Autour d'une politique de co-civilisation, Martine Boudet et Florence Saint-Luc, enseignantes, développent des propositions alternatives pour la formation des enseignants, à rebours des réformes néo-libérales.
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La mort en janvier 2010 d'Akim, élève assassiné dans l'enceinte d'un établissement scolaire pourvu peu auparavant de portails détecteurs de métaux, repose en des termes cruels le problème de l'inadaptation croissante du système scolaire aux évolutions et aux crises de la société. Cette inadaptation est renforcée par le dispositif des « réformes » néolibérales, imposées en matière de formation des enseignants et d'éducation ; comme les personnels de l'académie de Créteil, la grande majorité des professionnels et de leurs organismes représentatifs estime en effet qu'une telle politique rend et rendra plus difficile encore l'exercice de leur métier.
Dans ces conditions, quelles propositions alternatives formuler, quels leviers stratégiques pouvons-nous actionner pour (re)mobiliser formateurs, éducateurs comme usagers de l'Ecole sur un autre avenir possible ? Une perspective de cet ordre ne pourra se concrétiser qu'en fonction, entre autres, des deux principes suivants, celui de l'harmonisation des objectifs de formation et d'éducation et le principe complémentaire, qui consiste à associer tout aussi systématiquement les questions programmatiques et institutionnelles.
Ainsi, en contextualisant davantage le cadre de leur exercice et en évitant le piège du corporatisme gestionnaire dans lequel menace de les enfermer le système actuel, les IUFM pourront reconquérir auprès de l'opinion publique le leadership intellectuel et moral qui doit être le leur.
Martine Boudet, professeure agrégée de lettres modernes, docteure en littérature française (Toulouse) et Florence Saint-Luc, professeur des écoles, doctorante en sciences de l'éducation (université de Provence), détaillent ci-dessous leurs propositions.