Billet de blog 25 février 2012

Christine Marcandier (avatar)

Christine Marcandier

Littérature

Journaliste à Mediapart

Le fil des poches, hiver 2012

Livres aimés en grand format, ils reviennent en format de poche. Passage en revue et choix. Il sera question de parodie de justice, de retour du la guerre du Vietnam, d'animaux (faut-il les manger?), de Parisiens (bien croqués), de ponts, de nuages, de nos 20 ans. La vie des livres.

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Christine Marcandier

Littérature

Journaliste à Mediapart

Illustration 1

Livres aimés en grand format, ils reviennent en format de poche. Passage en revue et choix. Il sera question de parodie de justice, de retour du la guerre du Vietnam, d'animaux (faut-il les manger?), de Parisiens (bien croqués), de ponts, de nuages, de nos 20 ans. La vie des livres.

Illustration 2

Triple actualité française pour Jonathan Safran Foer : l'adaptation au cinéma (en salles fin février) d'Extrêmement fort et incroyablement près, la sortie de ce roman en Points2, et la parution en poche de son brûlot, Faut-il manger les animaux ? Dans cet essai, l'écrivain mêle fiction et discours, souvenirs d'enfance et arguments philosophiques. L'enquête de Jonathan Safran Foer est tout sauf objective, souvent terrible et extrêmement convaincante. «Il faut chercher un moyen de mettre la viande au centre du débat public, de la même façon qu’elle se retrouve bien souvent au centre de nos assiettes». Lire l'article.

Faut-il manger les animaux ? Jonathan Safran Foer, traduit de l’anglais (États-Unis) par Gilles Berton et Raymond Clarinard, Points, 408 p., 7 € 70.

Lire les premières pages en pdf

Extrêmement fort et incroyablement près, Traduit de l’anglais (États-Unis) par Jacqueline Huet et Jean-Pierre Carasso, Points2, 792 p., 12 € ou en Points, 512 p., 8 €

Illustration 3

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Illustration 4

Lors d'un barbecue entre amis, un adulte gifle un enfant qui n'est pas le sien. Un acte banal qui va pourtant créer une onde de choc, cristalliser les tensions d'un groupe d'amis et d'une famille et révèler le pire, derrière les belles apparences. «Le monde lui tomba soudain sur les épaules. Tout changeait». La gifle a tout bouleversé, les équilibres changent, certains personnages se reconstruisent, d’autres se perdent. Le roman est à l’image de l’avenir tel que Richie se le représente : «loin d’être un chemin tout tracé», il «se présentait comme un ensemble de ramifications, doté de nombreuses passerelles», que le lecteur suit avec passion, jusqu’à la gifle finale que lui assène avec maestria Christos Tsiolkas. Lire l'article.

La Gifle, Christos Tsiolkas, traduit de l’anglais (Australie) par Jean-Luc Piningre, 10/18, sortie le 1er mars.

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Illustration 5

On pense aux frères Coen, aux écrivains du Mississippi, à Larry Brown, à ces auteurs américains seuls aptes à rendre, conjointement, nature et aventure, immobilité et bouleversements (historiques comme intimes), à faire bouger les lignes des grands espaces. Mais Lionel Salaün est un écrivain français et Le retour de Jim Lamar est son premier roman. Jim Lamar, revenant à Stanford après treize ans d’absence. Revenant parce que trois types d’hommes sont de retour du Vietnam, « les vivants, les morts et les morts vivants ! Et quelque chose me dit que Jim Lamar fait partie de la troisième catégorie… », avec, en lui, « vivante, tellement vivante, la douleur de vous avoir survécu ». Revenu, donc, Jim est mis au ban de toute la communauté, ou presque. Billy Brentwood, dit Bill, 13 ans, le temps d’un été, se rapproche de Jim, ils s’apprivoisent mutuellement, et l’adolescent va apprendre de l’homme qui semble revenu de tout. Lire la suite (Bookclub).

Le Retour de Jim Lamar, Lionel Salaün, Editions Liana Levi, "Piccolo" n° 82, 240 p., 9 € 30.

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Illustration 6

Le livre phénomène de l'année 2011. Nous sommes à la fin de l'été 1992, en Estonie. L'Union soviétique s'effondre et la population fête le départ des Russes. Sauf la vieille Aliide, qui redoute les pillages et vit terrée dans sa ferme. Mais elle trouve Zara dans son jardin, une jeune femme en fuite. Lire l'article

Purge, Sofi Oksanen, traduit du finnois par Sébastien Cagnoli, Le Livre de poche, 7€60

Lire le premier chapitre de Purge (pdf)

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Illustration 7

« Le Parisien a une physiologie bien à lui », « seuls les Parisiens peuvent critiquer les Parisiens. Seuls les Parisiens comprennent » : croquer les traits saillants d’un type, en de courts textes satiriques et mordants, justes et drôles. Saisir les modes et codes d’une époque, dans une visée à la fois littéraire et sociologique. Ici c’est le Parisien qui se décline, en tant qu’écotype, dans ses lieux de prédilection (les restaurants japonais de la rue Sainte-Anne, la grand messe sociale de Roland Garros, Berthillon), ses activités (conduire, se garer, manger, s’habiller), son langage (le « putain » parisien à ne surtout pas confondre avec le marseillais, le « cool » et le « facho », le « fun », le « sympa »). Une véritable comédie sociale et humaine. Lire l'article

Dessine-moi un Parisien, Olivier Magny, 10/18, 12€90

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«Je suis un personnage dans une histoire à propos d’une illusion à laquelle chacun veut croire.
Je suis en prison, et je vais passer devant le juge.
Je suis complètement baisé».

Illustration 8

Jeff, 36 ans, chauffeur de taxi à Dallas, mène une vie sans histoire. Jusqu’à «ce mardi-là», «juste après six heures». Une femme monte dans son taxi à l’aéroport. Il la dépose chez elle à Westboro. Elle n’a pas de cash, le fait entrer dans sa maison. Jeff l’attend. Une histoire banale. Mais la fillette de cette femme est enlevée. Jeff accusé. Garde à vue. Menottes. Coups. «Tu n’es pas innocent jusqu’à ce qu’il soit prouvé que tu es coupable, ça marche dans l’autre sens. Il faut prouver que tu es innocent». Tout s’enchaîne, garde à vue, enquête bâclée, policiers convaincus de la culpabilité du suspect, avocat commis d’office plus intéressé par les pâtisseries que par le dossier de son client, la presse qui s’emballe et se passionne pour l’affaire, la monte en épingle, attente du procès dans le couloir de la mort. Descente aux enfers. Piège. Iain Levison signe avec Arrêtez-moi là ! un roman coup de poing, violent, âpre, inoubliable. Il s’inspire d’un fait divers, l’affaire Richard Ricci (auquel le livre est dédié), à Salt Lake City. L'écrivain transpose l’histoire réelle pour démonter la spirale du système judiciaire américain. Il dénonce les méthodes policières, la justice à deux vitesses (les avocats commis d’office et les grands cabinets qui s’enflamment pour les affaires qui peuvent leur rapporter un maximum d’argent), les medias qui alimentent la paranoïa de la population, son voyeurisme, ses jugements à l’emporte-pièce. Le spectaculaire et la pérennité du système pour seules règles. Au centre de ce cirque – « C’est un spectacle », « Rien qu’un spectacle », « tu n’es qu’un cheval de cirque » – un pion, Jeff Sutton. Lire l'article (Bookclub)

Arrêtez-moi là, Iain Levison, Editions Liana Levi, "Piccolo" n° 87, 256 p., 9 € 20 (parution le 1er mars)

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Illustration 9

Mais aussi, chez Folio :

Maylis de Kerangal, Naissance d'un pont, 336 p., 6€95

Philippe Forrest, Le Siècle des nuages, 608 p., 7€50

Alain Mabanckou, Demain j'aurai vingt ans, 6€46 (sortie le 31 mars)

Illustration 10

Au Livre de Poche :

Virginie Despentes, Apocalypse Baby, 7€10

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