Billet de blog 28 septembre 2015

Les invités de Mediapart (avatar)

Les invités de Mediapart

Dans cet espace, retrouvez les tribunes collectives sélectionnées par la rédaction du Club de Mediapart.

Abonné·e de Mediapart

Les nouvelles formes de production ont de l’avenir à Paris

Pour sortir de la crise, Antoinette Guhl, adjointe à la Maire de Paris, Jérôme Gleizes, conseiller de Paris du 20e arrondissement, David Belliard et Joëlle Morel, conseillers de Paris du 11e arrondissement pensent qu'il faut soutenir davantage une « slow industrie », écologique, démocratique et relocalisée.

Les invités de Mediapart (avatar)

Les invités de Mediapart

Dans cet espace, retrouvez les tribunes collectives sélectionnées par la rédaction du Club de Mediapart.

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Pour sortir de la crise, Antoinette Guhl, adjointe à la Maire de Paris, Jérôme Gleizes, conseiller de Paris du 20arrondissement, David Belliard et Joëlle Morel, conseillers de Paris du 11e arrondissement pensent qu'il faut soutenir davantage une « slow industrie », écologique, démocratique et relocalisée.


Le développement des nouvelles technologies transforme radicalement les modalités de production industrielle. Là où hier il fallait de grands centres de production, concentrant mains d’œuvre et capitaux, aujourd’hui, il devient possible de produire des biens de consommation aussi courants que des appareils photos à petite échelle. Les nouvelles technologies, comme les imprimantes 3D, associées à l’accès quasi généralisé à des outils d’échange et de stockage numériques permettent d’imaginer dans les prochaines années une industrie de production à petite échelle, relocalisée au cœur de notre ville. Là où il fallait racheter un bien, la réparation est facilitée et une économie de la coopération se met en place. Là où il fallait acheter un bien, le partage d'usage se généralise, dans les FabLabs par exemple. A l'opposé du modèle libéral de la compétition, le modèle de la coopération montre qu'un mode de production alternatif et plus efficace est possible.

Il fait des savoirs, le cœur de la production. En rapprochant la production des consommateurs, il permet une réelle relocalisation, une adaptation aux usages de chaque territoire, évitant ainsi le gaspillage des productions de masse. Les métabolismes territoriaux c’est-à-dire la manière dont les territoires consomment et transforment énergie et matières, comment ils mobilisent et transforment les ressources de la biosphère sont davantage respectueux des équilibres sociaux et environnementaux.

Malheureusement, encore aujourd’hui ce changement souhaitable et nécessaire se heurte à des résistances. En effet, nombre de politiques - que ce soit au niveau national ou local - n’ont cessé de spécialiser les territoires, là des bureaux, ici des logements, et plus loin encore des centres commerciaux, reliés par des autoroutes, quand ils n’ont pas massivement favorisé l'envoi à l’autre bout du monde d’activités de production. Ces activités dites à faible valeur ajoutée transforment des pays entiers en ateliers aux conditions de travail infamantes. Ce modèle qui a découpé la ville, et restreint l’emploi ici comme ailleurs, c’est celui de la croyance en un monde illimité, fondé sur un productivisme outrancier et la consommation d’énergie et de matières premières qu’on croyait pour toujours bon marché. Force est de constater que ce modèle est en panne. Il ne répond plus aux exigences de développement, aux exigences sociales, ni aux exigences environnementales actuelles. Et il est inefficace sur un plan économique entraînant fausses solutions de la part des décideurs et désarroi des salariés comme des entrepreneurs.

Pour répondre à cette crise, une forme de « slow industrie », écologique, plus démocratique et relocalisée, est en train de se développer. L’économie sociale et solidaire, notamment à travers les SCOP et les SCIC, devient une manière de « faire du commun », de protéger et réparer tout en créant de l’emploi non délocalisable et en répondant aux besoins sociaux. Le déploiement des circuits-courts, de l’économie circulaire, de la consommation responsable répondent également aux nécessités de création d’emplois durables et de protection de l’environnement.

Cette nouvelle révolution industrielle est à soutenir. Certaines entreprises ont d’ores et déjà pris l’initiative d’une réorientation stratégique plus écologique de leur production et/ ou de leur consommation.

Le politique a bien sûr un rôle à jouer. Nous plaidons entre autre pour des pactes économiques et industriels au niveau des régions et des grandes collectivités, qui s’appuient sur leur savoir-faire et leur histoire industrielle afin d’opérer cette réorientation stratégique de la production et de la consommation. Depuis déjà plusieurs années, la Ville de Paris mène d’ailleurs une politique volontariste afin de favoriser la mixité fonctionnelle, économique et sociale de nombreux espaces. C’est notamment les objectifs qui président aux différents dispositifs « Vital Quartier » menés par la SEMAEST, société d’économie mixte dont une des missions est de combattre la mono-activité dans l’Est parisien. C’est aussi ceux des États Généraux de l’économie circulaire du Grand Paris, qui ont associé l’ensemble des acteurs du territoire à la définition de la stratégie de transition écologique de notre économie.

Par ailleurs, la mission d’information et d’évaluation « Fabriquer à Paris pour relever les défis sociaux et environnementaux » permettra de porter plusieurs préconisations telle l’utilisation des réserves foncières appartenant à la Ville de Paris à des fins de maintien et de développement d’activités de fabrication.

C’est donc aussi dans cette optique, que nous nous mobilisons pour sauver l’activité industrielle du 48, rue Ramponneau, dans le 20ème arrondissement, qui héberge aujourd’hui la métallerie Grésillon, et qui risque de se transformer en un lieu sans âme. C’est un symbole de ce Paris industriel auquel nous aspirons. Ce lieu constitue un témoin actif de l’histoire du quartier de Belleville, marqué par les révoltes ouvrières du 19e siècle, la Résistance à l’occupant pendant la 2ème guerre mondiale ou encore l’opposition locale contre la politique de destruction urbaine de la période Chirac/Tiberi/Bariani avec notamment la création des Ateliers d'Artistes de Belleville en 1989. Encore aujourd’hui, la cour est occupée au rez-de-chaussée par des ateliers d'artistes. Cet espace offre un lieu rare où se mêle création, industrie de proximité, et logements. Tout le quartier est attaché - avec raison ! - à cet écosystème fragile mais fécond de richesses matérielle et humaine.

Nous voulons valoriser les savoir-faire du 48 rue Ramponneau, s’appuyer sur son histoire pour en faire un lieu où pourra continuer à perdurer des activités industrielles dans ce nouveau contexte qui progressivement se dessine.

Pour le 48 rue Ramponneau, comme pour le reste de notre Ville, il y a de quoi d’être optimiste ! Parce que Paris possède des savoir-faire reconnus dans le monde entier, qui sont autant d’atouts dans la nouvelle révolution industrielle dont nous ne voyons aujourd’hui que les prémisses.

(1) Antoinette Guhl, Adjointe à la Maire de Paris, en charge de l'économie sociale et solidaire, de l'innovation sociale et de l'économie circulaire, conseillère du 20e arrondissement Jérôme Gleizes, conseiller de Paris du 20earrondissement – Co-Président du groupe des élus écologistes du conseil d’arrondissement

David Belliard, conseiller de Paris du 11e arrondissement - Co-Président du groupe écologiste du Conseil de Paris

Joëlle Morel, conseillère de Paris du 11earrondissement

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.