Billet de blog 21 octobre 2015

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Air France : le pavillon français en berne ? Ne vous laissez pas berner !

Alors qu'un CCE a lieu jeudi 22 octobre au siège d'Air France rue d'Iéna à Paris et que des manifestations sont prévues, les délégués du personnel du  Syndicat National du Personnel Navigant Commercial continuent de résister car « il s’agit bien de faire peser sur les salariés, l’absence d’une stratégie de développement pour Air France, l’abandon du transport aérien français par l’Etat, et enfin le dumping social exercé notamment par les Compagnies du Golfe ». 

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Alors qu'un CCE a lieu jeudi 22 octobre au siège d'Air France rue d'Iéna à Paris et que des manifestations sont prévues, les délégués du personnel du  Syndicat National du Personnel Navigant Commercial continuent de résister car « il s’agit bien de faire peser sur les salariés, l’absence d’une stratégie de développement pour Air France, l’abandon du transport aérien français par l’Etat, et enfin le dumping social exercé notamment par les Compagnies du Golfe ». 


Face à la résistance des salariés qui ont déjà fait 20 % d’efforts de productivité dans le cadre du plan Transform 2015, la Direction d’Air France mobilise tous ses moyens de communication pour culpabiliser le personnel, opposer les différentes catégories les unes aux autres et tenter de justifier l’injustifiable : la suppression de 2900 postes dans une période de croissance du transport aérien. Mais les médias et l’opinion ne doivent pas se laisser berner.

La Direction d’Air France indique qu’elle passe au plan B, dit d’attrition, qui comprend des retraits d’avions, le report de livraisons de nouveaux appareils et 2900 suppressions de postes (dont 900 hôtesses et stewards), car dit-elle, le plan A qui prévoit une augmentation supplémentaire de la productivité des salariés de 17 % n’a pas reçu la signature des syndicats, notamment d’hôtesses et stewards. Mais elle se garde bien de préciser que ce fameux plan A provoquerait mécaniquement un sureffectif de plus de 1600 hôtesses et stewards puisque le volume global d’heures de vol restant constant, il nécessiterait moins d’hôtesses et stewards pour le réaliser.

Plan A = plan B = suppressions de postes. C’est le double jeu de la Direction d’Air France.

L’Etat quant à lui soutient sans réserve la Direction dans son plan de restructuration avec comme seuls arguments la condamnation des gestes de salariés en marge du CCE du 5 octobre et la nécessité selon lui qu’Air France se réforme pour s’adapter aux mutations du transport aérien mondial. L’Etat oublie le rapport de Bruno Le Roux dont les recommandations vont dans le sens du développement du transport aérien français. Ce rapport pointe de nombreux facteurs externes qui pèsent sur les finances d’Air France, notamment le niveau élevé des redevances aéroportuaires versées par Air France à Aéroports de Paris. Comment l’état choisit-il de se servir de ce rapport ? En l’enterrant et en arbitrant en faveur d’Aéroports de Paris qui est autorisé à augmenter les redevances payées par Air France. Qui est l’actionnaire majoritaire qui profite de la valorisation d’Aéroports de Paris à travers l’augmentation des redevances perçues ? L’Etat.

L’Etat commande le rapport Le Roux pour développer le transport aérien français ; l’Etat enterre le rapport Leroux et sacrifie le transport aérien français. C’est le double jeu de l’Etat.

Les Compagnies du Golfe, qui ont connu ces dernières années un très fort développement sont présentées comme les meilleures Compagnies du monde et constituent selon la Direction un modèle dont Air France doit se rapprocher en terme de produit et services. Mais comme l’a montré une étude américaine notamment, la réussite de ces compagnies cache des pratiques déloyales en terme de concurrence puisqu’elles ont bénéficié au global de plus de 40 milliards de dollars en 10 ans d’aides directes ou induites de leurs Etats. Elles surfent par ailleurs sur des législations sociales plus que légères en terme de charges et de protection des salariés.

D’un coté les Compagnies du Golfe gavées d’aides d’Etat et profitant d’une législation sociale au rabais , de l’autre les Compagnies européennes privées de ces aides en vertu des règles de l’Europe et qui respectent, elles, un véritable droit du travail. C’est le double jeu de la concurrence.

Ce plan de restructuration et toutes les mesures de réduction du coût du travail d’une manière générale sont présentés par la Direction d’Air France comme une nécessité pour l’entreprise de s’adapter à un environnement en mutation. En réalité, il s’agit bien de faire peser sur les salariés, l’absence d’une stratégie de développement pour Air France, l’abandon du transport aérien français par l’Etat, et enfin le dumping social exercé notamment par les Compagnies du Golfe.

La solution ne doit pas consister à réduire constamment le coût du travail des salariés d’Air France mais à obliger ces compagnies à une concurrence loyale en leur imposant une taxe anti-dumping comme l’autorise l’Organisation Mondiale du Commerce. C’est cet objectif que devrait se fixer la direction d’Air France en exerçant un lobbying auprès de l’Etat et des instances européennes plutôt que de se contenter d’un plan de réduction de l’emploi qui n’a rien de courageux contrairement à ce qu’elle a pu écrire à ses clients, et répandu dans l’opinion.

Les Délégués du Personnel SNPNC - Air France

Syndicat National du Personnel Navigant Commercial

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