Shiva Nazarahari, journaliste et militante de la campagne contre la discrimination légale contre les femmes en Iran, est menacée d'exécution en Iran.
Arrêtée pour la première fois en 2004, elle est accusée d'être en «guerre contre Dieu». Daniel Salvatore Schiffer, philosophe et écrivain, promoteur de la « lettre ouverte aux autorités iraniennes » en défense de Sakineh, interpelle de nouveau Téhéran.

Sakineh, devenue désormais une icône planétaire en même temps qu'un symbole médiatique de la défense des droits de la femme, avec l'actuelle mobilisation internationale autour de son nom, semble avoir échappé, du moins provisoirement, à l'horrible sort - la mort par lapidation - que lui avaient promis les autorités politico-religieuses de la République islamique d'Iran.
Ce n'est toutefois pas seulement la suspension de son exécution, châtiment aussi inique que barbare, que nous demandons, mes amis intellectuels et moi, dans la lettre ouverte que nous avons adressée tout récemment, à travers les principaux journaux et médias d'Europe, aux autorités iraniennes, mais bien son abolition pure et simple.
Puisse les ayatollahs et autres mollahs d'Iran, sans oublier le président Ahmadinejad, entendre donc notre appel en faveur de Sakineh !
Davantage : par-delà son tragique cas personnel, ce sont toutes les autres femmes de ce pays, musulmanes ou laïques, dont la vie est menacée, la dignité bafouée et la liberté niée, que nous y défendons avec une même détermination et vigueur.
Parmi celles-ci, à sauver non moins dramatiquement du couloir d'une tout aussi abominable mort, Shiva Nazarahari, journaliste âgée de 26 ans et militante des droits humains, accusée ni plus ni moins, par ces mêmes autorités iraniennes, de « conspiration contre Dieu » (moharebeh selon les termes de la charia, la loi islamique), pour avoir simplement osé s'opposer, dans ses articles, au régime en place ainsi qu'aux crimes perpétrés, en toute impunité, par les fous d'Allah.
C'est dans une cellule de la prison d'Evin, à Téhéran, que Shiva croupit désormais elle aussi, depuis décembre dernier, en attendant la prochaine audience de son procès, prévue pour ce 4 septembre 2010. Et, avec elle, dispersées un peu partout dans les autres infectes geôles d'Iran, une vingtaine d'autres femmes attendant, dans l'anonymat le plus complet et le silence le plus angoissant, un identique et atroce sort !
Dans ces prisons, comme le dénoncent plusieurs ONG, dont la Fédération Internationale des Ligues des Droits de l'Homme (FIDH), l'usage de la torture, physique et psychologique, est quasi quotidien.
C'est ainsi que, pour ne pas laisser Shiva, et avec elles tant d'autres hommes et femmes, sombrer dans l'oubli, nous nous associons, de toutes nos forces, à l'appel lancé par le prix Nobel de la paix, Shirin Ebadi, en faveur de tous les prisonniers politiques et d'opinion en Iran.
Car que le Gouvernement iranien le sache, à présent, une bonne foi pour toutes : vigilants jusqu'au bout, nos consciences attentives au respect de la liberté de parole comme à l'égalité entre les personnes ne le lâcherons plus, désormais, sur l'imprescriptible question des droits de l'homme et de la femme. Certes savons-nous ce combat long et difficile, éprouvant et périlleux même parfois, y compris pour nos propres vies. Mais nous savons, surtout, cette cause éminemment juste. Une révolution, pour le progrès de l'humanité en cette partie du monde, est en marche. Et elle ne s'arrêtera plus.
Pour Sakineh, Shiva et tous les autres êtres humains privés de leur liberté, en Iran comme ailleurs, en attendant, victimes de la terreur tout autant que de la répression, une mise à mort des plus intolérables et barbares au XXIe siècle !
DANIEL SALVATORE SCHIFFER*
*Philosophe et écrivain, promoteur de la « lettre ouverte aux autorités iraniennes » en défense de Sakineh, publiée dans les principaux journaux d'Europe et signée par quelques-uns des plus grands intellectuels français (Marc Bressant, Luc Ferry, Viviane Forrester, Max Gallo, Marek Halter, Alexandre Jardin, Julia Kristeva, Edgar Morin, Gilles Perrault, Michelle Perrot, Nicolas Rey, Elisabeth Roudinesco, Michel Serres, Gilbert Sinoué, Alain Touraine, Michel Wieviorka), auxquels se sont joints Madame Fadila Laanan, Ministre de la Culture, de l'Audiovisuel, de la Santé et de l'Egalité des Chances au Gouvernement de la Communauté Française de Belgique, Monsieur Freddy Thielemans, Maire de Bruxelles, capitale de l'Europe, et Roberto Saviano, l'un des plus grands écrivains italiens d'aujourd'hui.