Billet de blog 28 juillet 2009

Christine Marcandier (avatar)

Christine Marcandier

Littérature

Journaliste à Mediapart

Les Ours n’ont pas de problèmes de parking

Neuf nouvelles, entre mélancolie, absurde et sursauts fantaisistes. Un surréalisme propre aux Belges, ce génie du décalage qui pour être hilarant n’en perd aucunement son humanité. Une noirceur ironique. Nicolas Ancion excelle dans un art du conte quotidien, cruel et drolatique.

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Christine Marcandier

Littérature

Journaliste à Mediapart

Neuf nouvelles, entre mélancolie, absurde et sursauts fantaisistes. Un surréalisme propre aux Belges, ce génie du décalage qui pour être hilarant n’en perd aucunement son humanité. Une noirceur ironique. Nicolas Ancion excelle dans un art du conte quotidien, cruel et drolatique.

Illustration 1

La première nouvelle (Le grand méchant Marc) donne le ton. L’homme est un loup pour l’homme. « On ne choisit pas son nom, on le trouve dans les papiers de son père, qui lui-même le tient du sien et ainsi de suite. Moi, j’aimais bien mon nom et mon prénom. Je m’appelais comme ça depuis toujours. Je ne pouvais pas deviner ».

Pas de bol. Marc Dutroux, l’homonymie est difficile à assumer, pire elle entraîne une cascade de catastrophes. Les papillons ne sont pas des fées… Marc est renvoyé de l’école où il enseigne, il est ostracisé dans son village, sa femme le quitte, emportant les filles avec elle, Marc commence à boire... finit par avouer : « il y a des jours où j’aurais rêvé de m’appeler Adolf Hitler » puis par trouver une « porte de sortie », fort paradoxale.

Cette nouvelle liminaire donne le ton. Du burlesque poétique, du quotidien haut en couleurs et situations si improbables qu’elles en deviennent réalistes (à moins que ce ne soit l’inverse).

Illustration 2

Ugur, « tête de Turc », dans tous les sens du terme, est trop gros pour jouer au foot, sa passion. Alors il s’occupe en cachette de son album Panini. Mais on le lui vole, métaphore enfantine de l’exclusion, du racisme. L’autocollant Panini en vignette, comme symbole de ce mélange de cynisme et de cocasserie, terriblement vrai. Certes, pour reprendre le titre d’un autre livre de Nicolas Ancion, Nous sommes tous des Playmobiles, la vie nous joue parfois de drôles de tours. Vie que Nicolas Ancion croque, au sens le plus pictural du terme, en des nouvelles piquantes, mordantes, déroutantes. Il y a l’homme qui cherche un prêtre pour un mourant, des meurtres de peluches, un hold-up au pressing, le chat Smilodon en butte à la terrible vengeance d’une ourse en peluche, un Père Noël qui rêve d’enfants différents… Certains personnages se retrouvent de nouvelles en nouvelles : Ugur, Tom le chien brun...

Nicolas Ancion s’amuse à détourner les genres, à manipuler leurs ressorts. Un recueil de nouvelles qui est comme un cocktail, un mélange, un hymne à l’imaginaire du réel, à la réinvention du monde.

Nicolas Ancion, Les Ours n’ont pas de problèmes de parking, Pocket, « Nouvelles voix », 128 p., 4 € 60.Il est à noter que l’édition de poche a été revue et augmentée par l’auteur avec une nouvelle inédite.

Illustration 3

Prolonger et Télécharger Pas de vacances pour le chien brun, l'une des nouvelles du recueil.

Le site internet de l’auteur : Post-it littéraire, un fatras de notes périssables de Nicolas Ancion

Et à venir, la parution, le 27 août de L'homme qui valait 35 milliards, roman, chez Luc Pire - Grand Miroir.

Illustration 4