Billet de blog 19 mai 2016

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Notre fierté de vivre à Saint-Denis

Non au « Seine-Saint-Denis bashing ». Raccourcis, amalgames, caricatures, le dénigrement de cette ville médiévale devenue cité de la diversité, est devenu insupportable pour un collectif de Dionysiens qui le font savoir.

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Ce vendredi 20 mai, le Figaro Magazine a choisi de consacrer sa « Une » à Saint-Denis. En couverture, une photo montre, devant la basilique, deux jeunes femmes voilées dont le visage a été flouté. Le choix du titre, « Molenbeek-sur-Seine » fait référence à ce quartier bruxellois d’où venaient plusieurs auteurs des attentats du 13 novembre 2015. Un sous-titre ajoute : « A Saint-Denis, l’islamisme au quotidien ».

Pour cette énième couverture sur le sujet, le propos est toujours le même : Saint-Denis, « Molenbeek français », territoire miné par les djihadistes, menace pour la France ; Saint-Denis, territoire de non droit et de ségrégation, où prolifèrent terroristes, délinquants, marginaux. De victime des attentats, Saint-Denis, notre ville, serait devenue un vivier de recrues pour Daech !

Nous, qui vivons, travaillons au quotidien à Saint-Denis, nous refusons cette stigmatisation publique. Notre ville, nous l’aimons, et nous avons choisi d’y vivre pour ce qu’elle est vraiment, et pour ce qu’elle représente. Loin de tous les fantasmes colportés par une partie de la presse et de la classe politique française, Saint-Denis est une ville plurielle, où vivent 110 000 femmes et hommes d’origines, d’opinions et de religions différentes, sans que l’une n’ait pris le pas sur l’autre dans l’espace public.

Une ville qui, malgré la dégradation des services publics (caisse d’allocations familiales, poste, pôle emploi…) tient bon et tente de construire une mixité culturelle, sociale et intellectuelle, une ville pour tous aux portes d’un Paris en voie de gentrification accélérée. Le quotidien des habitants de Saint-Denis, ce n’est pas « l’islamisme »,  c’est le manque d’enseignants formés dans les écoles, d’effectifs de police nationale dans les commissariats.

« Molenbeek-Sur-Seine» ? Pour les expulsé-e-s du 48 rue de la république, ces titres grossiers constituent une double peine : être stigmatisé-e-s en tant qu’habitant-e-s de la ville après avoir perdu leur logement lors de l’assaut du RAID le 18 novembre 2015.

Saint-Denis, nous l’aimons, comme ville de diversité, où le débat est possible, où se croisent les mondes, où la vie culturelle foisonne. Comme toutes les villes, elle a ses excès, ses problèmes. Mais elle connaît aussi ses moments de grâce, où toute la population se retrouve confraternellement. Deux quartiers de la ville (le centre-ville et le quartier Sémard) organisent ce week-end leur fête de printemps. Celles et ceux qui voudraient se faire une idée de première main de ce qu’est Saint-Denis « au quotidien », sont, comme toujours, les bienvenu-e-s.

Parce qu’elle contient en son sein toutes les composantes de la société française, Saint-Denis est une ville laboratoire où se construit la France de demain, où tous les citoyens, croyants ou non, ont leur place— malgré les clichés, les insultes, les stigmatisations répétées de la presse et des hommes et femmes politiques. Dans nos associations, dans notre travail, par notre participation quotidienne à la vie de notre ville, nous contribuons à la construction de cette société-là. Et nous sommes fier-e-s que cela se passe à Saint-Denis.

Les premiers signataires :

N'Goran Ahoua, habitant du 48, rue de la République

Nelly Angel, membre du Collectif d'habitant-e-s SFC et environs

Corinne Angelini, formatrice, militante associative

Soukouna Bakary, président de l’association Nuage (Notre Union Associative Grandir Ensemble)

Sébastien Banse, journaliste au Journal de Saint-Denis

Julien Beller, architecte, fondateur du 6b

Jean Bellorini, directeur du Théâtre Gérard-Philipe, centre dramatique national.

Alain Bertho, anthropologue, directeur de la Maison des Sciences de l’Homme Paris Nord

Raphaële Bertho, maîtresse de conférences à l’IUT François-Rabelais.

Jean Brafman, militant associatif

Julie Chapuis, docteure en études politiques à l’EHESS

Coline Charpentier, enseignante

Lucie Chartier, citoyenne

Séverine Chauvel, sociologue

Malika Chemmah, parent d'élève du collège Pierre-Degeyter

Agnès Cluzel, militante antiraciste

Jean-Pierre Cluzel, militant de la cause des sans-papiers

Jean-Emmanuel Ducoin, journaliste à l’Humanité

Catherine Dufour, écrivaine, chef de projet à la bibliothèque universitaire de Paris 8

Anaïs Flores, enseignante

Sébastien Freudenthal, médiateur scientifique

Claudie Gillot-Dumoutier, collectif Lamaze

Cécile Gintrac, géographe

Sibylle Gollac, sociologue

Grand Corps Malade, slamer

Stéphanie Guyon, maîtresse de conférences en science politique

Julia Hamlaoui, journaliste à l’Humanité

Docteur Ghada Hatem-Gantzer, Adjointe au chef de service de la maternité Angélique du Coudray du centre hopitalier de Saint-Denis

Caroline Izambert, enseignante

Jean Krivine, chargé de recherche en informatique a l'Université Paris 7

Benoît Lagarrigue, journaliste au Journal de Saint-Denis

Adjera Lakehal-Brafman, cadre associatif

Guillaume Lejeune, doctorant

Jérôme Martin, enseignant 

Linda Maziz, journaliste au Journal de Saint-Denis

Vincent Message, écrivain, directeur du Master de création littéraire de Paris 8

Mounir Othman, comédien

Julie Pagis, sociologue

Etienne Penissat, chercheur au CNRS

Pierre Puchot, écrivain, journaliste à Mediapart

Dominique Sanchez, rédacteur en chef du Journal de Saint-Denis

Aurélien Soucheyre, journaliste à l’Humanité

Boris Spire, directeur du cinéma L'Ecran de Saint-Denis

Pascal Tessaud, cinéaste

Karel Yon, sociologue

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