Un texte d'Alexandre Romanès, luthiste baroque, poète et directeur du cirque tzigane Romanès.
«Je préfère les roses à la patrie...
Et les magnolias, mieux je les aime que gloire et vertu»
Fernando Pessoa
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«Je préfère les roses à la patrie...
Et les magnolias, mieux je les aime que gloire et vertu»
Fernando Pessoa
On veut nous faire croire que les tribus gitanes et tziganes vont mal parce qu'on revivrait ce qui s'est passé dans les années 30 : c'est faux, car, au bout du chemin il n'y a ni les camps d'internement ni l'extermination mais il y a un lien très fort avec l'affaire Dreyfus.
Je ne sais pas grand-chose sur cette affaire mais je crois savoir que si le malheureux capitaine Dreyfus n'était pas juif, il n'y avait pas d'affaire Dreyfus.
Une communauté a été ciblée, et aujourd'hui aussi.
Si, dans les campements de fortune occupés par les Tziganes, on met des Hollandais, des Anglais, des Allemands, des Suisses, il n'y a ni stigmatisation, ni expulsion.
On veut nous mettre entre quatre murs : on appelle ça aujourd'hui pudiquement «les aires de stationnement» ; on parle beaucoup de mixité sociale dans les aires de stationnement : elle est où cette mixité sociale ?
Nous ne sommes pas complètement intégrés, c'est vrai, mais la partie en nous qui ne l'est pas n'est pas un danger pour la République.
Nous ne cherchons pas la réussite sociale, nous ne faisons pas de sport, et on ne le regarde pas ; nous ne voulons être ni employés ni patrons. Nous voulons rester dans le nomadisme car dans l'univers tout bouge. Nous voulons de l'espace. Nous sommes des nomades et nous voulons le rester.
J'avais écrit – et je ne pensais pas aux tribus gitanes mais à la société toute entière – dans mon premier livre, Un peuple de promeneurs, paru il y a une douzaine d'années : « tout est fait pour qu'on se dévore les uns les autres et on le fait très bien ».
Il est temps de faire autrement.
PS : voyez le film de Coline Serreau «Solutions locales pour un désordre global» et lisez le livre de Pierre Rahbi «Vers la sobriété heureuse».