Billet de blog 19 septembre 2013

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Pour que le logement soit vraiment un droit

Quand le mal logement « laisse plus d’un million de personnes à la rue ou dans des conditions déshumanisantes, n’est-il pas précisément temps de trouver de nouvelles réponses ? » Adopté mardi en première lecture, le projet de loi Duflot reste en deçà des besoins de solidarité, regrette Bernard Devert, fondateur du mouvement Habitat et humanisme.

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Quand le mal logement « laisse plus d’un million de personnes à la rue ou dans des conditions déshumanisantes, n’est-il pas précisément temps de trouver de nouvelles réponses ? » Adopté mardi en première lecture, le projet de loi Duflot reste en deçà des besoins de solidarité, regrette Bernard Devert, fondateur du mouvement Habitat et humanisme.


Le corps social est en souffrance. Comment ne le serait-il pas, alors qu’une partie de ses membres est rejetée, de fait interdite d’accès au logement?

La question est dramatiquement banalisée par l’usure du temps, quand bien même elle s’est aggravée ; elle habite le paysage sans créer l’indignation ni davantage la mobilisation. Le mal logement est une statistique qui n’émeut point : les chiffres ont occulté les visages.

Le week-end dernier, cependant, des professeurs du collège Henri-Barbusse, à Vaulx-en-Velin, ont décidé de se mobiliser. Trop c’est trop ! Ecœurés pour avoir observé que cinq de leurs élèves vivaient dans des conditions déshumanisantes : le balcon d’un appartement cet été, puis maintenant la rue !

Nous ne le dirons jamais assez, l’absence de logement fait des victimes ; les premières d’entre elles sont les enfants, doublement : un présent saccagé et un avenir compromis.

Avec le Mouvement ATD Quart Monde, Habitat et Humanisme a proposé des amendements au projet de loi Alur, adopté mardi 17 septembre en première lecture par les députés, afin d’affecter le supplément du loyer de solidarité à la diminution des charges locatives des foyers les plus fragilisés, souvent privés de logement pour insuffisance de ressources.

Une telle disposition ne s’inscrit-elle pas dans la logique du droit au logement opposable (Dalo) ? Cette loi qui exprima l’unité de la Nation à l’égard des plus fragilisés se doit d’être accompagnée de mesures financières si nous voulons vraiment que le logement soit un droit pour tous.

L’amendement proposé s’inscrit dans cette perspective, avec deux conséquences : faciliter l’accès au logement et augmenter le “ reste pour vivre ” de ces familles, notamment monoparentales, dont les ressources relèvent de la survie.

Le texte, porté avec passion par Jean-Marie Tétart et Michel Piron, a été rejeté.

Cécile Duflot, ministre du logement, n’en conteste pas la pertinence, faisant sien l’avis de la commission, présenté par Audrey Linkenheld, soulignant que la proposition apparaît comme prématurée et qu’en tout état de cause, l’heure n’est pas de révolutionner notre modèle social.

Quand ce modèle laisse plus d’un million de personnes à la rue ou dans des conditions déshumanisantes, n’est-il pas précisément temps de trouver de nouvelles réponses ?

La proposition d’amendement, loin d’être une révolution, est un changement de posture. Changement qui n’est pas sans analogie avec celui retenu par le monde médical, qui a cessé de se draper dans un statut de mandarin pour se faire proche du malade. Le traitement social gagnerait à ce déplacement l’éloignant ainsi des mesures palliatives, sans effet sur la grande vulnérabilité.

Quand l’urgence de la solidarité pour ouvrir les portes apparaît comme une révolution, la société consent implicitement à l’exclusion, porte de l’explosion.

Pour avoir entendu dans le débat parlementaire, certes, la crainte d’aller trop loin, mais sans que soit contesté le fondement d’un autrement, nous voulons espérer que la guérison de nos maux sociaux est possible.

Puisse la loi Alur revêtir ces ouvertures attendues pour en finir avec le mal logement, tant il est une urgence et une espérance.

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