Billet de blog 27 février 2012

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Pour l’Europe: ni Merkozy, ni Mélenchon

Alors que le Mécanisme européen de stabilité est soumis mardi au vote des sénateurs français, «prêter jusqu'à 700 milliards d'euros d'aides aux Etats en difficulté implique nécessairement de mettre en place des conditions dans les pays qui vont bénéficier de cette solidarité», affirment José Bové, Pascal Canfin et Daniel Cohn-Bendit, députés européens Europe-Ecologie Les Verts.

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Alors que le Mécanisme européen de stabilité est soumis mardi au vote des sénateurs français, «prêter jusqu'à 700 milliards d'euros d'aides aux Etats en difficulté implique nécessairement de mettre en place des conditions dans les pays qui vont bénéficier de cette solidarité», affirment José Bové, Pascal Canfin et Daniel Cohn-Bendit, députés européens Europe-Ecologie Les Verts.


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En proposant une réforme des traités européens en décembre dernier, Nicolas Sarkozy et Angela Merkel ont parié sur la division qui ferait éclater la gauche européenne, et consacré l'austérité comme unique solution à la crise qui touche les pays du sud de l'Europe.
Pourtant, l’austérité prônée par le couple Merkozy est un échec partout en Europe. En Grèce, le PIB du pays a diminué de plus de 10% depuis 2008, le chômage explose, et comme les recettes fiscales diminuent avec la récession, la dette publique continue d’augmenter. Cette impasse, dramatique sur le plan humain, nous la dénonçons depuis deux ans. Nous avons été parmi les premiers, au Parlement européen, à proposer un plan B pour la Grèce: une annulation rapide et massive de la dette publique, une diminution drastique des dépenses militaires, une lutte acharnée contre l’évasion fiscale et l’amélioration du système de collecte des impôts, et la fin des privilèges fiscaux de l’église orthodoxe. Devant l’échec absolu du plan A, ce plan B reste plus que jamais d’actualité.
Parce que nous nous battons au quotidien pour que d’autres politiques naissent en Europe, nous en connaissons les conditions. La première est la double alternance, en France en 2012 et en Allemagne en 2013. Une majorité rose-verte des deux côtés du Rhin ouvrira la voie à de nouvelles solutions politiques aujourd’hui rejetées, pour des raisons idéologiques, par le couple Merkozy. C’est le cas par exemple de l’attribution de la licence bancaire au nouveau Mécanisme européen de stabilité, qui permettra un financement direct par la BCE, ou encore de la création d’un fonds de désendettement, qui permettra d’isoler une partie de la dette des Etats dans un véhicule financier spécifique et de négocier avec les créanciers un remboursement de cette dette de crise en plusieurs décennies, de façon à réduire le fardeau actuel.
Mais la deuxième condition pour que ces nouvelles politiques voient vraiment le jour est la confiance réciproque et l’attention portée aux visions de nos différents partenaires. Or, le débat européen en France est, à gauche, mené sous une forme de terrorisme intellectuel incarné aujourd’hui par Jean-Luc Mélenchon. Il considère comme des «traîtres» tout ceux qui ne s’alignent pas sur ses positions et comme une «capitulation» toute recherche d’un compromis avec nos partenaires. Nous refusons catégoriquement cette rhétorique. Car la vérité, c’est que le chemin proposé par Jean-Luc Mélenchon est une pure vue de l’esprit. Il veut notamment permettre à la BCE de financer directement les Etats et être davantage solidaire avec la Grèce. Très bien, nous aussi.

Mais, dans le monde réel, prêter jusqu'à 700 milliards d'euros d'aides aux Etats en difficulté implique nécessairement de mettre en place des conditions dans les pays qui vont bénéficier de cette solidarité. Car jamais, et c’est normal, l’Allemagne, les Pays-Bas, l’Autriche ou la Finlande par exemple n’accepteront d’engager l’argent de leurs contribuables sans exercer un droit de regard sur la façon dont sont menées les politiques en Grèce ou au Portugal. Or Jean-Luc Mélenchon n’accepte aucune conditionnalité, aucun droit de regard sur les budgets nationaux.

Dans le monde réel, aider davantage la Grèce c’est s’opposer à la politique de la Commission et du FMI quand ils veulent baisser de 20 % le salaire minimum. Mais c’est aussi soutenir la Commission et le FMI, chose par nature impossible pour Jean-Luc Mélenchon, quand ils veulent forcer les gouvernements grecs de gauche comme de droite à sortir enfin d’une attitude clientéliste qui accepte voire favorise une évasion fiscale à grande échelle.

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