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Depuis trois ans et demi, on ne compte plus ses menaces, ses intimidations, son mépris, ses insultes, directement ou par seconds couteaux interposés.
Le voici venu à l'outrage, ou plutôt aux outrages.
La sortie soi disant «off» de Lisbonne, d'une rare vulgarité (lire l'article de Michaël Hajdenberg), le met définitivement au ban de la Nation, de son Histoire, de sa Culture, de ses traditions, de sa... politesse.
Oui, la «politesse» de la Nation qui se décline en savoir-vivre, élégance, respect de l'autre. Cette politesse que de par sa fonction «il» est aussi chargé de représenter, tant devant notre peuple que devant les peuples du monde, «il» vient de la piétiner, donnant du même coup de notre pays l'image de la patrie des soudards.
Outrage: grave offense, atteinte à l'honneur, à la dignité de quelqu'un, affront, injure (le Larousse est prolixe).
Ce point de presse dans la capitale portugaise, n'était -au départ- en aucun cas «off» (traduction: non destiné à être rendu public), d'autant que c'est le conseiller diplomatique de l'Elysée, Jean-David Levitte, qui devait s'en acquitter. Chacun sait qu'il n'est pas dans les habitudes de ce haut fonctionnaire (unanimement respecté au quai d'Orsay), de confier à la presse des secrets impubliables, ayant trait aux relations internationales.
Non, ce n'est qu'après la consternante et scandaleuse sortie que l'on sait, que «son» entourage s'est précipité pour mettre en garde nos confrères et leur intimer un silence qui a pour noms intimidation, pression, voire chantage aux graves ennuis professionnels pour ceux qui se mettraient en tête de faire tout simplement leur travail, ce pourquoi ils reçoivent un salaire.
Le «off» existe, certes, mais pas devant un groupe important de représentants de la presse. Un ou deux journalistes peuvent bénéficier d'une confidence propre à éclairer leur appréhension et compréhension d'un évènement. C'est courant, légitime et suppose une relation de confiance entre les interlocuteurs qui en règle générale se connaissent bien.
Mais déclarer «off» ce qui ressemble plus à une conférence de presse qu'à un échange discret en coulisses est tout simplement grotesque. D'autant qu'il n'y avait dans les propos tenus, aucune information stricto sensu concernant la réunion de Lisbonne.
Il y eut en revanche un assaut verbal délictueux de la part d'un chef d'Etat.
Et c'est précisemment cet assaut (qui n'était pas pour son auteur un «dérapage», mais bien l'expression consciente d'une ire compulsive) qui valait information. Quel digne titulaire de la carte de presse pourrait défendre le contraire ?
Ces insultes valaient aussi sévère bronca de la part de celles et ceux qui les ont reçu, ou à tout le moins manifestation générale de solidarité avec le confrère visé. Mais semble-t-il, personne n'a bronché. Pas brillant !
Mais, faut-il le rappeler, les journalistes es-qualité ne sont pas plus ou moins courageux que la moyenne de la population. Il ne faut pas rêver. Peu se récitent tous les matins cette maxime d'Albert Londres: «porter le fer dans la plaie».
Et s'«il» est considérablement affaibli et semble précipité dans une fuite en avant dont on ignore où, comment et quand elle se terminera, «il» fait encore peur et son emprise sur les hiérarchies rédactionnelles (dont dépendent les journalistes présents à Lisbonne) est encore forte.
Ce grave incident le prouve mais n'excuse en rien la «frilosité» de nos confrères dont certains (saluon-les ici) ont tout de même pris le parti, après quelques jours de réflexion, de porter discrètement l'affaire à la connaissance du public, par l'entremise de journaux courageux comme Mediapart et l'Express, rapidement suivis par l'Agence France-Presse.
Reste et restera l'outrage.
Mais c'est le peuple qui maintenant a et aura son mot à dire, plus les journalistes qu'«il» outrage, lorsqu'ils ne sont pas ou plus à sa botte.