Billet de blog 25 novembre 2014

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Manuel Valls aime-t-il l’Université et la recherche?

Alors que le nombre d’étudiants augmente et que « les conditions d’encadrement et d’enseignement se dégradent », le budget de l'enseignement supérieur et de la recherche va encore diminuer en 2015, s'inquiète l'universitaire William Gasparini, qui propose une solution de refinancement : « réaffecter à la recherche publique une part du Crédit impôt recherche qui en l’état actuel est intégralement perçu par les entreprises. »

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Alors que le nombre d’étudiants augmente et que « les conditions d’encadrement et d’enseignement se dégradent », le budget de l'enseignement supérieur et de la recherche va encore diminuer en 2015, s'inquiète l'universitaire William Gasparini, qui propose une solution de refinancement : « réaffecter à la recherche publique une part du Crédit impôt recherche qui en l’état actuel est intégralement perçu par les entreprises. »


Après le « Moi, j’aime l’entreprise » de Manuel Valls au Medef en août 2014, le « Ich mag die Unternehmen » devant les patrons allemands en septembre et le « My goverment is pro-business » en octobre devant des hommes d’affaires et banquiers de la City londonienne, nous attendons avec impatience le « Moi, j’aime l’Université et la Recherche » de notre premier ministre devant les étudiants et les universitaires.

Malheureusement, la politique récente du gouvernement semble prouver le contraire. Ainsi, lors du vote du Projet de loi de finances 2015 à l’Assemblée nationale le 18 novembre, les députés ont adopté une série d’amendements de dernière minute proposés par le gouvernement réduisant de 136 millions d’euros le budget de l’enseignement supérieur et de la recherche. Alors que le nombre d’étudiants augmente, que les conditions d’encadrement et d’enseignement se dégradent et que la recherche scientifique subit des coupes sombres dans ses budgets récurrents, nos moyens diminueront encore en 2015. 

Le Président de la République avait pourtant fait de la jeunesse la priorité du quinquennat. La réponse gouvernementale est une véritable fin de non-recevoir aux demandes des enseignants-chercheurs et chercheurs mobilisés dans le mouvement Sciences en Marche et aux alertes lancées par le SNESUP-FSU qui a établi un nouvel état des lieux des conséquences dramatiques de l’austérité. Il existe pourtant une solution de refinancement de l’enseignement supérieur et de la recherche : réaffecter à la recherche publique une part du Crédit impôt recherche qui en l’état actuel est intégralement perçu par les entreprises.

A l’inverse, le gouvernement a fait le choix de poursuivre les cadeaux fiscaux aux grandes entreprises en dépit de l'absence totale de résultats d'une telle politique sur le front de l'emploi. 

A l’Université de Strasbourg, cette réduction se traduira immanquablement par une dégradation des conditions d’enseignement et d’accueil des étudiants mais également des conditions de travail des personnels de l’université. Ainsi, faute de crédits permettant le recrutement d’enseignants en nombre suffisant, les effectifs de certains groupes de TD atteignent déjà 60 étudiants et les amphis accueillent entre 300 et 500 étudiants. A Strasbourg comme ailleurs en France, les gels de postes d’enseignants partis en retraite deviennent une variable d’ajustement budgétaire au détriment de la mission de service public.

Alors que le budget 2015 de l’Université de Strasbourg a été construit en prévoyant le maintien de la subvention de l’Etat, quelles sont les options que les administrateurs devront explorer pour que notre université puisse fonctionner ?

Trouver des recettes supplémentaires en triplant les frais d’inscription des étudiants, précarisant un nombre croissant d’entre eux? Réduire encore les budgets affectés à l’enseignement et à la recherche et par conséquent dégrader l’offre de formation et sa qualité ? Limiter la capacité d’accueil des étudiants dans toutes les facultés ?

Les enseignants-chercheurs et personnels ne peuvent se résoudre à brader des formations et une recherche qui ont permis à l’Université de Strasbourg de figurer parmi les meilleures universités européennes.

Le premier ministre et les députés doivent reconsidérer ces choix budgétaires qui compromettent nos missions d’enseignement et de recherche auprès de la jeunesse, au service du pays tout entier. 

William Gasparini, professeur des universités, doyen de la Faculté des sciences du sport et directeur adjoint de l’Ecole doctorale « Sciences Humaines et Sociales », membre de l’Institut d’études avancées de l’Université de Strasbourg (USIAS), élu au conseil d’administration de l’Université de Strasbourg, membre du SNESUP-FSU

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