Billet de blog 20 septembre 2012

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Non au Pacte budgétaire, oui à la transition écologique!

« Nous ne sommes pas opposés, en tant qu'écologistes, à une gestion rigoureuse des finances publiques. (...) [Mais] rechercher l'équilibre budgétaire à marche forcée [via le TSCG] est vain. Nous devons reprendre la main sur l'économie pour la réorienter vers la sobriété dans la consommation des ressources naturelles, la justice sociale et le bien-être humain. » Par Karima Delli et Yves Cochet, députés européens EE-LV.

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« Nous ne sommes pas opposés, en tant qu'écologistes, à une gestion rigoureuse des finances publiques. (...) [Mais] rechercher l'équilibre budgétaire à marche forcée [via le TSCG] est vain. Nous devons reprendre la main sur l'économie pour la réorienter vers la sobriété dans la consommation des ressources naturelles, la justice sociale et le bien-être humain. » Par Karima Delli et Yves Cochet, députés européens EE-LV.


L'Europe vit un moment inquiétant. Une révolution sourde se prépare: la population ne croit plus aux politiques, qui n'ont pas su faire face aux injonctions du marché et qui restent aveugles aux conséquences. Ce rejet des élites qui ressuscite l'extrême droite risque de faire basculer l'Europe dans une crise politique grave. Aujourd'hui, le rapport de force entre le marché et les gouvernants doit être renversé en faveur des seconds, afin de réhabiliter le politique et la démocratie. C'est pourquoi nous avons besoin d'une Europe des régions et des peuples solidaires véritablement fédérale et démocratique, en se fixant de nouveaux objectifs pour le nouveau siècle.

La méthode intergouvernementale qui a présidé à l'élaboration du Traité sur la stabilité, la coordination et la gouvernance (TSCG), sous la pression d'Angela Merkel et de Nicolas Sarkozy, représente un recul important vis-à-vis de l'intégration démocratique européenne. Le Parlement européen n'a pas été associé à l'élaboration de ce traité qui s'est déroulée sans consultation des citoyens. De plus, les mesures de contrôle prévues par le traité donnent tout pouvoir à la Commission pour surveiller les budgets nationaux et éventuellement sanctionner les Etats membres. C'est un flagrant déficit de démocratie qui n'aura pour effet que de renforcer la méfiance des citoyens à l'égard d'une Europe technocratique et néolibérale.

Nous ne sommes pas opposés, en tant qu'écologistes, à une gestion rigoureuse des finances publiques, où les dépenses n'excèdent pas les recettes. D'abord parce que les déficits d'aujourd'hui sont autant de dettes qui pèseront sur nos enfants et nos petits-enfants. Ensuite, parce qu'une logique d'endettement massif a dominé les politiques publiques depuis la fin de la période des Trente Glorieuses. Elle répond à  une vision du monde productiviste d'alimentation aveugle de la croissance économique, à travers toujours plus de consommation et toujours plus de production industrielle. Elle ne se soucie pas de l'égalité entre les citoyens, de la qualité de nos vies et de la raréfaction des ressources de notre planète.

Mais la rigueur n'est pas l'austérité. Il est illusoire de croire que le seuil de 3 % du produit intérieur brut (PIB), fixé de manière arbitraire, pourrait être atteint en 2013 par une course désespérée à la croissance afin d'éponger les intérêts de la dette. Cette croissance en trompe-l'œil, alimentée par l'endettement, que l'on a connue en 2010 et 2011, est insoutenable sur le plan écologique et inefficace sur le plan de la réduction des inégalités. Et le TSCG ne peut fonctionner sans la croissance, alors que celle-ci est peu probable. C'est pourquoi nous rejetons la méthode d'ajustement structurel imposée par les experts de la troïka (Fond monétaire international, Banque centrale européenne et Commission européenne), qui consiste à pratiquer des coupes claires dans les dépenses publiques, y compris les plus essentielles comme les services publics ou la protection sociale, sans prise en compte de leurs impacts sur la situation sociale et sur les écosystèmes. Nous pensons au contraire que la rigueur budgétaire ne peut qu'aller de pair avec une politique de partage basée sur un bouclier social, avec un revenu d'existence et des droits garantis au logement, à l'alimentation, à l'énergie, etc.

La véritable question qui se pose à nous est donc celle de savoir si les gouvernements de l'UE seront capables de réduire l'endettement et de rétablir l'équilibre budgétaire sans précariser davantage les plus fragiles, mais en amorçant au contraire la sortie de crise par l'indispensable transition écologique et solidaire.

Or, le «pacte pour la croissance» annoncé tambour battant n'est en réalité qu'un feu de paille. Sur 120 milliards d'euros, seuls 10 milliards représentent des investissements nouveaux, le reste n'étant qu'un recyclage grossier de fonds existants. C'est là une bien maigre compensation face aux mesures d'austérité promises par le TSCG. Et nous n'avons pour l'heure aucune garantie que ces fonds seront investis dans des projets réellement soutenables écologiquement et utiles socialement.

Il existe une autre voie: celle de la transition écologique, construite autour d'un renouveau démocratique et d'une distribution équitable des richesses. Elle doit s'appuyer sur un vrai budget européen, doté de ressources propres, avec des fonds structurels orientés vers des investissements locaux, verts et inclusifs, afin d'assurer la résilience des territoires. Un grand emprunt auprès de la BCE viendra financer des projets locaux en matière d'amélioration de l'efficacité énergétique et de développement des énergies renouvelables, mais aussi de transition vers une agriculture durable, locale et de préservation de la biodiversité et des milieux naturels.

Rechercher l'équilibre budgétaire à marche forcée est vain. Nous devons reprendre la main sur l'économie pour la réorienter vers la sobriété dans la consommation des ressources naturelles, la justice sociale et le bien-être humain.

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