Billet de blog 21 février 2012

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La coopération internationale: un enjeu de la campagne présidentielle

«Dès lors qu’on dépasse l’espace de l’Union européenne, la solidarité internationale est la grande absente des débats», dénonce Jean-Louis Vielajus, président de la Coordination solidarité-urgence-développement (SUD). Il invite les candidat(e)s à la présidentielle à «(sortir) du débat convenu sur les relations internationales et (à exposer) leur vision d'un nouveau modèle de développement, durable et solidaire».

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«Dès lors qu’on dépasse l’espace de l’Union européenne, la solidarité internationale est la grande absente des débats», dénonce Jean-Louis Vielajus, président de la Coordination solidarité-urgence-développement (SUD). Il invite les candidat(e)s à la présidentielle à «(sortir) du débat convenu sur les relations internationales et (à exposer) leur vision d'un nouveau modèle de développement, durable et solidaire».

Illustration 1

Rien de plus normal que les préoccupations franco-françaises soient au centre des débats de la campagne présidentielle en cours, surtout en temps de crise. Les débats hors de l’hexagone ne s’aventurent pas bien loin et les solidarités évoquées concernent essentiellement l’Allemagne, et l’Union européenne.

Dès lors qu’on dépasse l’espace de l’Union européenne, la solidarité internationale est la grande absente des débats. Le sujet à l’ordre du jour n’est pas la coopération, mais la compétition: la compétition entre civilisations, qui renvoie aux questions migratoires et de sécurité; la compétition économique au nom du dogme de la croissance, qui met en cause le socle de protection sociale.

Cette vision internationale a un défaut majeur, celui de regarder la réalité du monde à travers le prisme déformant de la seule réalité et des seuls intérêts français de court terme. Le monde a beaucoup changé au cours des cinq dernières années. Les pays émergents ont pris une place majeure, certaines régions ont connu et vivent encore des révolutions décisives, d’autres sont mises en péril par les changements climatiques.

Un milliard de personnes souffrent de la faim, 800 millions n’ont pas accès à l’eau. Les progrès dans l’accès à la santé et à l’éducation sont loin d’être décisifs. Les inégalités sociales vont croissantes et les contraintes sur l’environnement se resserrent. Ces inégalités minent la justice sociale, menacent la cohésion sociale et les possibilités de développement. Dans plus d’un tiers des pays du globe, les inégalités dans le domaine de la santé et de l’éducation, sont plus fortes que celles de revenus. En termes de démocratie, les inégalités extrêmes fragilisent la légitimité politique et les institutions. Or, il n’y aura pas de développement durable et solidaire tant que les droits les plus élémentaires de la moitié de l’humanité sont niés. La réduction des inégalités et de la pauvreté relève de l’urgence. Elle doit être l’objectif fondamental d’une politique de coopération au développement.

La réalité du monde est celle d’une puissante interdépendance économique, sociale et environnementale. La stabilité repose sur l’amélioration des conditions de vie dans tous les pays du monde, qu’ils soient émergents ou en développement. Le modèle de développement dominant depuis vingt ans a conduit à la crise financière actuelle et aux bouleversements climatiques. Il ne peut être le même demain. Une sortie de crise passe par un partenariat renforcé avec l’ensemble des pays pour contribuer aux équilibres mondiaux.

La compétition ne peut pas être le seul moteur des politiques internationales, elle peut même aggraver la situation. Au-delà de la compétition, c’est dans la coopération et dans la régulation que se trouvent les ressorts de l’avenir, pour le monde comme pour la France.

Nous attendons des candidats et candidates qu’ils sortent du débat convenu et qu’ils exposent leur vision d’un nouveau modèle de développement, durable et solidaire. Cela est d’autant plus urgent que l’agenda international post-élections amènera la France, dès le mois de juin, à dire au monde entier sa vision sur ces sujets. Quelles positions défendra-t-elle au G20 de Mexico sur les objectifs de sécurité alimentaire et de régulation financière? Quelles ambitions portera-t-elle à la «Conférence de  Rio+20» sur une nouvelle vision du développement, sur l’objectif d’éradication de la pauvreté? Pour l’avenir de la France, comme de la planète, ces questions relèvent de la première importance.

http://www.coordinationsud.org/focus/elections-2012/

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