L’élection présidentielle est le rendez-vous le plus important de participation de l’ensemble des citoyens français à la vie publique, politique, économique et sociale de leur nation, le moment le plus solennel de l’exercice de la souveraineté du peuple français. Cette souveraineté doit être exercée avec force, fierté, dignité, et surtout avec le plus grand souci de responsabilité. Comme le disait Marc Cicéron, le père du droit ayant exercé la fonction suprême de la République Romaine en 63 avant JC, peu avant Jules César : « les hommes politiques doivent être jugés, non selon le droit et la loi, mais selon l’éthique et la morale ». Ce principe de primauté de l’éthique sur la loi pour les hommes et les femmes politiques, en priorité pour ceux ou celles d’entre eux qui aspirent à être le garant de toutes les institutions de la République Française, est mieux respecté dans les pays du nord de l’Europe que dans ceux du sud et notamment en France, où un laxisme coupable vis-à-vis de la corruption de nos personnalités politiques contribue à une dégradation de l’image internationale de la France, reflétée par son classement dans « transparency international ».
C’est pour ce premier motif éthique, de la plus haute importance politique, que nous exhortons les électeurs conscients de leur dignité et de leur responsabilité à sanctionner sans complaisance et sans tricherie avec leur propre conscience républicaine la candidate de l’extrême droite au second tour de la présidentielle, comme ils l’ont fait au premier tour pour le candidat de la droite dure. En effet, accusée par l’Union Européenne d’avoir détourné l’argent des contribuables français et européens à des fins partisanes, la prétendue « candidate anti système » se permet, contrairement à l’ancien Premier Ministre français actuellement député de la Sarthe, de faire usage de ses privilèges de « candidate du système » pour se dérober à une convocation de la police au sujet de cette accusation. De plus, elle n’hésite pas à détourner l’usage de ses privilèges de députée européenne pour menacer publiquement les fonctionnaires de la police et de la justice de son pays accomplissant leur devoir d’état dans l’enquête sur une nouvelle « affaire d’emploi fictifs » s’ajoutant à celle du candidat de la droite dure pour alourdir la réputation de corruption politique éclaboussant toute la France. Aussi, le philosophe Friedrich Nietzsche, « le maître du soupçon » par excellence, l’invite depuis l’outre-tombe à méditer sur son aphorisme suivant : « tu as un idéal en vue. Mais es-tu fait d’une pierre assez noble pour pouvoir en tirer une telle statue divine ? Sinon, tout ton travail n’aboutirait-il pas à une sculpture barbare ? Un blasphème de ton idéal ? » (Le gai savoir, aphorisme 215)
La seconde raison pour laquelle nous appelons l’ensemble des électeurs àfaire barrage à la candidate de l’extrême droite au second tour, c’est d’éviter l’amateurisme, l’incompétence et la dangerosité de son programme économique, social, et européen, inspiré d’une idéologie trompeuse du repli identitaire, xénophobe et raciste, de l’illusion de l’isolationnisme et du protectionnisme face aux défis de la mondialisation, et surtout du passéisme poussiéreux d’une « Europe des Nations ». Cette dernière qui était en fait celle de la rivalité et du choc des prétendues souverainetés économiques et politiques des nations européennes jusqu’au milieu du siècle dernier, et qui a accouché des deux dernières guerres mondiales, qui poussent la candidate à vouloir jouer à « l’apprentie sorcière » avec la France et l’Europe. C’est l’amateurisme, l’incompétence et la dangerosité de ce programme que 50 collègues prix Nobel d’économie ont dénoncés dans leur tribune publiée par Le Monde du 18 avril 2017 qui se termine ainsi : « alors que l’Europe et le monde font face à des épreuves sans précédent, il faut plus de solidarité, pas moins. Les problèmes sont trop sérieux pour être confiés à des politiciens clivants ».
Enfin, la troisième raison et la plus impérieuse pour laquelle nous exhortons les électeurs à voter contre la candidate de l’extrême droite au second tour, c’est pour éviter, comme ont su le faire les électeurs des Pays-Bas en cantonnant l’extrême droite à 13% lors des élections de mars 2017, qu’un score du candidat de l’extrême droite au-dessus de 30% ne nuise gravement et durablement à l’image de la France tant sur la scène européenne que mondiale, et par suite au rayonnement agissant de la France dans l’Europe et dans le monde, conformément à son histoire multiséculaire, à son rang, à ses engagements et à ses responsabilités en Europe aux côtés de l’Allemagne, et dans le monde au sein du G7 et des membres permanents du Conseil de Sécurité de l’ONU. En effet, si la présence de l’extrême droite dans la vie politique et publique française peut légitimement être considérée comme un gage de diversité et de vitalité politique, pouvant servir d’exutoire à l’expression par la voie électorale de la protestation ou de l’adhésion à des thèses trompeuses et démagogiques, nous estimons indispensable et crucial pour la bonne santé politique, économique et sociale de la démocratie française, et pour la croissance du bien-être du peuple français, ne franchisse pas le seuil critique de 30 % au second tour de l’élection présidentielle.
Il y va de l’honneur de la France et de ses valeurs républicaines !!!
Les signataires :
Pascal Adjamagbo, Maître de conférences de mathématiques, Université Paris 6
Vivianne Baladi, Directeur de recherche au CNRS, Université Paris 6
Amine Benyamina, Professeur de médecine, Université Paris Sud
Yves Bréchet, Professeur de science des matériaux, Institut Polytechnique de Grenoble, Membre de l’Académie des Sciences
Stéphane Cordier, Professeur de mathématiques, Université d’Orléans
Pascal Degiovanni, Directeur de recherche en mathématiques au CNRS, Ecole Normale Supérieure de Lyon
François Giuliano, Professeur de médecine, Université de Versailles
Paul Laurin, Maître de conférences de mathématique, Université Paris 6
Frédéric Livet, Directeur de recherche émérite du CNRS, Institut Polytechnique de Grenoble
Emmanuel Martinod, Professeur de médecine, Université Paris 13
Stéphane Ngo Mai, Professeur d’économie, Université Nice Sophia Antipolis
Hervé Nifenecker, Professeur de physique nucléaire émérite, UIAD Grenoble
Michel Perez, Professeur en science des matériaux, Université e Lyon et INSA Lyon
Patrick Pessaux, Professeur de médecine, Université de Strasbourg
Jérôme Salomon, professeur de médecine, Université de Versailles
Auguste Sanvi Avouyi-Dovi, enseignant l’Université Paris-Dauphine
David Smadja, Professeur d’hématologie, Université Descartes Paris 5
Eric Vibert, Professeur de médecine, Université Paris Sud
Frédérique Vidal, Professeur de biologie moléculaire, Université Nice Sophia Antipolis
Yves Ville, Professeur de médecine, Université Descartes Paris 5