sans concertation ni moyens des mesures qui impacteront de fait le budget de nos collectivités est une méthode largement éprouvée par le gouvernement !
Désormais un autre pas est franchi : le gouvernement va jusqu'à imputer la responsabilité de l'agression de Vitry-sur-Seine aux collectivités (départements et région) au prétexte qu'elles n'auraient pas installé la clôture que le diagnostic de sécurité de l'établissement aurait recommandé!
Au-delà de l'inélégance de la méthode, nous souhaitons rappeler que ces diagnostics ont été décidés unilatéralement par le gouvernement et que très rares ont été les collectivités à y être associées. A Paris comme dans le Val-de-Marne, nous n'avons pas été invités à participer à leur élaboration ni même reçu ces documents.
Symptôme d'un malaise social aggravé chaque jour par la crise, l'augmentation des actes de violence n'épargne, il est vrai, ni les abords ni l'intérieur des établissements scolaires. Nous constatons pour autant que si une grande partie des communautés éducatives sollicite des dispositifs qui permettent de contrôler les accès des collèges, la bunkerisation des établissements proposée par le Gouvernement ne fera jamais office de solution miracle pour enrayer la montée des violences. Seule une présence d'adultes suffisante peut garantir, au sein des établissements, le dialogue avec les élèves et un niveau d'encadrement sans lesquels la lutte contre la violence est vouée à l'échec.
Or, le gouvernement file la contradiction : après avoir supprimé plus de 36 000 postes dans l'Education nationale en 4 ans et annoncé la suppression de 16 000 postes supplémentaires à la rentrée 2010, la ministre candidate de l'Enseignement supérieur vient de réitérer sa proposition visant à financer des postes de surveillants-tuteurs afin de prendre en charge les jeunes les plus difficiles dans les lycées. La majorité présidentielle a aussi proposé de déployer des gendarmes à leurs alentours pour créer « un climat d'insécurité permanent chez les délinquants ». Sans parler de la stigmatisation des élèves que ces propositions induisent, nous pensons au contraire que de telles mesures risqueraient encore d'aggraver le climat de tension qui règne déjà dans certains collèges et lycées.
Nous pensons qu'aux actes de violence doivent d'abord être apportées des réponses humaines privilégiant le soutien aux professeurs, aux éducateurs et à leur juste autorité, ainsi qu'aux familles et aux élèves en difficulté ou en situation de décrochage. Qui d'autre que les enseignants, les conseillers principaux d'éducation et d'orientation, les personnels qualifiés de vie scolaire, les infirmiers, assistants sociaux et psychologues scolaires peuvent contribuer au quotidien à la sérénité au sein des établissements ? Leur connaissance des élèves, de leurs fréquentations et de leurs familles leur permet bien souvent de prévenir le passage à l'acte. C'est pour cela que nous demandons sans relâche que des postes pérennes d'enseignants et de personnels de vie scolaire soient rétablis et que nous refusons le recours à des personnels précaires pour effectuer les remplacements.
Aussi, nous ne pensons pas que les Etats généraux de la violence scolaire déboucheront sur des solutions concrètes. Ils ne sont qu'une énième annonce du ministre de l'Education nationale pour politiser (au sens politicien du terme) cette question.
Convaincus de l'importance de cet accompagnement humain, nous développons, dans le cadre de nos compétences, des dispositifs spécifiques qui contribuent à proposer des réponses axées sur la prévention, l'accompagnement des élèves les plus fragiles en lien avec les familles - en particulier les jeunes décrocheurs - à l'école et dans leur quartier, l'aide à la parentalité ou encore le soutien aux projets de promotion de la citoyenneté, axés sur la lutte contre toutes les formes de discriminations ou l'accès à des activités culturelles et sportives.
Quant au traitement des faits de grande violence, nous redisons avec le président de la région Ile-de-France, qu'il serait bon que l'Etat prenne ses responsabilités puisqu'en la matière il reste seul compétent.
Colombe Brossel, adjointe au Maire de Paris chargée de la vie scolaire et de la réussite éducative
Anne Hidalgo, première adjointe au Maire de Paris, tête de liste du Parti socialiste aux élections régionales à Paris
Bruno Julliard, Adjoint au Maire de Paris chargée de la jeunesse, Secrétaire National du Parti Socialiste à l'éducation
Gerard Sebaoun, Vice-Président du Conseil Général du Val d'Oise, chargé de l'éducation, la jeunesse et la prévention.
Monique Delessard, Vice-Président du Conseil Général de Seine-et-Marne, chargée de l'éducation et des collèges.
Mathieu Hanotin, Vice-Président en Seine Saint Denis, chargé de l'éducation, de la citoyenneté et de la lutte contre les discriminations.
Abdelhak Kachouri, tête de liste du Parti Socialiste pour les élections régionales en Seine-Saint-Denis
Ali Soumare, tête de liste du Parti Socialiste pour les élections régionales dans le Val d'Oise
Michèle Sabban, tête de liste du Parti Socialiste pour les élections régionales dans le Val-de-Marne