Billet de blog 24 septembre 2012

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Le Parti socialiste, l'autre outil du changement

«Le PS comme ses parlementaires commettraient une erreur en se réfugiant dans le silence et en refusant leur rôle de vigie de l’application du programme de la gauche. La reconquête de la « France des oubliés » devrait mobiliser toutes les énergies du PS pour freiner la progression d’un bloc droite-FN. » Par  Gwenegan Bui, Philippe Cordery et Richard Ferrand, députés PS et animateurs d’Engagements socialistes.

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«Le PS comme ses parlementaires commettraient une erreur en se réfugiant dans le silence et en refusant leur rôle de vigie de l’application du programme de la gauche. La reconquête de la « France des oubliés » devrait mobiliser toutes les énergies du PS pour freiner la progression d’un bloc droite-FN. » Par  Gwenegan Bui, Philippe Cordery et Richard Ferrand, députés PS et animateurs d’Engagements socialistes.


Dix ans après le choc du 21 avril 2002, la gauche est confrontée à une responsabilité inédite dans l’exercice du pouvoir. Pour la première fois dans l’histoire politique de notre pays, les socialistes détiennent tous les pouvoirs dans les institutions de la République ; seul le pouvoir européen reste aux mains de la droite. Cette configuration clôt l’expérience du sarkozysme, qui avait poussé la logique césariste de la Ve République à son paroxysme et brutalisé la société par une pratique dénaturée du pouvoir présidentiel. En élisant François Hollande à l’Élysée, les Français ont fait le choix de l’apaisement et de la réconciliation.

Le choix, aussi, de la transformation sociale et de la refondation démocratique. La rénovation du PS menée par Martine Aubry a préparé la victoire de la gauche à l’élection présidentielle n’aurait pas été possible. Porté par les primaires citoyennes, François Hollande a su mener une campagne qui répondait aux aspirations des classes populaires et moyennes face à la crise. Après dix ans d’opposition à la droite, le rôle du PS doit évoluer en prolongeant l’élan de la rénovation et de la victoire du printemps. La refondation du PS doit beaucoup à sa nouvelle orientation politique, enrichie du travail constant avec les syndicats, les ONG, les intellectuels, le monde de l’entreprise, les élus locaux. C’est pourquoi le « Laboratoire des Idées » du PS doit devenir un lieu permanent de concertation avec les forces vives, pour rester ancré dans le mouvement de la société et des idées. Le Projet des socialistes comme les 60 propositions de François Hollande sont nées de cette ébullition permanente au sein d’un parti plus ouvert et plus innovant.

La victoire de la gauche doit s’inscrire dans la durée, dans les esprits. Dans la France des oubliés des territoires ruraux et périurbains, la droite et l’extrême droite gagnent du terrain sur des enjeux qui devraient privilégier l’assise politique de la gauche : la question sociale, la réponse à la crise et au chômage, le développement économique de ces territoires, la lutte contre les déserts médicaux, le désenclavement par les transports et les services publics locaux. La progression de la gauche dans les grandes métropoles ne doit pas occulter celle du FN dans les villes moyennes et les campagnes, qui vivent dans un sentiment d’abandon démocratique. En mars 2011, le Médiateur de la République parlait d’une « société psychiquement fatiguée », en proie à l’angoisse du déclassement et de la misère. La gauche au pouvoir doit répondre à cette crise morale ; elle a l’obligation de ne pas décevoir, de continuer à mobiliser la société. 

Dans cette séquence du début de quinquennat Hollande et du congrès de Toulouse en octobre, le PS prend ses marques. Celles d’un parti utile à un gouvernement de gauche, grâce à son autonomie d’action et d’orientation. La réserve et la prudence ne sauraient aider la gauche à redresser la France. Le devoir du PS consiste à rester un « parti en campagne permanente » pour maintenir la gauche en éveil, garder le lien avec le mouvement social et les territoires, mais aussi entretenir le bouillonnement des idées. La responsabilité du PS est de rappeler la gauche à ses engagements et à sa cohérence. Personne ne comprendrait que les socialistes au pouvoir reculent face aux conservatismes de toutes parts sur le non-cumul des mandats, le droit de vote des étrangers ou encore le mariage pour tous. Le piège pour la gauche serait toutefois de privilégier le « sociétal » sur la résolution de la « question sociale », de faire évoluer les mœurs tout en restant impuissant sur la bataille de l’emploi. Lutter contre les injustices sociales est indissociable des combats émancipateurs dans la société. Face à la crise économique et au chômage, la gauche doit trouver les marges de manœuvre budgétaires au niveau européen, rendues impossibles par l’endettement des États. La taxe sur les transactions financières pourra créer une nouvelle source de financement pour renouer avec la croissance et protéger nos modèles sociaux en France et en Europe. La relance de l’investissement public sera essentielle sur des secteurs stratégiques : les transports pour connecter les régions entre elles, les grands équipements numériques, la reconversion énergétique pour accélérer la transition écologique de nos territoires et développer des gisements d’emplois verts. Sacrifier ces investissements d’avenir sur l’autel de la réduction des déficits serait préjudiciable pour l’emploi et la compétitivité de la France comme de l’Europe, qui se cherche encore une stratégie industrielle.

Le PS comme ses parlementaires commettraient une erreur en se réfugiant dans le silence et en refusant leur rôle de vigie de l’application du programme de la gauche. La reconquête de la « France des oubliés » devrait mobiliser toutes les énergies du PS pour freiner la progression d’un bloc droite-FN. Tout reste encore à faire. Poursuivre la rénovation engagée au PS par Martine Aubry, c’est renforcer l’outil de la transformation sociale. Faire du PS un partenaire loyal et exigeant du gouvernement Ayrault, c’est renforcer l’unité de la gauche dans les luttes sociales. L’exercice du pouvoir selon une idée de la « bonne gestion » ne se suffit pas à lui-même. L’issue dépendra de la capacité des socialistes français et européens à changer la règle du jeu libéral en Europe, à convaincre les citoyens qu’il faut armer l’Europe par de nouvelles compétences fédérales sur le budget, la fiscalité et la protection sociale pour protéger les peuples face aux affres de la crise. Le choix d’une Europe véritablement fédérale et démocratique doit émaner de la volonté des citoyens, par leurs opinions, par leurs luttes et par leurs votes. Réussir le changement, c’est mobiliser la société, en France comme dans toute l’Europe. Et faire gagner la gauche dans les esprits.

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