Billet de blog 22 avril 2010

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Tourisme des sommets ou journée mondiale d'action?

La suite du blog de Tadzio Muller, militant actif du mouvement pour la justice climatique, organisateur des actions de blocage et de perturbation du sommet de Copenhague, qui participe à la conférence mondiale des peuples de Cochabamba, en Bolivie.

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La suite du blog de Tadzio Muller, militant actif du mouvement pour la justice climatique, organisateur des actions de blocage et de perturbation du sommet de Copenhague, qui participe à la conférence mondiale des peuples de Cochabamba, en Bolivie.

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Hier soir, j'ai enfin participé à un atelier, ou plutôt à un des «événements parallèles», ces activités qui ont lieu en dehors des groupes de travail officiels, et dans lesquels on trouve dans bien des cas les discussions les plus intéressantes. Le thème: comment les mouvements sociaux doivent-ils se comporter vis-à-vis des Nations unies après l'échec du sommet de Copenhague? La réponse semble souvent être: il suffit de continuer. Mobiliser pour Cancun, au Mexique (où aura lieu à la fin de cette année le 16e sommet sur le climat), en espérant à nouveau que rien de mauvais ne s'y passe. Portés par la conférence de Cochabamba, certains pensent même que les relations de pouvoir pourront être inversées, et que nous pourrons enfin obtenir cet accord «juste, ambitieux et contraignant», que certaines organisations environnementales fanstamaient à quelques heures même de l'effondrement du sommet. Hier soir, certains ont à nouveau défendu cette thèse rigide: toutes les forces vers Cancun.À ce sujet, je me souviens toujours de la façon dont Albert Einstein définit la folie: toujours recommencer à faire la même chose, en espérant que quelque chose de différent en sorte. Après 15 sommets ratés, alors que les émissions globales (de CO2) augmentent, et toujours plus rapidement, malgré les conventions cadre de l'ONU et malgré Kyoto, bien que le seul effet concret de ce sommet soit l'existence d'un terrain de jeu de plus de 100 milliards de dollars pour le capital financier (le marché des droits d'émission, sur lequel de 80% à 90% de l'ensemble des transactions sont des produits dérivés et où aucun «droit d'émission» significatif n'est vendu), après que les organisations environnementales se sont cassé les dents sur ce processus pendant 15 ans et qu'elles aient, l'année dernière, vendu Copenhague comme la véritable «dernière chance» –encore une fois la même merde? Same procedure as last year ? Same procedure as every year, James... (1)

Heureusement, les choses changent parfois: la discussion d'hier a été tendue et pleine de controverses, celles et ceux qui sont partisans de continuer à se centrer sur l'ONU ont été mis sur la défensive. Tom Kucharz, du groupe espagnol Ecologistas en Acción a proposé –à l'instar de Jürgen Maier, de la Klimaallianz en Allemagne– que l'on se concentre plutôt sur le déplacement des rapports de pouvoir dans les espaces locaux et nationaux. Le réseau international activiste Climate Justice Action (grosse révélation: réseau dans lequel je suis également actif) a expliqué qu'il ne devrait pas y avoir de mobilisation globale vers Cancun –que devrait-on d'ailleurs en attendre? À la place, on parle d'une «journée mondiale d'action pour la justice climatique», une journée d'action directe pour la justice climatique, qui devrait avoir lieu le 12 octobre 2010. L'argument: puisqu'il n'y a aucune preuve des effets positifs sur le changement climatique, encore moins sur la justice climatique, des négociations des Nations unies, nous devons prendre les choses en main dès à présent. L'appel précise: «c'est une journée pour des manifestations ou des pétitions. C'est une journée au cours de laquelle nous devons reprendre le pouvoir» et lutter contre le changement climatique et pour la justice climatique. On verra bien comment l'appel sera perçu…

PS : ce qu'est vraiment la justice climatique, personne ne semble le savoir véritablement. Mais au moins, nombreux sont ceux qui en parlent ici. Plus à ce sujet demain…

Lire les billets précédents

(1) En anglais dans le texte, il s'agit d'une référence à un sketch très populaire en Allemagne : http://fr.wikipedia.org/wiki/Dinner_for_One

Traduit de l'allemand par Nicolas Haeringer dans le cadre du projet www.m-e-dium.net

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