« L’Europe se réveille enfin d’une longue léthargie. Cette nouvelle donne n’est pas le fruit du hasard. Elle le doit, en grande partie, à la détermination de la gauche européenne qui, pas à pas, impose ses priorités ». Après un an de législature, Gianni Pittella, président italien du Groupe de l’alliance progressiste des socialistes et démocrates au Parlement européen, souligne que c'était une bonne idée que le groupe des socialistes appelle à voter Juncker.
Les citoyens européens ne le perçoivent sans doute pas – encore - mais l’Europe se réveille enfin d’une longue léthargie. Cette nouvelle donne n’est pas le fruit du hasard. Elle le doit, en grande partie, à la détermination de la gauche européenne qui, pas à pas, impose ses priorités.
Pourtant, il y a un an, au soir des élections européennes, aucune majorité claire de droite ou de gauche ne se dégageait au sein du Parlement européen. La gauche européenne n’avait pas de majorité ni parmi les chefs d’Etat et de gouvernements européens, ni au Parlement européen pour imposer son candidat Martin Schulz à la tête de la Commission européenne. Jean-Claude Juncker, le candidat de la droite européenne choisi par les gouvernements conservateurs, est arrivé en tête.
Face à des forces eurosceptiques et europhobes qui représentent près du quart du nouvel hémicycle, les socialistes et démocrates ont pris leurs responsabilités. Nous avons fait le choix d’une majorité stable pro-européenne, capable d’apporter des réponses concrètes aux attentes de nos citoyens. Si nous avons accordé la confiance à Jean-Claude Juncker et à sa Commission, nous ne lui avons pas, pour autant, confié un chèque en blanc. Nous sommes et nous resterons un partenaire exigeant.
Avec nos 190 députés, nous restons la deuxième force politique au sein de l’Assemblée européenne. Nous sommes incontournables pour constituer une majorité. Si la donne a changé, c’est aussi le fait d’une Commission européenne plus « politique » mise en place par Jean-Claude Juncker. L’exécutif européen est bien différent de celui insipide, incolore et inodore de la Commission présidée par José Manuel Barroso.
Les premiers signes tangibles de la réorientation de l’Europe pour laquelle nous nous sommes tant battus sont là. L’Union européenne a ainsi tourné la page de cinq années d’austérité aveugle. Sous la pression des socialistes européens, la Commission européenne présidée par Jean-Claude Juncker a proposé un plan d’investissement de 315 milliards d’euros pour « booster » une croissance anémique et doper la création d’emplois. Certes, nous sommes en-deçà des ambitions. Mais il s’agit d’un pas dans la bonne direction.
Sous l’impulsion du commissaire Pierre Moscovici, l’interprétation des règles du pacte de stabilité budgétaire et de croissance sera « moins stupide ». Il ne s’agit pas de relâcher les efforts pour réduire les déficits et l’endettement publics dans l’Union européenne. Ces réformes sont nécessaires mais elles doivent être menées sans casser la croissance européenne. Les Etats membres de la zone euro vont ainsi retrouver des marges de manœuvre pour investir.
La Commission européenne vient également de prendre ses responsabilités face aux afflux massifs de migrants qui espèrent trouver en Europe l’Eldorado promis.
Choquée par les tragédies en mer Méditerranée, l’Union européenne s’est résolue à affronter une des plus dramatiques priorités de notre époque. Nous ne pouvons pas nous résoudre à faire le gros dos et croire que l’orage va passer. L’approche doit être double. Une action immédiate couplée à une action de longue haleine afin d’être en mesure de faire front à un phénomène d’une ampleur sans précédent. L’Union européenne a désormais sur sa table un dossier qui en réalité met en lumière deux choses. L’obligation de sauver des vies humaines en danger et la prise de conscience qu’aucun pays de l’Union ne peut être laissé seul à affronter un tsunami migratoire.
Nous décelons donc bien un changement.
Mais il reste beaucoup de grain à moudre. Le chômage reste trop élevé notamment celui des jeunes. La pauvreté a augmenté partout et les inégalités se sont creusées. Nos priorités sont claires et elles sont connues. Nous voulons davantage de justice fiscale et sociale. Nos gouvernements doivent s’attaquer résolument à la fraude et à l’évasion fiscales qui représentent chaque année pas moins de 1000 milliards d’euros de pertes pour les budgets nationaux. Nos citoyens ne comprennent plus qu’on leur demande tant d’efforts alors que des géants économiques pratiquent le tourisme fiscal. Les profits de ces multinationales sont gigantesques et leur impôt ridiculement faible. Il faut que les multinationales paient l’impôt là où elles réalisent leurs profits.
Ce sera un de nos combats pour les mois et années à venir. Nous poursuivrons en outre notre action résolue en faveur d’une croissance durable moins consommatrice d'énergies polluantes et d’une Europe de l'emploi plus respectueuse des droits des travailleurs. Nous apporterons notre contribution afin que la grande conférence de Paris sur le climat (COP 21) en décembre prochain soit un succès.
Aujourd'hui, l'horizon européen n’est pas totalement dégagé. La question grecque n’est toujours pas réglée. Nous nous sommes mobilisés pour faciliter un accord entre la Grèce et ses créanciers. Si la Grèce doit poursuivre ses réformes, l'Union européenne doit de son côté faire preuve de solidarité.
Le Premier ministre britannique David Cameron - tout juste réélu - a confirmé vouloir renégocier la relation du Royaume Uni avec l'Union européenne. Nous attendons ses demandes. Mais il doit être clair que les socialistes n'accepteront pas une remise en cause des principes et libertés qui constituent les fondations mêmes de notre Union.