Billet de blog 30 août 2014

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Le tournant social-libéral, pas question !

Députée socialiste du Nord, Anne-Lise Dufour-Tonini fait partie des 200 signataires de la tribune publiée jeudi 28 août, appelant  au « rassemblement » derrière François Hollande. Pour autant, affirme aujourd'hui la « fille d'un ouvrier d'Usinor », « quand on est héritier des combats ouvriers, on ne renonce pas aux droits des salariés ».

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Députée socialiste du Nord, Anne-Lise Dufour-Tonini fait partie des 200 signataires de la tribune publiée jeudi 28 août, appelant  au « rassemblement » derrière François Hollande. Pour autant, affirme aujourd'hui la « fille d'un ouvrier d'Usinor », « quand on est héritier des combats ouvriers, on ne renonce pas aux droits des salariés ».


Au terme d’une séquence politique particulièrement dense, j'ai souhaité faire part de l’état d’esprit qui est le mien après la nomination d’un nouveau gouvernement.

Je veux tout d’abord adresser mes félicitations personnelles à Patrick Kanner, qui vient de rejoindre l’équipe gouvernementale. Patrick est un ami dont la présence au sein du gouvernement est une chance pour notre département, le Nord, qui était privé depuis le début du quinquennat de représentant au plus haut niveau de l’Etat.

Cette satisfaction personnelle s’accompagne néanmoins d’un profond désarroi concernant la ligne politique, économique notamment, de ce gouvernement. Désarroi que je partage avec nombre d'électeurs, d'élus, de militants, totalement désorientés, qui ont le sentiment d'être dépossédés des victoires de 2012.

Les applaudissements nourris du patronat rassemblé, en conclusion de l’intervention du Premier ministre, résonnent bizarrement pour la fille d’un ouvrier d’Usinor, élue d’un territoire frappé de plein fouet par les ravages de la crise économique et sociale.

Il ne suffit pas de proclamer « aimer l’entreprise » pour apporter des réponses politiques à la crise économique.

Députée depuis 2012, j’ai voté les différents dispositifs d’allègements fiscaux aux entreprises, comme le CICE, non sans avoir plaidé pour davantage de contreparties en terme d’emploi.

Pour quels résultats ?

Le chômage ne cesse d’augmenter pendant que l’on constate une envolée historique des dividendes, alors que les entreprises françaises ont bénéficié de la première tranche du CICE, pour un montant total de 7 milliards d’euros.

La condamnation brutale de toute « autre politique » est particulièrement malvenue au moment où ce dispositif, financé en partie par la hausse de la TVA sur les ménages, censé inciter les entreprises à relancer leurs investissements et à embaucher, semble davantage servir à gratifier les actionnaires.

Je ne peux pas non plus passer sous silence les premières déclarations du nouveau ministre de l’économie et de l’industrie, qui vient de remettre en cause les 35 heures, le smic, tout en s’interrogeant, sans doute pour faire bonne mesure, sur le poids coupable des « droits acquis par les travailleurs » sur notre économie, osant les qualifier de handicap.

Ces propos sont à l’exact opposé de ma matrice intellectuelle, ainsi que du fondement de mon engagement politique depuis plus de 25 ans. Quand on est héritier des combats ouvriers, on ne renonce pas aux droits des salariés. ll est hors de question pour moi d’accepter un « tournant social-libéral », qui n'est pas ce pour quoi j'ai fait campagne et ai été élue. Pas plus que je n'accepte la logique qui vise à enterrer les grandes lois sociales sous couvert de modernité. La gauche est belle et forte quand elle est fidèle à ses combats, pas lorsqu'elle renonce, lorsqu'elle tourne le dos à son message historique.

Comme militante et députée socialiste, je souhaite plus que jamais la réussite du quinquennat de François Hollande. Cette réussite ne passera pas par le reniement des engagements pris devant les Français en 2012.

Je compte prendre toutes mes responsabilités politiques dans les semaines à venir, dans les débats parlementaires comme dans les rendez-vous internes à mon parti, en souhaitant de tout cœur un positionnement politique fort de Martine Aubry, dont la parole manque aujourd’hui plus que jamais à la gauche et à la France.

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