La réforme de l'insertion par l'activité économique doit revitaliser le secteur, soulignent les élus et reponsables socialistes Florence Augier, Sandrine Charnoz, Hélène Geoffroy, Pascale Gérard et Jean-Marc Germain: « C’est ainsi que demain l’insertion par l’activité économique sera au rendez-vous de la bataille de l’emploi, créera des activités durables dans l’économie sociale et solidaire et donnera une deuxième chance à de nombreux demandeurs d’emploi. »
Le gouvernement s’apprête à engager une réforme de l’insertion par l’activité économique (IAE), qui regroupe les ateliers et chantiers d’insertion (ACI), les entreprises d’insertion (EI), les entreprises de travail temporaire d’insertion (ETTI) et les associations intermédiaires (AI). Cette réforme doit répondre à l’ensemble des enjeux, dont celui du financement de l’accompagnement et de l’aide à l’innovation. C’est ainsi que demain l’insertion par l’activité économique sera au rendez-vous de la bataille de l’emploi, créera des activités durables dans l’économie sociale et solidaire et donnera une deuxième chance à de nombreux demandeurs d’emploi.
La droite stigmatise trop facilement les personnes en insertion en laissant planer le doute sur leur réelle volonté de travailler et les entreprises d’insertion, présentées comme « concurrent déloyal » des entreprises privées. Elle a surtout, depuis 2002, délaissé ce secteur, le laissant sans pilotage, et n’a jamais revalorisé l'aide aux postes des entreprises d'insertion, bloquant ainsi leur développement.
Pour notre part, nous reconnaissons l’apport de ces structures et de ces entreprises qui emploient près de 120 000 salariés chaque mois et interviennent dans des territoires délaissés. Ces entrepreneurs impressionnent par leur réussite économique et l’accompagnement social des plus éloignés de l’emploi qu’ils mènent de front. Enfin, insistons sur le développement des services et des produits à prix modéré que ce secteur propose aux plus modestes…
Et pourtant, il est vrai qu’il y a urgence à donner de la lisibilité à l’IAE, au financement complexe et qui peine à afficher ses résultats ! Mieux soutenir ce secteur demain nous permettra de fixer des objectifs à toutes les structures et de les évaluer de façon transparente.
Oui à la simplification des modes de financement, oui également à une amélioration du pilotage et de l’évaluation de l’IAE. Cependant, rappelons les fondamentaux et les objectifs de l’insertion par l’activité économique. L’IAE n’est, en effet, pas une fin en soi. Notre conviction est que nul n’est inemployable et que le rôle de l’IAE est d’apporter aux personnes les plus éloignées de l’emploi, qui rencontrent souvent plusieurs freins, une formation et un accompagnement social adéquats pour qu’à terme elles soient en mesure de retrouver un emploi pérenne.
L’axe principal de la réforme reste pour nous le service rendu à la personne à insérer. L’insertion par l’activité économique ne peut être qu’une passerelle souple et doit bénéficier d’un accompagnement fort. En effet, aucun individu ne dispose du même parcours, de la même histoire, des mêmes freins, du même bagage… Assouplissement et innovation de l’IAE s’imposent comme une nécessité. Certains usagers demandent plus de temps pour intégrer le parcours classique de l’IAE : la ville de Paris permet, par exemple, aux SDF un premier sas de transition avant d’intégrer une entreprise d’insertion au travers du dispositif Premières heures dont les résultats sont au rendez-vous.
La création de groupements au sein desquels l’usager pourra progresser d’une structure vers une autre permet de donner plus temps et de sécuriser ainsi le parcours. Soulignons que de tels groupements existent – Vitamine T dans le Nord, Archer à Romans, la Varappe à Aubagne, ARES en Ile de France… – et pourraient être plus nombreux si les dispositifs s’adaptaient aux parcours des personnes éloignées de l’emploi plutôt que l’inverse.
Mais le plus gros défi de ce secteur reste la qualité de son accompagnement. Trop divers dans son financement, d’un territoire à un autre, selon les partenariats noués ou non localement, l’accompagnement doit être au centre de cette réforme. Il doit être mieux rémunéré car de sa qualité dépendra la sécurisation du parcours. Il doit ensuite s’inscrire dans la durée : un conseiller référent unique doit suivre le demandeur, y compris 6 mois après sa sortie de l’IAE.
La valorisation et la mise en synergie des partenaires territoriaux est également nécessaire afin d’améliorer l’approche globale : développement de réseaux locaux d’accompagnement, fondés sur des partenariats entre SIAE et collectivités, entre SIAE et associations, entre SIAE et entreprises… Ce travail ne peut se faire que grâce à la réflexion et aux échanges d’un comité départemental. La mutualisation ne doit plus être une incantation mais bel et bien une partition que joue l’ensemble des acteurs de l’IAE d’un territoire.
Enfin, nous avons la conviction que l’IAE doit poursuivre son développement dans les secteurs de l’innovation. Au-delà de l’innovation sociale qu’est l’IAE, le choix du développement de nouvelles filières d’activité (économie verte, numérique…) reste la clef de ce secteur. C’est ce qu’a entrepris avec succès le groupe ENVIE, qui a fait le choix, il y a près de 30 ans, du recyclage des déchets électro-ménagers. Qui dit nouveaux secteurs, dit aussi nouveaux entrepreneurs : « entreprendre autrement » doit faire partie du champ des possibles pour une nouvelle génération d’entrepreneurs (jeunes ou en reconversion professionnelle), qui placent la plus-value sociale et territoriale avant le profit à court terme !
Florence Augier, secrétaire nationale du PS à l'économie sociale et solidaire,
Sandrine Charnoz, conseillère de Paris, secrétaire nationale adjointe du PS à l’insertion,
Hélène Geoffroy, députée du Rhône, secrétaire nationale du PS à la lutte contre l'exclusion,
Pascale Gérard, vice-présidente de la région PACA, secrétaire nationale à la formation professionnelle
Jean-Marc Germain, député des Hauts-de-Seine, secrétaire national du PS au travail et à l'emploi.