Billet de blog 25 janvier 2012

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Inventer un ministère de l'urgence sociale

Pour «contrecarrer le délitement social», la gauche au pouvoir devra mettre en place «un ministère transversal» et réunir «tous les intervenants du service public de l'urgence sociale», affirment Mario Gonzalez, avocat et militant PS du XVIIIe arrondissement de Paris, et Frédérique Pigeon, élue parisienne (PS).

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Pour «contrecarrer le délitement social», la gauche au pouvoir devra mettre en place «un ministère transversal» et réunir «tous les intervenants du service public de l'urgence sociale», affirment Mario Gonzalez, avocat et militant PS du XVIIIe arrondissement de Paris, et Frédérique Pigeon, élue parisienne (PS).

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Illustration 1

«Un plan complet de sécurité sociale visant à assurer à tous les citoyens des moyens d'existence, dans tous les cas où ils sont incapables de se les procurer par le travail», tel était pour le Conseil national de la Résistance, avant même la Libération, la garantie d’une paix pérenne et du bien-être de notre société.
Près de soixante-dix ans plus tard, c’est pourtant l’urgence et l’insécurité sociales qui sont criantes. Elles sont même devenues l’ordinaire dans notre pays, installant dans la durée un avenir sans horizon: explosion du nombre de chômeurs, de précaires, d’exclus et de sans-abri; familles en hôtel, travailleurs pauvres en camping à l’année ou dormant dans leur voiture; et, pour pallier un Etat défaillant, hausse des dispositifs de la société civile pour l’aide alimentaire, appel à la charité des citoyens.
En 2012, la gauche doit porter une autre vision, une espérance, proposer et réaliser le projet de refondation du service public de l’urgence sociale.
Une situation insoutenable, un travail de sape inacceptable
Aujourd’hui, un nombre grandissant de nos concitoyens tente au jour le jour de subsister, de rester dans la dignité, de ne pas basculer dans l’exclusion. Et la peur de la précarité menaçante pour soi-même, pour ses enfants, s’est ancrée dans le quotidien des classes populaires, a gagné les classes moyennes.
Bien sûr, la crise économique mondiale amplifie les problématiques, mais c’est le gouvernement Sarkozy qui privilégie la finance sur l’économie réelle, qui dérégule notre économie, les politiques de l’emploi et les relations de travail. Ce gouvernement détricote le tissu social et supprime un à un les «filets de sécurité» de la protection sociale. Il institutionnalise l’exclusion et l’insécurité sociale. C’est notre modèle de société qui cède sous ce travail de sape.
Après la casse des solidarités collectives, la droite au gouvernement accable nos services publics, organise la défausse sur l’individu, renvoie chacun à sa responsabilité personnelle. Elle crée et déploie des catégories d’accusés, les «fautifs», les «faibles», les «assistés», la «racaille», les «mendiants» contre lesquels les maires sont invités à prendre des arrêtés.
Stigmatisant les pauvres, elle nourrit la crainte de la précarité et instrumentalise la situation qu’elle a créée: elle oppose les Français entre eux, cultive la peur qui génère le repli sur soi, entretient comme en 2002 et en 2007 un climat anxiogène propice à sa survie électorale.
Contrecarrer le délitement social, renouer avec une France digne
La gauche doit réaffirmer notre pacte social fondé sur la solidarité, le revivifier avec les moyens humains, financiers, économiques et techniques adéquats.
Une France digne de son histoire doit garantir un socle de dignité. Elle doit assurer les piliers vertueux de notre société que sont le logement, la santé, l'éducation, l'emploi, le social. Elle le peut, c’est une question de choix.
Elle devra mettre en œuvre des propositions de politiques publiques innovantes qui sont connues: encadrement des loyers lors des premières locations et des relocations dans les zones de forte spéculation immobilière; instauration du service public de la petite enfance et d’une Sécurité sociale professionnelle; contre le basculement social, lutte contre le surendettement; pour maintenir et garantir l’équité, l’efficience, la proximité, une politique d’aménagement du territoire avec une politique de la ville consolidée, la défense et le renouvellement de nos services publics dont celui de l’emploi en absolue priorité...
Une juste politique du logement est la condition incontournable pour la socialisation, l’accès au travail, la dignité humaine, la famille, la citoyenneté. Il faut rompre avec la politique actuelle du «logement d’abord» de ce gouvernement, politique qui ignore les réalités de l’urgence. Pour ajuster le nombre de places d’hébergement, poursuivre l’humanisation des centres, étoffer l’offre de logements passerelle et surtout déployer, renforcer la politique progressiste Solidarité et renouvellement urbains (SRU) en matière de logement public social.
Un Grenelle pour refonder le service public de l’urgence sociale
Traiter sans délais la plaie béante de la grande exclusion nécessite une vision politique globale, une action structurée et déterminée. Une France digne de son histoire doit refonder sa capacité à traiter de l'urgence sociale. Le premier acte de cette refondation doit être la création d’un ministère transversal, chargé de piloter un véritable Grenelle avec tous les intervenants de ce trop vaste domaine. Dans quel but? Relancer le travail avec les acteurs sociaux, établir puis suivre l’état des lieux de la précarité et de l’exclusion, définir les priorités dans l’allocation des moyens, créer de nouveaux modes de mise en réseau, de  coordination et de coproduction des orientations. Un Grenelle pour réinstaurer la solidarité dans le débat public et réactiver notre pacte social.
Le 1er février, la fondation Abbé Pierre présentera son 17e rapport sur le mal-logement en présence des principaux candidats à l’élection présidentielle. La gauche se doit d’intégrer ce type de rendez-vous pour débattre et construire. Il y a urgence à renouveler l’action, réformer la loi quand elle est injuste, en créer de nouvelles au service de l’intérêt général, pour l’émancipation de tous les individus, pour faire de 2012-2017 le quinquennat de la dignité et de la fierté sociale. Et faire enfin renouer le XXIe siècle avec le progrès social.

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