Billet de blog 1 décembre 2014

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RC 22.La Ferme biologique du Bec Hellouin

La Ferme biologique du Bec Hellouin est « une ferme expérimentale où nous mettons en pratique un ensemble de solutions inspirées du fonctionnement des écosystèmes naturels, qui permettent de produire en abondance des fruits et légumes sains : culture sur buttes, agroforesterie, cultures associées, traction animale, BRF (Bois Raméal Fragmenté), EM (micro-organismes efficaces), Terra Preta...

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La Ferme biologique du Bec Hellouin est « une ferme expérimentale où nous mettons en pratique un ensemble de solutions inspirées du fonctionnement des écosystèmes naturels, qui permettent de produire en abondance des fruits et légumes sains : culture sur buttes, agroforesterie, cultures associées, traction animale, BRF (Bois Raméal Fragmenté), EM (micro-organismes efficaces), Terra Preta... La production maraîchère de la ferme est plusieurs fois supérieure à la moyenne nationale par unité de surface, pratiquement sans recours aux énergies fossiles….800 végétaux différents environ sont cultivés sur la ferme. Les deux îles-jardin, le jardin mandala, les mares, la forêt-nourricière, les vergers forment un agro-écosystème hautement productif et durable. (…)

Lorsque nous avons découvert la permaculture fin 2008 nous nous sommes engagés à fond dans cette voie, avec d’immenses satisfactions. Le jardin mandala, les îles-jardin et la food forest ont été réalisés dès le premier hiver ! N’est-ce pas une chance incroyable, après avoir passé tant d’années à l’école des peuples premiers, que de pouvoir utiliser, dans nos pratiques de paysans du XXI° siècle, des techniques qu’ils ont inventé depuis la nuit des temps, comme la forêt-jardin et la culture sur buttes ? Des solutions simples et naturelles qui peuvent changer en profondeur l’usage que nous faisons de la planète ? (…)

Nous avions le désir d’explorer une agriculture capable de nourrir l’humanité sans détruire la planète. Ayant survécu à grand peine au parcours du combattant qu’a représenté l’installation comme paysans bio, nous voulions imaginer et proposer les formations que nous aurions rêvé de trouver en nous lançant… Faciliter le grand saut pour d’autres, favoriser l’émergence d’un nouveau type de fermes vraiment vertueuses d’un point de vue environnemental et sociétal. Les fermes et les paysans de demain ?

C’est une aventure d’équipe facilitée par les nouvelles technologies de communication. Nous avons eu l’immense bonheur d’accueillir dans notre ferme quelques uns des grands pionniers qui nous ont inspiré de leurs écrits : Philippe Desbrosses, Pierre Rabhi, Claude Aubert, Marc Dufumier… Toutes les personnalités sollicitées pour intervenir dans nos formations ont accepté, suscitant des journées d’enseignements et de partages passionnantes ! (…)

. Tout ou presque reste à explorer. Mais nous sentons une attente de nos visiteurs, notamment de ceux venant des pays du Sud – ONG du Congo, paysanne bolivienne, permaculteurs cubains, ministre du Brésil s’occupant des Sans Terre… C’est souvent intimidant et disproportionné par rapport à notre mince parcours et notre absence de moyens, mais en réalité il ne s’agit pas d’inventer de nouvelles techniques – il n’y a probablement pas de vraies nouveautés en agriculture. Il s’agit plutôt de synthétiser, croiser des approches et des pratiques positives. (…)

Allier créativité et rigueur scientifique est peut être le secret ? Au Japon, Perrine a rencontré un mouvement d’agriculture naturelle, Shumeï, qui suggère que l’agriculture pourrait redevenir davantage qu’une somme de techniques : un art, faisant appel à la créativité humaine et prenant en compte toutes ses dimensions.

L’agriculture occidentale « n’a eu de cesse de transformer en espaces ouverts les forêts rencontrées dans son essor, causant parfois, dès la préhistoire, des désastres écologiques (elle a contribué à la désertification du Sahel notamment, et chez nous des plateaux calcaires du Languedoc). L’étape d’après la steppe, en effet, c’est le désert, et ce n’est pas un hasard que l’agriculture mécanisée moderne ait détruit en quelques décennies 30 % des terres arables de la planète. En France, les plateaux céréaliers au sol autrefois riches deviennent, sous l’impact de la mécanisation et des engrais de synthèse, des steppes puis des déserts vidés de leur matière organique. L’œil cherche en vain, dans ces tristes monocultures, un arbre, un oiseau. (…)

La vision de la permaculture, à l’inverse, propose de remettre les arbres au cœur du système. (…)

Le changement de nos modes de production alimentaire pourrait contribuer à la nécessaire mutation de notre civilisation, la faisant passer d’une société énergivore et mondialisée, prédatrice et conquérante, fondée sur l’accumulation des richesses de la planète entre les mains d’une minorité, à une société solidaire, sobre, économe en énergie comme en ressources, mais assurant durablement à chacun les biens essentiels. Une économie fondée sur le sol est réelle et solide, à l’inverse de l’économie boursière actuelle, purement virtuelle. (…)

Merci aux fondateurs de la ferme du Bec Helluoin d'avoir rédigé sur leur site le récit de leur aventure, et les enseignements qu'ils en tirent. Lire leurs textes intégralement sur :  http://www.fermedubec.com/  .                                              Michel-Lyon.

Le 30 août 2016, l'Edition Médiapart "Vert-tige" publie un billzt sur la ferme expérimentale Bec-Héllouin à lire :

https://blogs.mediapart.fr/edition/vert-tige/article/300816/ferme-de-bec-hellouin-retour-sur-experience-une-etude-sur-4-ans-de-linra

 "La luxuriante Ferme de Bec Hellouin, dans l’Eure, apparaît comme un modèle français de permaculture. Pour la première fois, une étude scientifique se penche sur sa viabilité économique. Etude conduite lar l'INRA. (...)

(...)La démarche de la Ferme du Bec Hellouin se base sur une combinaison de principes cohérents issus de la permaculture (3) et du micromaraîchage biologique intensif  :

  • Pas de produits phytosanitaires, pas d’engrais de synthèse, mais du compost (pour entretenir la fertilité du sol) et du paillage (pour entre autres retenir l’eau).
  • Pas ou peu de mécanisation.
  • Plusieurs types de buttes et plates-bandes cultivables toute l’année.
  • Grande diversité de production.
  • Associations d’espèces pour explorer la verticalité, cultures relais (une culture démarre avant la fin de la précédente).
  • Agroforesterie (vergers maraîchers).
  • Optimisation de la circulation dans la ferme pour gagner du temps de travail : par exemple, la réorganisation du « jardin Mandala » d’une forme de spirale à une forme en rayons a eu un effet spectaculaire !
  • Commercialisation en circuits courts : paniers hebdomadaires, vente à des magasins bio, à des restaurateurs.

(...) Les résultats de l’étude menée à la Ferme du Bec Hellouin vont alimenter des modèles de fonctionnement de microfermes, élargissant ainsi le champ de réflexion. Une thèse conduite à l'UMR SADAPT est dores et déjà engagée dans cette perspective. Ce modèle économique apparait réaliste pour les porteurs de projets sans assise foncière et à faible capacité d’investissement. Ce type de structure se développe à grande vitesse et la demande de références est énorme.

La demande est forte aussi dans les villes. Jardins urbains partagés, végétalisation des villes, la demande d’expertise de projets explose.  « Peut-être verrons-nous éclore une microferme au cœur d’une cité HLM, comme dans le projet de Tours sur lequel je travaille actuellement » conclut François Léger."

Article passionant et instructif, à lir intégralement. Michel-Lyon.

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